Live

Chronique

Á peine s’est-il distingué de l’approche stricte qu’avait son père Ali Farka Touré de la world music en général, et de l’art malien en particulier, et s’est-il frotté, dans la production Ufos Over Bamako, aux joies de l’electro, que Vieux a connu la reconnaissance internationale (et massive, pour le moins), en participant au concert inaugural de la Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud (qui ne s’est donc pas résumée au seul bus de la honte de l’équipe de France), devant…plus d’un milliard de téléspectateurs ! Mais pas perdreau de l’année pour autant, le musicien, guitariste et chanteur avait quelques arguments à faire valoir, en particulier un album (Fondo, 2009) en synthèse gouleyante entre world et rock.



Live offre au plus près l’écho de cet engouement mondial, qui a suivi cette période d’extase, par une habile compilation de différentes prestations captées en Australie, au Colorado, ou en Californie. Á la tête d’une brigade à effectif restreint (deux percussionnistes, deux guitares, une basse, et si cela rappelle le line-up d’un groupe de rock, on n’est pas fondamentalement dans l’erreur), Touré envoie le son avec une énergie farouche, et une persistance dans la trépidation qui frôle l’hypnose. Qu’il assume seul la fonction de soliste (d’une technique à toute épreuve, c’est une chose entendue, mais surtout volubile sans verbiage), ou qu’il invite sur scène le slide guitariste Jeff Lang (maître de son instrument au royaume des kangourous), l’Africain offre au blues un voyage dynamique, du désert saharien aux berges du Mississippi, en passant par les clubs enfumés et électriques de Chicago. Á plusieurs reprises (« Diaraby Magny »), on peut même voir planer l’ombre de Jimi Hendrix dans ces attaques de manche iconoclastes, mais sensuelles. Les neuf pièces, savoureux best of public des précédentes sessions du guitariste (agrémenté de l’inédit « Maiga », emprunté au répertoire traditionnel), explosent comme autant de fruits mûrs gorgés de soleil.



Batteur de formation, ancien élève du géant de la kora Toumani Diabaté, Vieux Farka Touré s’impose ici, et jusque dans l’iconographie du livret, comme un combattant émérite de la nouvelle musique africaine, apte à faire tourner têtes et cœurs (et tressauter les pieds) grâce à une simple guitare. Live n’est pas simplement un excellent disque, mais le formidable lever de rideau d’une carrière qu’on présuppose épatante.





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