Cala

Chronique

Fionn Regan continue de suivre son propre chemin. Le troubadour irlandais, muni de sa voix, de sa guitare et du soutien du producteur David Granshaw, s’attaque à un 6e album studio : Cala, « crique » en espagnol. Ces 10 titres d’indie folk, culminant à 34 minutes, dépeignent un paysage onirique, baigné de lumière par des effets d’atmosphère électroniques d’une grande discrétion. Regan, accompagnée d'un fingerpicking envoûtant dans Volca ou bien des nappes de piano inversées dans Glaciers, est passé maître dans l’art de façonner des textures originales qui renforcent l’intimité de son cadre artistique. A l’écoute de Cala, pas de supercherie : on a affaire à un artiste solo dont l’identité de musicien et de poète est suffisamment affirmée pour que le rôle du producteur se limite aux touches finales. Poète, car la plume de cet heureux vagabond, qui parcourt le Royaume-Uni depuis sa jeune adolescence, se bonifie avec le temps. Ses sources d’inspiration sont diverses, à l’image des pages d’un carnet de voyage ; le fil conducteur reste celui des interactions entre l’environnement et l’être humain : par-dessus les arpèges magiques de Under the Waves / Tokyo, il murmure : « There is a door under the waves / She has the key on a neck chain » comme si l’amour était une noyade inéluctable. Cala se termine sous les vagues, mais Fionn Regan est habile : il fait de ces profondeurs océanes un réconfort, une berceuse rythmée par des flots lointains. Vous l’aurez deviné, c’est… une perle. © Alexis Renaudat / Qobuz