Du 2 au 10 juillet, la Cité de la Musique et la Salle Pleyel accueille la première édition d’un festival pop rock à l’éclectisme alléchant. Demandez le programme !

Cet été, du 2 au 10 juillet, la Cité de la Musique et la Salle Pleyel feront un grand pas supplémentaire vers ce qu’on appelle désormais les musiques actuelles (amusant, avant on disait pop-rock…) en lançant un nouveau festival baptisé Days Off. Volonté des programmateurs : créer un moment à part, autour des grandes personnalités du rock et de la pop, pour des créations surprenantes et des projets inédits.

Ainsi, le casting de cette édition 2010 de Days Off affiche un éclectisme à 360° en réunissant des noms comme Pete Doherty, Alela Diane, Emilie Simon, St Vincent, Divine Comedy, Cocoon ou bien encore Julian Casablancas (sans ses Strokes) et même les Beatles (par procuration…).

Emilie Simon (2 juillet – Cité de la Musique)

Derrière ce nom de porcelaine et ce minois fragile se cache une vraie musicienne au bagage plus que solide et à l’univers infini. L’art lyrique, la musicologie, l’électronique, l’écriture, Emilie Simon dompte tout ce qu’elle touche. Un moyen de ne point se faire encager. Une façon de prouver qu’elle n’est ni une Björk gauloise, ni une Kate Bush actuelle. Plutôt une fée plurielle de la pop electro, capable de rêves miniatures comme d’amples symphonies électriques… En magicienne des sons et des mélodies, Emilie Simon peut tendre sa vaste toile sur la banquise de La Marche de l’empereur, plastiquer de l’intérieur les Stooges d’Iggy Pop ou poser sa voix et sa guitare nues sur une mélodie dépouillée à l’extrême. Pluriel vous dit-on… Le 2 juillet, elle invite ses invités dans une Cité de la Musique qui l’invite à la faire sienne.

{{{The Fitzcarraldo Sessions + Patrick Watson + Arnaud Fleurent-Didier (3 juillet – Pleyel)}}}

Aussi fou que l’aventure cinématographique de 1982 de Werner Herzog, le projet des Fitzcarraldo Sessions est un rêve humide de fans de rock indé ! A la barre, les musiciens de Jack The Ripper. Sur le pont, un sublime équipage hallucinant et éclectique où l’on croise Dominique A, Stuart Staples de Tindersticks, Joey Burns de Calexico, Moriarty ou bien encore Craig Walker d’Archive ! Voguant sur une mer sublimement démontée de folk symphonique, de rock baroque et d’americana improbable, ce beau projet se déguste comme un roman à tiroirs. Est-ce une taverne de vieux pirates ? Un cabaret d’inquiétants truands ? Un peu des deux… Sur scène, ces Fitzcarraldo Sessions prendront sans doute une dimension visuelle plus qu’envoûtante.

Depuis plusieurs années, la bouillonnante scène canadienne a livré un nombre impressionnants de mélodistes de génie. Patrick Watson est de ceux-là. Derrière l’écriture sophistiquée du Montréalais, certains retrouveront tant la complexité architecturale d’un Sufjan Stevens que l’épure intense d’un Nick Drake ou la tourmente d’un Jeff Buckley. Surtout, sa formation classique le pousse aussi vers Debussy et Górecki, Arvo Pärt et Steve Reich. Patrick Watson peut alors oser un violon quasi-impressionniste ici, un piano flouté là… Avec son groupe Wooden Arms, ce passionné d’orchestration débarquera justement sur la scène de Pleyel en compagnie d’un quatuor à cordes, histoire de donner à son folk de funambule une réelle densité musicale.

Ovni. Quel autre terme pourrait qualifier cette récente révélation made in France baptisée Arnaud Fleurent-Didier ? Révélation ayant déjà tout de même quatre albums à son actif. Malaxant la langue française comme un dandy à l’humour grinçant, troussant ses merveilleuses petites symphonies pop comme les Michel (Polnareff et/ou Legrand) savaient le faire il y a bien longtemps de ça, Arnaud Fleurent-Didier est surtout le peintre juste de nos vies dissolues, de nos rêves brisés et d’une époque déboussolante. Sa belle arrogance de façade le rangerait aisément non loin de Katherine, Delerm ou Burgalat, mais Arnaud Fleurent-Didier est ailleurs. Dans son monde à lui. Parfois le notre aussi. Souvent même… Avec Epiphanies pour piano et orchestre, il présentera à Pleyel son nouveau projet ambitieux spécialement conçu pour le festival.

Let It Be Live (4 juillet – Pleyel)

Une anecdote qui tourne au chef d’œuvre… En 1969, les Beatles vivent leurs dernières heures lorsque le projet Let It Be se met en branle. Les tensions entre les Fab Four sont palpables et McCartney veut une séance d’enregistrement roots, sans fioriture. On connait la suite : des chansons devenues des musts (Across The Universe, Maggie Mae, Let It Be, Get Back) et un concert improvisé sur le toit de leur maison de disque. Quarante ans plus tard, le musicien-ovni David Coulter, un ex-Pogues qui a collaboré avec Damon Albarn, Marianne Faithfull, Tom Waits, Arthur H et tant d’autres, se lance dans la commémoration de ce chant du cygne des Beatles. Une commémoration qu’il orchestrera à contre-pied avec Yael Naïm, Mathias Malzieu de Dionysos, le duo Cocoon, le Suédois pop Loney Dear et quelques autres musiciens européens, pour revisiter à leur manière ce disque maudit de l’histoire de la pop.

Julian Casablancas (6 juillet – Cité de la Musique)

Si ses Strokes lorgnaient méchamment vers les années 70, Julian Casablancas s’est engagé en solitaire dans une embardée fleurant quant à elle bon les années 80… Est-ce une réaction volontaire ? Une envie d’air ? Un besoin physique ? Comme de la pop baroque osant le synthétique (vous avez dit Phoenix ?), l’aventure solo du chanteur des Strokes renferme surtout des textures organiques, saveurs qu’on imagine facilement dans l’atmosphère d’un dancefloor. Une aventure surtout bien ancrée dans la culture pop, tant Casablancas excelle dans le façonnage de mélodies entêtantes aux angles arrondis. Et comme l’homme est une rock star, une vraie, cette affaire possède un charisme bien au-delà de ce qui pourrait n’être qu’une anecdotique parenthèse…

Pete Doherty (Mercredi 7 juillet – Cité de la Musique)

Le rock actuel compte finalement assez peu d’icones aussi emblématiques, charismatiques et controversées que Pete Doherty. L’embardée furibarde des Libertines, celle plus posée des Babyshambles et un disque solo, ont fait du chanteur Britannique une vraie voix rock’n’roll au sens originel, libre de se mouvoir comme bon lui semble entre les fantômes des pairs fondateurs, qu’ils se nomment Clash, Kinks, Jam, Sex Pistols ou, plus près de nous, Oasis… Entouré d’invités surprises, ce Peter Pan sauvage rappellera avant tout qu’il est désormais un songwriter capable d’exister au-delà des unes de tabloïds et de la presse people, là où les chansons s’écrivent à l’encre, au sang et à la tripe, et non sur la base de frasques qui font frissonner la galerie.

The Divine Comedy + Alela Diane (8 juillet – Pleyel)

Chaque nouveau projet signé Neil Hannon s’appréhende avec la même délectation. Toujours surprenant et prêt à se remettre en question, le cerveau dandy de Divine Comedy se réinvente en permanence. Et la surprise dévoilée sur scène, en avant-première pour Days Off, de son nouvel album Bang Goes The Knighthood, procure une réelle excitation. Voilà vingt ans qu’Hannon agrandit sa tour de Babel dans les escaliers de laquelle on croise les ombres de créateurs eux aussi solitaires et un brin dandy, nommés David Bowie ou Burt Bacharach, Ray Davies ou Jacques Brel, Scott Walker ou Stephin Merritt… Un prince de la mélodie et du raffinement pop suprême ce Neil Hannon, qui ose même les escapades chez Air, Jarvis Cocker, Ute Lemper, Yann Tiersen ou Charlotte Gainsbourg. Ce dixième étage supplémentaire construit cette année par l’étrange Irlandais rendra sans doute encore plus baroque sa pop kaléidoscopique.

Lorsque les effluves du folk austère mais habité de son Pirate’s Gospel ont flotté dans les cieux de Nevada City, en Californie, chacun sut qu’Alela Diane ne serait pas une éphémère fée acoustique de plus… Cet organe haut placé, haut scandé même, à la diction revendicatrice, avançant sur un fil acoustique virginal irradiait l’ouïe. Étonnamment, ce premier opus ne fut pas le fruit d’une aventure solitaire pour la jeune Californienne mais un travail élaboré avec son père. L’an passé, To Be Still, son deuxième album, confirma la grâce de cette petite musique inouïe aussi bien enracinée dans le folk nu, la country cotonneuse que le gospel en apesanteur. Dans les configurations minimalistes, l’univers d’Alela Diane décuple ses forces et ses mélodies portées par cette voix à vif et une simple guitare. En duo avec son père, sans artifice aucun, la folkeuse devrait transformer la Salle Pleyel en chapelle intimiste et intense.

Cocoon plays Nick Drake + St Vincent (10 juillet – Cité de la Musique)

Parler de conte de fée serait un peu obturer l’intérêt artistique de l’univers de Cocoon… Le duo composé de Mark Daumail et Morgane Imbeaud a su imposer sa pop folk avec une si grande ampleur qu’on ne se pose plus trop de questions sur les étapes de sa fulgurante ascension. Et comme Cocoon est avant tout une ode à la passion musicale, ses mélodies, ses héros, ce concert entièrement dédié à la musique de Nick Drake arrive comme une évidence. Etoile filante du folk anglais du début des années 70, le songwriter britannique révolutionna le genre en seulement trois albums, lovant ses mélodies épurées dans les sublimes cordes de violons irréels. Epaulé par un quatuor à cordes et quelques invités surprises, Cocoon rendront hommage à leur manière à ce Petit Prince folk dont leur musique est une onirique héritière.

Le pays des merveilles de cette vraie-fausse Alice qui avant sous pavillon St Vincent est on ne peut plus onirique. Sans doute car on y trouve de belles choses colorées apparemment sans liens… En deux albums, Annie Clark (la vraie fausse Alice en question) a su imposer ses collages improbables, folk, pop, classique et electro, avec une cohérence impressionnante. Dotée d’une envoutante et vaporeuse voix d’elfe, le cerveau multi-instrumentiste de St Vincent fait défiler tous ces paysages hétéroclites sans qu’on sache réellement si sa new wave electro pop et baroque ressemble à quelque chose d’existant. Pas étonnant que la jeune New-yorkaise de Brooklyn ait travaillé avec des confrères hors normes comme Sufjan Stevens, Polyphonic Spree ou Grizzly Bear. Prête à tout, elle aime les violons et les machines, les guitares distordues et les flutes, les envols d’oiseaux et les ciels orageux. Pas de doute, Annie Clark est ailleurs.

Le site officiel de Days Off

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