Dénigrée par les uns, encensée par les autres, l’audio en Haute-Résolution ne cesse de faire couler de l’encre. Rappels et réflexions sur le sujet.

Pas de courrier de lecteur donc cette semaine, mais nous traiterons de ce sujet toujours d'actualité qu'est la Hi-Res dont nous prenons le pouls de temps à autre au hasard de nos pérégrinations sur les forums de Hi-Fi.

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Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, la Hi-Res est devenue une réalité dans le monde de l’audio, et celle-ci, si elle est encore loin d’être présente en des quantités comparables à celle de son ainée que représente le CD avec son échantillonnage sur 16 bits à 44,1 kHz, n’en affiche pas moins une courbe de croissance permanente que les critiques à son encontre n’entravent aucunement.

Le marché de l’audio, grandement aidé par la dématérialisation de la musique, a retrouvé ainsi un second souffle après avoir été éclipsé pendant des années par le cinéma domestique, qui, lui, a intégré depuis plusieurs années, et sans se poser de questions, la Hi-Res dans ses galettes argentées, ou plutôt bleutées, avec l’apparition du Blu Ray avec ses formats audio compressés sans pertes Dolby True HD et DTS HD Master Audio avec lesquels peuvent être codés de multiples canaux en 24 bits à 96, voire 192 kHz.

Le fait est que dans le monde audiophile les opinions sont partagées sur la Hi-Res. La raison souvent avancée par les opposants à la Hi-Res est la capacité de l’oreille humaine en termes de bande passante, à savoir 20 Hz à 20.000 Hz, dans les meilleurs des cas, mais souvent bien moins.

Ceci pour dire que les possibilités de codage du CD sont largement suffisantes avec un peu plus de 22 kHz comme fréquence maximale, les échantillonnages à des fréquences supérieures pouvant coder des fréquences jusqu’à 96 KHz (pour le 192 kHz) ne servant donc à rien.

Si l’argument de la capacité de l’oreille humaine en termes de bande passante n’est pas faux, en revanche restreindre les avantages des échantillonnages à 96, et à fortiori 192 kHz, à une simple question de fréquence maximale pouvant être codée, est selon nous une manière d’aller un peu vite en besogne.

En effet, plus on échantillonnage à une fréquence élevée (qui plus est sur 24 bits), plus on a d’échantillons, et donc plus on code de manière précise les variations des signaux analogiques, permettant ainsi une meilleure reconstruction de ceux-ci par la puce de conversion numérique analogique, et aussi des transitoires qui contiennent de nombreuses harmoniques dont un échantillonnage à fréquence élevée codera un plus grand nombre qu'un échantillonnage à 44,1 kHz, et de manière plus précise sur 24 bits que sur 16 bits, sachant que leurs amplitudes vont décroissantes et qu'un codage sur 24 bits pour une même amplitude permet beaucoup plus de finesse qu'un codage sur 16 bits.

Donc on ne peut nier la réelle amélioration apportée par les formats Hi-Res même si celle-ci n’est peut-être pas forcément toujours perceptible par notre audition et quoi qu’il en soit, il est incontestable que ceci soit un progrès technique même si ce fait peut effectivement être mal ressenti par les fabricants de lecteurs de CD de haut de gamme, car, aussi perfectionnés que soient ces lecteurs, ils restent tributaires de leur support, et les variantes haut de gamme de celui-ci (XRCD, Blu-spec CD…) malgré leurs noms, n'offrent au final que du 16 bits à 44,1 kHz.

Certains constructeurs adoptent d’ailleurs des techniques de conversion de taux d’échantillonnage sur leurs lecteurs de CD ou leurs DAC, boostant ainsi les signaux échantillonnés sur 16 bits à 44,1 kHz, et les autres, à 192 kHz sur 24 bits, ce qui permet d’annoncer des résultats chiffrés beaucoup plus flatteurs que si ces signaux étaient gardés dans leurs formats d’origine.

Ceci s’accompagne souvent d’un discours marketing vantant les avantages de cette technique, comme le naturel ainsi obtenu (ou retrouvé), ce qui, selon nous est très discutable, les fichiers audio numérique ainsi obtenus étant le résultats de calculs complexes.

Aussi, un fichier 16 bits à 44,1 kHz converti en 24 bits à 192 kHz par un SRC (Sample Rate Converter, convertisseur de taux d’échantillonnage) ne sera jamais un fichier 24 bits à 192 kHz natif, c’est-à-dire un véritable fichier Hi-Res provenant d’un studio, comme Qobuz en possède de très nombreux à son catalogue et comme les apprécient nombre de nos clients et abonnés Sublime !

Parce que, causer du pour et du contre la Hi-Res, comme nous venons aussi de le faire, ce n'est bien sûr pas interdit, mais dans le fond, est-ce que ça apporte (encore ?) quelque chose au débat, et le mieux n'est-il pas encore d'écouter de la musique, en Hi-Res ou pas, et surtout d'y prendre plaisir !

Vos avis, pour ou contre, sont aussi les bienvenus.

Cordialement.