Le gouvernement italien, jugé raciste, a contraint le festival reggae Rototom, à l’exode en Espagne...

D’après l’AFP, poussés à bout par la politique du gouvernement Berlusconi, jugée liberticide et raciste, les organisateurs italiens du Rototom Sunsplash, l'un des plus grands festivals de reggae, ont trouvé refuge à Benicassim sur la côte est espagnole, leur « terre promise ».

« Comme dans la chanson de Bob Marley (Exodus) nous laissons derrière nous Babylone et nous arrivons sur la terre promise », souligne l'Italien Filippo Giunta, président de l'association Exodus, spécialement créée en Espagne pour organiser la 17e édition du Rototom Sunsplash, qui se termine samedi après une semaine de festivités.

« Nous avions peur de ne plus pouvoir offrir une ambiance de paix » en Italie, précise le directeur du Rototom à l'AFP. « Au cours des deux dernières années, la police a été très dure avec les étrangers, surtout avec les Noirs. En Italie, on respire un air d'intolérance, le gouvernement applique une politique très raciste », assène Filippo Giunta.

« On a atteint un niveau dans la 'chasse' aux festivals reggae qui n'a jamais été connue auparavant », relève le Français Julien Pickering, membre de l'association Musical Riot qui anime la Dub station du Rototom.

Après seize éditions en Italie, dont dix à Osoppo (nord-est), le festival, qui tient son nom d'une association fondée en Italie (Rototom) et d'un célèbre festival jamaïcain (Sunsplash), a donc posé ses valises à Benicassim, qui accueille déjà en juillet un festival, dédié aux musiques pop, rock et electro, le FIB.

Pourquoi l'Espagne? « Il me semble que c'est le pays le plus libre en Europe, celui qui fait le plus attention aux libertés individuelles », assure Filippo Giunta, obligé comme une trentaine de compatriotes de rapidement se familiariser avec « une langue, des lois et une culture » afin d'organiser un festival qui tienne la route. Résultat: environ 300 concerts en huit jours, avec Alpha Blondy, Morcheeba et Big Youth en têtes d'affiche. Mais aussi des débats et des activités en tous genres (cours de danse, jonglage, massages...). Le tout pour 25 euros par jour, 20 avec un abonnement pour plusieurs jours.

L'affiche se veut éclectique, avec du reggae bien sûr mais aussi de la musique « connectée au reggae », selon Filippo Giunta. D'où la présence du groupe de trip hop Morcheeba et du chanteur de raï Khaled.

Les organisateurs espèrent faire au moins aussi bien qu'en 2009, avec environ 150.000 spectateurs au total en huit jours. « C'est un festival qui veut se sentir bienvenu, en connexion avec son territoire, comme un arbre qui a besoin de ses racines », souligne son directeur italien.

Est-ce que le Rototom Sunsplash retrouvera un jour ses racines italiennes ? « Les gens pourraient faire changer la situation politique, qui malheureusement est terrifiante » en Italie, avance à l'AFP Bunna, chanteur du groupe Africa Unite, monument du reggae en Italie et l'un des piliers du Rototom depuis ses premières heures.

« Nous vivons véritablement dans une dictature hallucinante, même si les gens ne s'en rendent pas compte. Il semble que tout va bien. Au contraire, la situation est très préoccupante. J'espère que quelque chose se passera, au-delà du Rototom qui peut très bien vivre n'importe où ».

Le site du festival Rototom