Henryk Górecki: Symphony No. 4, Op. 85 (Tansman Episodes)

Chronique

Le succès tardif de la Troisième Symphonie de Górecki – composée en 1976, elle ne sortit de l’ombre qu’en 1990, mais quelle sortie en fanfare ! – ferait oublier que le compositeur en avait écrit deux autres auparavant, rarement jouées, puis une quatrième qu’il garda longtemps sous le coude. Un peu trop longtemps, à la vérité, puisqu’il mourut en 2010 avant de l’avoir achevée. Mais la partition qu’il légua à son fils Mikolaj était suffisamment avancée : le discours tout entier était déroulé, avec moult indications d’orchestration, de sorte qu’il fut loisible audit fils d’achever le travail de son père. La symphonie fut créée en avril 2014 à Londres avec le London Philharmonic sous la direction d’Andrey Boreyko, et c’est rien moins que l’enregistrement de cette création mondiale que voici. Górecki conçoit ici un ouvrage dans lequel la violence la plus intense (chacun des quatre mouvements comporte des passages marqués « marcatissimo ben tenuto ») alterne avec des moments de douceur, de tendresse, de nostalgie aussi sans doute, réservés parfois à une petite poignée de musiciens parmi l’énorme orchestre requis. Le thème principal est construit d’après le nom d’Alexandre Tansman, compatriote de Górecki, en mélangeant les noms des notes selon le système germanique et le système latin, avec quelques licences ; ainsi A est-il bien la, mais L devient la aussi, tandis que R devient ré, M devient mi. Simple prétexte qui offre à Górecki un matériau thématique de premier choix. Cette Quatrième Symphonie dépassera-t-elle aussi le million d’exemplaires vendus, comme la célèbre Troisième ? © SM/Qobuz