Dix jours après avoir soufflé ses 80 bougies, le pianiste Alfred Brendel donnera deux leçons de musique à la Cité de la Musique les 15 et 16 janvier.

Samedi 15 janvier, à 20h00, Alfred Brendel se produira sur la scène de la Cité de la Musique à Paris. Aucun concert au programme de cette escale parisienne du grand pianiste qui fêtera ses 80 ans le 5 janvier 2011 mais une leçon de musique intitulée Ombres et lumières dans l'interprétation.

Le lendemain, dimanche 16 janvier, à 10h00 cette fois, le professeur Brendel proposera une master-class de quatuors à cordes. D’abord avec le Quatuor op.59 n°1 de Beethoven interprété par le Quatuor Ardeo composé de Carole Petitdemange (violon), Olivia Hugues (violon), Caroline Donin (alto) et Joëlle Martinez (violoncelle). Puis autour du Quatuor « La Jeune Fille et la Mort » de Schubert interprété par le Quatuor Voce composé de Sarah Dayan (violon), Cécile Roubin (violon), Guillaume Becker (alto) et Florian Frère (violoncelle). Enfin, Alfred Brendel s’appuiera sur le Quatuor n°14 op.131 de Beethoven interprété par le Quatuor Zaïde composé de Charlotte Julliard (violon), Pauline Frisch (violon), Sarah Chenaf (alto) et Juliette Salmona (violoncelle).

Alfred Brendel est l’immense pianiste que l’on sait. Mais celui qui aime à se déclarer autodidacte (« un professeur peut avoir trop d’influence ») est aussi un grand pédagogue, un essayiste et un poète. Comme il l’affirme lui-même : « Je ne suis pas exclusivement un musicien… J’attends avec impatience de me retirer de la scène pour me consacrer encore plus à l’écriture et aux conférences. »

C’est aujourd’hui chose faite : Brendel a cessé de se produire en récital ou en concerto ; mais c’est pour mieux se consacrer à la transmission de son art.

A noter que ces master class seront assurées par Alfred Brendel en anglais sans traduction.

Né le 5 janvier 1931 à Wiesenberg en Moravie (République tchèque), Alfred Brendel a étudié le piano, la composition et la direction d’orchestre à Zagreb et à Graz et a perfectionné ses études de piano auprès d'Edwin Fischer, Paul Baumgartner et Edward Steuermann. Il remporte le Concours Busoni en 1949 et sa carrière connaît alors un essor international. Il se produit dans toutes les plus grandes salles et les plus importants festivals.

Brendel a été le premier pianiste à enregistrer l’intégrale de l’œuvre pour piano de Beethoven et il a contribué dans une large mesure à faire figurer sur les programmes de concerts les sonates de Schubert et Schönberg. L’affinité qu’a Brendel avec la musique profondément dramatique et émotionnelle de Schubert n’exclut nullement le sens de l’humour de l’artiste. Dans un questionnaire, il a noté « rire » comme étant son occupation favorite. En 1984, sa conférence dans le cadre des Conférences Darwin données à l’Université de Cambridge, traitait du sujet : « La musique classique doit-elle être absolument sérieuse ? »

En 1998, Alfred Brendel a célébré le 50e anniversaire de sa carrière ce qui a fait l’objet d’événements tels que le Winterreise avec Matthias Gœrne aux festivals de Berlin, Belfast et Edimbourg, la dernière partie du cycle des concertos de Beethoven à Vienne avec le Wiener Philharmoniker et Sir Simon Rattle, un autre cycle des concertos de Beethoven à Munich avec Sir Colin Davis, et de nombreux récitals à travers l’Europe et les Etats-Unis. En 1999, Brendel a effectué une tournée avec le Quatuor Alban Berg, un mois en résidence à Carnegie Hall, des récitals avec Matthias Gœrne, et une tournée de récitals au Japon.

À l’occasion de son 70e anniversaire en 2001, Alfred Brendel a donné des séries de concerts à Londres, Paris, Vienne, Tokyo, Cologne, Amsterdam, Bruxelles et Francfort, les Concertos de Beethoven à Boston avec Seiji Ozawa, ainsi qu’au Festival de Salzbourg avec Sir Simon Rattle et l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Un documentaire a été spécialement commandé et filmé par la BBC, « Alfred Brendel : Man & Mask », diffusé à travers l’Europe qui a fait l’objet d’un DVD. En 2003 et en 2004, Brendel joue et enregistre toutes les Sonates pour piano et violoncelle de Beethoven avec son fils Adrian Brendel, et enregistre deux CDs avec Matthias Gœrne.

Alfred Brendel enregistre exclusivement pour Philips Classics. Pour célébrer son 65e anniversaire en 1996, Philips a sorti un coffret intitulé L’Art d’Alfred Brendel comprenant des enregistrements réalisés tout au long de sa carrière. Ses récents enregistrements depuis les concertos pour piano de Beethoven avec Sir Simon Rattle et l’Orchestre philharmonique de Vienne, trois disques de concertos de Mozart avec Sir Charles Mackerras et le Scottish Chamber Orchestra, les deux premiers disques de sonates de Mozart, un enregistrement live de sonates de Schubert, sortis à l’occasion de son 70e anniversaire. Dans la série des Great Pianists Of The XXth Century chez Philips, trois coffrets sont consacrés à Brendel incluant un certain nombre d’enregistrements publics publiés pour la première fois.

Outre la musique, Alfred Brendel a toujours été passionné de littérature qui reste sa seconde occupation. Il a publié deux livres, Musical Thoughts And Afterthoughts et Music Sounded Out, ce dernier ayant été récompensé en 1990 du Royal Philharmonic Society Music Award. Il a aussi publié, en allemand, deux recueils de poèmes humoristiques en prose, intitulés Fingerzeig et Störendes Lachen während des Jaworts. Une traduction anglaise de ces poèmes One Finger Too Many, a été publiée en 1998. Un recueil inédit de poèmes en prose traduits de l’allemand en français a été publié par Christian Bourgois en 2001. Le Voile de l’ordre, recueil d’entretiens d’Alfred Brendel avec Martin Meyer, publié chez Bourgois, a reçu à Paris le Prix Pelléas en octobre 2003.

A l’automne 2008, il fait ses adieux officiels à la scène avec un ultime concert à Vienne jeudi 18 décembre 2008. Une standing ovation de plus de vingt minutes saluera ce dernier concert d’Alfred Brendel, dans l’enceinte du Musikverein de la capitale autrichienne. Au terme d’une carrière de plus de 60 ans, le pianiste autrichien alors âgé de 77 ans, tira ainsi sa révérence avec son fétiche Concerto n°9 – Jeunehomme de Mozart.

Alfred Brendel est diplômé à titre honorifique des universités d’Oxford, Exeter et de Yale et a été fait Knight of the British Empire (Chevalier de l’Empire britannique) en 1989. Il a reçu en 1992 la Médaille Hans von Bülow de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Depuis décembre 1998, il est membre honoraire de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. En 2001, il a reçu un Cannes Classical Award et l’Edison Award pour l’ensemble de sa carrière et il a également reçu le prestigieux Beethoven Ring de l’Universität für Musik und dartellende Kunst Wien. L’année suivante il a obtenu le Leonie Sonning Music Prize à Copenhague, le Robert Schumann Prize der Stadt Zwichau, en 2002 le South Bank Show Classical Award.

Alfred Brendel a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en octobre 2003. En 2004, il reçoit le Prix Ernst von Siemens, équivalent pour la musique du prix Nobel pour les sciences et la paix. En 2007, il est récompensé par le prix « Une vie en musique - Arthur Rubinstein ». La même année, le virtuose annonce qu'il prendra sa retraite le 18 décembre 2008...

Le site officiel d’Alfred Brendel

Le site de la Cité de la Musique

Quand le Docteur Brendel osculte Schubert : époustouflant !