El Ndjoum

Chronique

Alors que les étoiles de Khaled, Mami ou Faudel semblent de plus en plus lointaines, que le raï se conjugue surtout au passé, un astre d’une lumière éclatante surgit des nuages. Comme les autres, il vient d’Orient, de Sidi Bel Abbès pour être exact, mais c’est ici, entre le cœur du 18e parisien et de la Croix-Rousse lyonnaise que son orbite s’est précisée. El Ndjoum (les étoiles), le nouvel album du chanteur Sofiane Saïdi accompagné du sextet Mazalda, sonne la résurrection du raï. Respectueux des grands anciens – Cheikha Rimitti, Raïna Raï ou Khaled – mais profondément actuelle, cette association dépoussière le genre et le rend à nouveau excitant.

Un peu funk, un peu électro, voire disco, les arrangements sont surtout cohérents, vifs et subtils. Les Lyonnais Mazalda se sont fait connaître sur un cocktail énergique de funk-rock psychédélique sur des rythmiques afrobeat ou éthio-jazz, mais chérissent une vieille passion pour le raï. Sofiane Saïdi, entendu auprès d’Acid Arab, Smadj ou sous son nom avec le fondateur de Transglobal Underground Tim Whelan, est un chanteur curieux et cultivé et sans doute l’une des plus vibrantes voix arabes masculines qu’il ait été donné d’entendre depuis les années 80. Il y a des nuits blanches, folles et brumeuses au fond de sa gorge, mais l’extase alors récoltée rejaillit à la moindre note. Irrésistiblement, El Ndjoum, pousse vers la danse, vers la fête, vers la joie, vers la vie. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz