Captée en 1976 au studio Rivbea de Sam Rivers, cette session met en lumière cet artisan sous-estimé du free jazz, décédé il y a vingt ans. Charles Tyler, apprenti pianiste à Indianapolis, converti à la clarinette, à l’alto et au baryton, est d’abord influencé par Albert Ayler. Il enregistre et joue dans le groupe de celui-ci au milieu des années soixante. Puis il enseigne à Los Angeles, côtoie Arthur Blythe, David Murray, avant de revenir à New York. Là, il se rapproche des lofts, et grave cette longue pièce de trente-sept minutes, sur une basse (dédoublée) tournoyante, prépondérante (John Ore et Ronnie Boykins, deux ex-Sun Ra), entrecroisant ses chorus doux amers sur une trame polyphonique incarnée, inspirée par sa passion pour les westerns.