Le label Résonance ressort de l’oubli un nouvel inédit de la plus haute importance : on y découvre les premiers pas d’un nouveau trio sur une scène new-yorkaise. À sa tête, à sa main, le pianiste, s'y montre tel qu'en lui-même : Bouleversant. DISQUE DU MOIS

Après Freddie Hubbard et Wes Montgomery, voici que le label Résonance exhume un nouvel inédit d’importance. Il concerne Bill Evans. Dieu sait que les bandes publiées plus ou moins à la sauvette depuis la disparition du pianiste ont été légion, n’offrant que rarement une qualité audio à la hauteur de la musique. Rien de tout cela dans ce double album. D’abord, parce qu’il fut enregistré par un professionnel, dans les conditions du direct, avec l’accord des musiciens puis diffusé, une seule fois, sur une radio new-yorkaise. Ensuite, parce qu’il donne à entendre un trio fraîchement formé par Bill Evans avec le contrebassiste Eddie Gomez et le batteur Marty Morell qui allaient faire un long chemin avec le pianiste (près de sept ans), capté comme si vous y étiez, dans un club de Manhattan, le Top of the Gate, en octobre 1968. Comme dans le légendaire Sunday At The Village Vanguard de 1961, les bruits de verre et la rumeur des conversations en arrière-fond contribuent davantage à projeter l’auditeur dans l’atmosphère qu’à parasiter l’écoute. Capté sur scène, le pianiste explore, avec ce mélange de raffinement classique et de nervosité héritée du be bop qui était le sien, des standards (dont « My Funny Valentine »), des classiques du jazz moderne (« ’Round Midnight » de Monk qui prend des couleurs très originales) et quelques-uns de ses thèmes fétiches, notamment le bouleversant « Emily ». Édition impeccable, témoignages dans le livret, les vinyl maniacs seront heureux d’apprendre qu’en plus, une édition limitée en trois LP est également disponible.

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