Cannibal Courtship

Chronique

​Le rock de ce groupe californien vient des groupes emblématiques du genre psychédélique des années 1960 et 1970 au… Cambodge. C’est la principale source d’inspiration des frères Zac et Ethan Holtzman qui montèrent ce groupe au début des années 2000, aux côtés de la superbe Chhom Nimol, chanteuse immigrée vivant alors semi-clandestinement dans le quartier de Long Beach à Los Angeles.

Aux guitares, s’ajoutent les indispensables synthétiseurs, orgues Farfisa, quelques touches de funk grâce au saxophone de David Ralicke, impeccable, des rythmes africains et un soupçon de jazz. Une musique world donc, et sensée, puisque ces musiciens se réapproprient un héritage pour mieux le mettre en exergue en langue originale (Khmer), rarement utilisée dans le rock ! Dès ses débuts, Dengue Fever avait des atouts pour ne pas passer inaperçu. Alors en 2011, soit dix ans après, que reste-t-il de cette originalité ? 

Il est clair que la concurrence dans le domaine de reprises de standards rock orientaux ne s’est pas accrue. Chhom Nimol peut continuer à chanter aussi maladroitement en anglais (« Thank You Goodbye », « Cannibal Courtship ») soutenue par Zac Holtzman, et aussi délicieusement dans sa langue natale, elle est la garante de la forte identité artistique du groupe.

L’évolution des autres membres du groupe est remarquable. Les compositions et les chansons de ce Cannibal Courtship, sont plus riches et semblent plus travaillées que ce que le sextet californien a offert jusqu’ici. Dengue Fever continue à célébrer avec bonheur ce que le rock psychédélique a de meilleur (« Uku » et « Durian Dowry »).

Ce n’est pas un hasard si Peter Gabriel, grand ordonnateur des fusions « soft » entre musiques des cinq continents, les a repérés en 2008. Et c’est là qu’est la faille. Car si Dengue Fever  a réussi à éviter le piège de l’assemblage Kitch, l’ensemble reste trop redondant. Trop propre, comme beaucoup de musiques passée par l’écurie Real World, elle manque de lâcher-prise. On aimerait que la fièvre monte davantage, un comble !



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