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Chronique

Après l'étonnant succès public et critique d'Ágætis Byrjun, les membres de Sigur Rós n'ont pas relâché une seule minute leur attention. Entre une tournée interminable – due à la sortie progressive de l'album aux quatre coins du monde, nécessitant à chaque fois de repartir au turbin – et les projets annexes (la bande originale du film Angels of the Universe et l'oratorio Odin's Raven Magic), bien éloignés de leurs travaux habituels, le groupe a eu tout le temps de développer son propos, de tenter de renouveler son inspiration.

C'est pourtant avec un album hermétique, paranoïaque et cyclothymique que le groupe donne de ses nouvelles en 2002, un album en grande partie composé sur scène, ce qui explique sûrement a posteriori son contenu. Surnommé l'album aux parenthèses, il est ainsi constitué de huit morceaux, sans titre, tous intégralement chantés en « vonlenska », la langue inventée par Jón, et dépassant tous allègrement les six minutes. Sur la pochette du disque, aucune information ne vient par ailleurs rassurer l'auditeur.

Cas d'école de suicide commercial ou fuite en avant d'un groupe trop doué pour suivre les règles ? Extrême dans son minimalisme ambient (la première partie, rêveuse et mélodiquement parfaite) comme dans sa grandiloquence bruitiste (les quatre derniers morceaux, peut-être parmi les plus violents du groupe), l'album ne fait pourtant que développer un style et un univers dont les premières pierres ont déjà été posées sur les deux premiers albums du groupe.

Cette parenthèse une fois fermée, le groupe n'a pas d'autres choix que d'opter pour de nouvelles directions musicales, ce qui sera chose faite avec le plus pop Takk.

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