All Of Us Flames

Chronique

Quelque part entre le Bob Dylan des années 1980 et les groupes féminins des années 1960 (The Shangri-Las, les Ronettes…), le sixième album solo d’Ezra Furman se trouve sur un fil entre une certaine amertume et, malgré tout, un discours plein d’espoir. Telle une Pythie du XXIe siècle, la chanteuse américaine prophétise la fin du monde capitaliste et patriarcal. Le morceau Forever in Sunset est un bon ambassadeur de cet état d’esprit : Ezra Furman entre dans la peau d’une femme qui sait que sa vie ne sera ponctuée que de crises, mais sans jamais s’avouer vaincue. Écrit en plein cœur de la pandémie de Covid, l’album respire l’esprit de solidarité et de résistance que la chanteuse a expérimenté durant cette période.

Après une série de chansons qui dressent le constat d’un monde hostile envers les communautés marginalisées (Train Come Through, Dressed in Black…), elle s’emploie à montrer qu’il est possible de trouver sa place lorsque, par exemple, on est trans (comme c’est son cas). Ainsi I Saw the Truth Undressing montre combien elle est à l’aise en tant que femme et Come Close est une célébration de l’amour queer. On trouvera toujours une main tendue dans All of Us Flames comme dans l’émouvant Point Me Towards the Real, sorte de short story qui dépeint un personnage sortant de l’hôpital psychiatrique et qui se rend chez un ami dont le rôle est de l’emmener vers le réel. Derrière la dureté du décor grisâtre, l’album d’Ezra Furman est comme un puissant cri de ralliement qui laisse une place à l’espoir. ©Nicolas Magenham/Qobuz