La 17e édition du Festival de Musique Ancienne se tiendra à Arques-la-Bataille du 20 au 23 août. Une cuvée 2014 qui privilégiera les liens musicaux tissés entre les siècles.

Pour cette 17e édition du Festival de Musique Ancienne concoctée par l’Académie Bach, son directeur, Jean-Paul Combet, décloisonne les frontières musicales pour un programme certes plus modeste qu’à l’ordinaire – réduction des dépenses publiques oblige -, mais aussi varié et excellent qu’à son habitude ! Ce festival de musique ancienne a la belle particularité de ne jamais orchestrer une succession insipide de concerts, mais s’attache au contraire à tisser un lien entre toutes les performances présentées. C’est ainsi que du 20 au 23 août, les musiciens dévoileront différents volets musicaux échelonnés entre le XVIIe siècle et la Première Guerre Mondiale, dans des lieux emblématiques d’Arques-la-Bataille.

Lors du festival 2014, l’Académie Bach avait produit l’un des premiers spectacles conçus par Benjamin Lazar, L’Autre Monde ou les États et Empires de la Lune. Inspirée du roman éponyme de Savinien Cyrano de Bergerac, la prose de Lazar se mêle parfaitement à la musique choisie par les interprètes de La Rêveuse pour un voyage encore une fois inoubliable, le 20 juin. La soirée de ce premier jour se clôturera par un joyau de la musique autrichienne Les Sonates du Rosaire pour violon et basse continue. Composées par Biber, maître de chapelle de la cathédrale de Salzbourg, ces sonates dédiées à la Vierge Marie s’inspirent de la dévotion au Rosaire -prière composée de quatre séries de Mystères évoquant chacune un Mystère de la vie du Christ-. Unique en son genre et gargantuesque, ce programme à la mesure de la violoniste Hélène Schmitt au jeu plein d’une sensibilité chaleureuse, sera scindé en deux, en début et en fin de festival.

Le lendemain, les Motets de Bach et ses Chorals de Leipzig pour orgue et voix, empliront l’église d’Arques-la-Bataille pour une matinée baroque. Une série de trois concerts organisés les 21, 22 et 23, autour de Le Mot et du Verbe commencera avec ces huit motets destinés essentiellement aux cérémonies funèbres et montrant à l’image du Psaume 90, la brièveté de la vie humaine. Parmi eux, sera joué le superbe et célèbre Jesu, Meine Freude avec l'ensemble de Les Lunaisiens et Benjamin Alard et Marc Meisel à l'orgue.

Benjamin Alard - © Jean Baptiste Millot pour Qobuz.com

Puis la soirée se finira avec deux concerts. D’abord sera jouée une pièce baroque d’Amérique Latine Nueva España, puis l’église d’Arques-la-Bataille accueillera L’Armée des Romantiques qui présentera des pièces de César Franck : Sonate pour violon & piano, Quintette, Prélude, Fugue et Variation pour piano & harmonium et Pièces pour harmonium.

© Robin. H. Davies

Compositeur majeur du XIXe siècle, le musicien d’origine belge, spécialiste des œuvres pour orgue aux mélodies si expressives, a également excellé dans la musique de chambre, comme en témoigne le programme présenté par l’ensemble.

Le 22 juin continuera avec la série des trois concerts organisée de Le Mot et le Verbe. Cette fois-ci, la France baroque sera à l’honneur. Ainsi, autour des motets de Charpentier et Danielis s’articuleront trois œuvres de Bach. La journée se poursuivra avec trois pièces de Maurice Rave :l Gaspard de la nuit, Trio et Trois chansons pour chœur. L’Armée des Romantiques accompagnée de l’Ensemble Vocal Bergamasque dirigé par Marine Fribourg, présenteront ces pièces au pouvoir émotionnel puissant et mystérieux. Pas de démonstration excessive chez Ravel, mais une retenue puissamment expressive. La soirée se finira dans la gaieté avec des chansons de Moulinié, Boesset, Guédron, Boyer, Chancy ou Rosiers. Les Lunaisiens présenteront ce programme aux airs truculents et libertins. Le XVIIe siècle s’est épanoui dans les contrastes, et c’est tant mieux!

Ce dernier jour ne sera pas en reste avec la représentation du dernier volet de la trilogie consacrée à Le Mot et le Verbe. Cette fois- ci, l’Allemagne romantique sera le cœur de ce programme. Brahms, Wolf, Brückner mais aussi Mendelssohn se succèderont sous l’habile baguette de Marine Fribourg pour dévoiler la façon dont le mot peut incarner le Verbe fait chair. Fidèle à sa tradition, l’Académie Bach revient au répertoire qui a sa faveur : la cantate baroque allemande. Trois compositeurs emblématiques : Buxtehude, Pachelbel et Bach seront à l’honneur avec l’excellent ensemble baroque Vox Luminis à la rigueur toute fervente. Biber clôturera ce programme avec la fin de Les Sonates du Rosaire consacrées à la période allant de la mort du Christ à sa Résurrection. Extraordinaires par la dramatique expressive conférée au violon, ces sonates sont résolument brillantes grâce au jeu d’Hélène Schmitt.

Plus d’informations sur le site de l'Académie Bach