... si l'on ose dire. En vérité, les [archives de la Salle de concerts numérique->http://www.digitalconcerthall.com/en/concerts/?a=qobuz&c=true] ont depuis peu décidé de proposer au public ébahi des concerts en vidéo enregistrés lors [l'époque Karajan->http://www.digitalconcerthall.com/en/concerts/conductor_herbert%20von%20karajan]. Les neuf de Beethoven y sont déjà, la Neuvième de Dvořák, les quatre de Brahms et plusieurs grands documentaires ; chaque mois l'on versera un nouveau concert aux archives. Fascinant !

L'un des temps forts de cette (re)sortie d'archives est sans nul doute la réalisation signée par le grand Henri-Georges Clouzot de la Neuvième Symphonie de Dvořák dite "Du Nouveau Monde", en 1966 : il s'agit vraiment là d'une mise en scène construite, pensée, cinématographique jusqu'au bout des ongles. En rien cela ne pourrait être un simple concert filmé en direct et en public, comme le sont tous les concerts dorénavant diffusés en direct dans la Salle de concerts numériques. En premier lieu, on n'est pas ici dans la Salle de la Philharmonie - ou bien si on l'est, tout est masqué par des tentures cachant soigneusement l'architecture, les sièges, les murs, le plafond ; pas de public, naturellement. Sur l'image, c'est l'Orchestre et Karajan, un point c'est tout.

Orchestre d'ailleurs sérieusement surdimensionné puisque Karajan double les effectifs de vents - huit cors au lieu de quatre, six trompettes en place de trois, vents par quatre plutôt que par deux - et gonfle les cordes de quelque 50%. Seules les timbales restent solo... Singularité par rapport à tout ce qui se fait à Berlin depuis Rattle et peut-être même (si je ne m'abuse) depuis Abbado, les cordes sont disposées selon le plan plaçant les violocelles à droite du chef - là où depuis la disparition de l'illustre Directeur musical autrichien, ce sont les altos qui sont installés à droite. On peut discuter à l'infini de la pertinence de l'un ou l'autre placement mais il est un fait indiscutable, c'est que l'agencement dit "à l'américaine" installant, de gauche à droite : premiers violons - seconds violons - altos - violoncelles, avec les contrebasses derrière les violoncelles, correspond organiquement à l'étagement harmonique habituel de l'écriture du quatuor à cordes, et par extension de la section de cordes d'un orchestre. Ensuite, on peut ergoter à l'infini des qualités des divers placements - il en existe même où les violons se font face, premiers à gauche du chef, seconds à droite. Quoi qu'il en soit Karajan a opté pour le placement étagé, "à l'américaine", et cela s'entend nettement dans les enregistrements en stéréo puisque le bloc de basses s'oriente résolument vers la droite.

Rien que les yeux...

Quoi qu'il en soit, la réalisation de Clouzot est un superbe monument d'intelligence musicale, cinématographique, qui réussit à instiller un élément de suspense quasi-Diabolique(s) dans sa mise en scène, souligné par la prise de vues en noir et blanc, particulièrement contrastée. A découvrir les yeux fermés (pas les vôtres, puisque c'est un film ! on parle des z'yeux du Meister), surtout avec le son fort soigné que propose la Salle de concerts numérique, mille fois meilleur que celui des sites gratuits d'hébergement de vidéos. En prime, le spectateur pourra suivre une interview du maestro au sujet de cet enregistrement - en anglais, qu'on se le dise.

Prochaines sorties des archives karajanesques : les concertos de Tchaikovsky et Rachmaninov avec Weissenberg, Otello de Verdi, Ravel-Debussy (pas le répertoire le plus convaincant de Karajan, mais l'exploration épaissement viennoise du maestro vaut son pesant de chocolat !), et d'autres dont nous vous tiendrons informés au fur et à mesure.

La saison complète 2014-2015 du Philharmonique de Berlin, sujette à d'éventuelles petites modifications dont nous vous tiendrons informés au jour le jour

La page de Qobuz dédiée au Philharmonique de Berlin avec tous les articles archivés

Les archives de la Salle de concerts numérique, soit quelque 280 concerts à ce jour.

NOUVEAU dans les archives : Les concerts de Karajan !