Les 4 et 7 décembre, la grande mezzo-soprano romaine Cecilia Bartoli chantera Semele de Haendel à Pleyel.

En décembre, dimanche 4 (à 16h) et mercredi 7 (à 20h), Semele de Haendel en version de concert sera donné à la Salle Pleyel, à Paris. Diego Fasolis dirigera le chœur English Voices et l’orchestre La Scintilla. Sur scène, le rôle titre de cet opéra en trois actes composé par Haendel en 1743 sera tenu par Cecilia Bartoli. Aux côtés de la grande mezzo-soprano romaine, Charles Workman, Hilary Summers, Christophe Dumaux, Liliana Nikiteanu, Jaël Azzaretti et Brindley Sherratt.

Précision des vocalises, sens du legato et virtuosité ornementale, la voix de Cecilia Bartoli est faite pour Haendel ! Son interprétation de Semele, qu’elle connaît bien pour l’avoir enregistré en DVD dans une production de l’Opéra de Zurich, révèle tout autant ses qualités musicales que théâtrales. Une Bartoli qui incarne à merveille l’ambiguïté de son personnage, fille du Roi de Thèbes aux amours des plus contrariées…

Ses airs Endless pleasure, endless love et Myself I shall adore, périlleux à souhait, sont abordés avec une aisance déconcertante. Et dans l’élégant Thus let my thanks be paid, c’est l’expression cantabile de la voix de la diva romaine qui force l’admiration. Entourée d’instruments anciens, « La » Bartoli préfère le dialogue chambriste au passage en force. Au final, elle réussit ainsi à conjuguer intelligence stylistique et splendeur vocale.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, Cecilia Bartoli est sans conteste l’une des voix qui comptent le plus sur la sphère classique. Grâce à leur popularité, ses projets ont toujours suscité une large réévaluation et redécouverte des compositeurs négligés et du répertoire oublié qu’elle remet d’actualité. Il n’est pas étonnant que Karajan, Barenboim et Harnoncourt aient été les premiers maestros avec lesquels la mezzo-soprano romaine a travaillé. Son talent fut repéré précocement, lorsqu’elle venait d’achever ses études de chant dans sa ville natale où elle vit le jour le 4 juin 1966. Depuis lors, de nombreux autres chefs, pianistes et orchestres renommés ont régulièrement été ses partenaires.

Au cours des dernières années, Bartoli a commencé à concentrer ses activités sur des projets en commun avec des orchestres d’instruments anciens de premier plan (l’Akademie für Alte Musik, Les Arts Florissants, le Concentus Musicus Wien, le Freiburger Barockorchester, Il Giardino Armonico, le Kammerorchester Basel, Les Musiciens du Louvre, l’Orchestra of the Age of Enlightenment, l‘Orchestra La Scintilla). Les projets avec orchestre dont elle assume l’entière responsabilité artistique ont pris de plus en plus d’importance à ses yeux et ont été couronnés par les programmes développés et interprétés en parallèle avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne.

Cecilia Bartoli chante régulièrement dans les plus importantes salles de concert d’Europe, des États-Unis et du Japon. Elle a été applaudi sur les scènes de prestigieux théâtres et festivals lyriques tels que le Met Opera de New York, la Royal Opera House du Covent Garden de Londres, la Scala de Milan, la Staatsoper de Bavière de Munich, le Festival de Salzbourg et l’Opéra de Zurich, où elle a chanté bon nombre de ses rôles pour la première fois.

Elle a incarné Fiorilla dans Il Turco in Italia de Rossini à Covent Garden et deux héroïnes de Haendel, Cleopatra (dans Giulio Cesare avec Marc Minkowski) et donc le rôle-titre de Semele (avec William Christie) à Zurich.

Ses débuts dans la Norma de Bellini eurent lieu en juin 2010 à Dortmund en version de concert avec l’Ensemble Balthasar Neumann dirigé par Thomas Hengelbrock. « La » Bartoli s’est aussi consacrée au début du XIXe siècle – ère du romantisme et du bel canto italiens – et notamment à la légendaire cantatrice Maria Malibran. Le 200e anniversaire de la naissance de la Malibran, le 24 mars 2008, avait été marqué par une journée historique à Paris, où elle a vu le jour : Cecilia Bartoli a donné trois concerts en une journée à Pleyel – avec la complicité de Lang Lang, Vadim Repin, Adam Fischer et Myung-Whun Chung – tandis que la Ville de Paris projetait son concert à Barcelone sur un écran géant devant l’Hôtel de Ville ! Un bicentenaire marqué par d’autres manifestations, comme la sortie du CD Maria, celle du DVD The Barcelona Concert/Malibran Rediscovered, de vastes tournées de concerts ainsi que des prestations à l’opéra dans La Cenerentola, La Sonnambula et dans le rôle-titre de la Clari de Halévy, opéra écrit pour la Malibran qui n’avait plus été interprété depuis 1829 ! La première intégrale de La Sonnambula sur instruments anciens et avec une mezzo-soprano dans le rôle-titre (avec Juan Diego Flórez en Elvino) est venue couronner cet hommage à Maria Malibran.

En 2009/2010, Cecilia Bartoli retrouvait le répertoire baroque et se lançait dans une passionnante exploration de la Naples du XVIIIe siècle avec ses vedettes les castrati. Outre la parution de l’album Sacrificium, des concerts présentant un répertoire de castrato eurent lieu dans toutes les grandes capitales d’Europe.

Côté récompenses, la star romaine n’est pas en reste. Bartolia a ainsi été faite chevalier en Italie et « Accademico effettivo » de Santa Cecilia de Rome. La France l’a faite chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres et officier de l’ordre du Mérite. Elle est également membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres. Elle a également reçu le prestigieux prix italien Bellini d’Oro, ainsi qu’une Médaille d’or du mérite dans les beaux-arts, l’une des plus hautes récompenses attribuées par le Ministère de la Culture espagnol. En 2010, elle a également reçu, à Copenhague, le fameux Prix musical danois Léonie Sonning. Enfin, à l’occasion du jubilé Haendel, elle a été faite membre honoraire du conseil consultatif de la Handel House Foundation de Halle.

Un extrait de Semele dans la production dirigée par William Christie :

Cecilia Bartoli - Handel: Semele (trailer)

Decca Classics