Everything Changes

Chronique

Une jeune femme qui quitte la maison familiale pour prendre son envol : telle est l’explication du titre de cet album d’Alice Jemima, publié chez Sunday Best Recordings. Mais la jeune Anglaise ne se contente pas de décrire la banalité de cette situation. Tout en regrettant le confort et l’amour que lui procurait sa famille (ce qu’elle évoque dans Serious), elle clame haut et fort son désir d’émancipation à travers des rythmes à la fois sensuels et dansants. Dans la catégorie dansante, on retiendra Dancing in Love (hommage au disco des années 1970), l’accrocheur Devil on My Shoulder (coécrit avec Sophie Ellis Bextor) et le refrain solaire de Minefield. Et dans le rayon « sensualité », on citera Binge Love You (dans lequel elle avoue son appétit frénétique pour l’amour), ainsi que Tiger. Au son d’une guitare électrique solo, de nappes de synthé simples et discrètes rejointes par des marimbas et une pulsation rythmique nonchalante, la « tigresse » qui sommeille en Alice Jemima évolue avec aisance dans une forêt moite et lascive. Mais la chanteuse a également conscience des dangers que peut constituer cette jungle apparemment bienveillante et un trop-plein de liberté. C’est ce que montre le morceau electronica lounge intitulé Icarus, dans le refrain duquel elle litanise le mot « Icarus ». Comme pour Icare, chez Alice Jemima, le soleil peut est à la fois synonyme de sensualité, de liberté mais aussi de destruction. ©Nicolas Magenham/Qobuz