La grande chanteuse de jazz cool des années 50 a été emportée par un cancer à l’âge de 81 ans.

Peu se souviennent de cette voix si glamour et sensuelle… Pourtant, Chris Connor faisait l’objet d’un véritable culte. La chanteuse de jazz, à son zénith durant les années 50, est décédée le 29 août à Toms River, dans le New Jersey, des suites d’un cancer. Elle était âgée de 81 ans.

Dans la lignée des Anita O’Day, June Christy et autres Julie London, Chris Connor était une déesse du jazz cool, de ces artistes qu’on imagine n’entendre que dans les clubs de jazz enfumés, à moitié vide, où la nostalgie domine… Comme O’Day et Christy, Chris Connor sévira au sein de l’orchestre du grand Stan Kenton, certes brièvement, en 1952, remplaçant justement Christy.

Elle entame sa carrière solo en 1953 et décrochera, quelques années plus tard, quelques tubes comme I Miss You So en 1956 et Trust In Me, l’année suivante, tous deux pour le compte d’Atlantic Records. Avec le All About Ronnie de Joe Greene, elle marque de sa voix sensuelle cette sublime ballade romantique pour Bethlehem Records.

Avec le temps, ces beaux opus des années 50 sentent justement bon les années 50 : Chris Connor, I Miss You So et He Loves Me, He Loves Me Not de 1956, Chris Connor Sings The George Gershwin Almanac Of Song de 1957, et A Portrait Of Chris de 1960 valent plus que le détour et sont de véritables perles passablement cool, aux arrangements souvent parfaits.

Durant sa période Atlantic, Chris Connor travaillera justement avec les meilleurs arrangeurs parmi lesquels Ralph Burns et Jimmy Jones, et les jazzmen les plus classieux comme John Lewis, Oscar Pettiford, Phil Woods, Kenny Burrell, Milt Hinton, Clark Terry ou bien encore Oliver Nelson.

Née Mary Loutsenhizer à Kansas City, le 8 novembre 1927, Chris Connor commença par étudier la clarinette durant huit ans avant de passer au chant à l’adolescence. Après ses débuts en public, au lycée de Jefferson City, en 1945, elle décide de se lancer dans une carrière de chanteuse. Pour survivre entre ses cours de chant, elle fait du secrétariat et de la sténographie dans la région de Kansas City avant de s’envoler pour New York. C’est dans la Grosse Pomme qu’elle rencontre Claude Thornhill qui cherche alors une voix pour son groupe vocal, les Snowflakes. Chris Connor part alors en tournée avec cette formation jusqu’en 1952.

Le rêve de la jeune femme est d’intégrer la formation de Stan Kenton. Celui-ci l’entend à la radio en 1953 et l’engage comme remplaçante. Mais la rudesse des tournées sans fin a raison d’elle, et dix mois plus tard, Connor décide de quitter le navire Kenton pour naviguer ensolo. Bethlehem Records la signe et publie simultanément Chris Connor Sings Lullabys Of Birdland et Chris Connor Sings Lullabys For Lovers. Le succès est au rendez-vous et le public suit cette voix qui monte, qui monte, qui monte.

En 1956, Chris Connor est la première chanteuse de jazz à être signée par le label Atlantic pour le compte duquel elle enregistrera plus d’une douzaine de disques. En 1963, au moment de renouveler son contrat, elle préfère rejoindre FM, le petit label de son manager Monte Kay. Mauvaise pioche puisque FM dépose le bilan l’année suivante…

Une décision d’autant plus malheureuse que l’heure est alors à l’avènement du rock’n’roll aux quatre coins du monde. Un genre qui propulse des voix comme Chris Connor aux oubliettes. Une dure période qui s’étendra jusqu’au début des années 70.

Comme souvent dans ce genre de situation, l’alcool devient un compagnon d’abord facile. Lorsqu’elle tente un comeback au début des années 80, Chris Connor offre encore une voix possèdant pourtant toujours un réel charisme, même si l’étincelle de son âge d’or n’a plus la même brillance… Jusqu’en 2003, elle enregistrera sporadiquement pour divers petits labels. Ces trois derniers opus, Haunted Heart (2001), I Walk With Music (2002) et Everything I Love (2003), voient le jour sur Highnote Records. Depuis plusieurs années, Chris Connor vivait avec sa compagne, par ailleurs sa manageuse, Lori Muscarelle.

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