Paul Fournier est le directeur de l’Abbaye de Noirlac, dont les rencontres musicales ont lieu du 23 juin au 21 juillet.

Paul Fournier est directeur de l’Abbaye de Noirlac où sont organisées les Traversées. Ces rencontres musicales offrent un moment d’échange et de partage entres musiciens, visiteurs, styles et instruments. L’édition 2012 se déroule chaque samedi jusqu’au 21 juillet. Il décrypte pour nous les spécificités de cette édition 2012.

Le métissage et l’éclectisme sont-ils l’âme du festival ?

Paul Fournier : Oui pour le métissage si l'on considère qu'il est le fruit d'une rencontre elle même répondant à une réelle nécessité artistique. L'intelligence et le sens de cette rencontre se travaillent le plus souvent à l'abbaye de Noirlac lors de résidences de création. Le résultat de cette démarche se révèle le plus souvent surprenant dans la texture sonore elle même et plus généralement dans l'objet artistique inédit et parfois inouï, au sens propre du mot, qui nait de ce travail. Oui aussi pour l'éclectisme si la diversité et l'ouverture qui en résultent ne nuisent pas a la cohérence de l'ensemble et au souci d'exigence artistique qui est au cœur du projet!

Le public vous suit-il dans cette vision à 360 ° ?

P.F. : C'est la vraie question ! Pourquoi et pour qui faisons nous cela ? Pour les artistes à qui nous offrons, dans des partenariats parfois pluriannuels, une visibilité dans leur travail et un "abri" pour réfléchir, élaborer et créer des œuvres nouvelles. Bien sûr pour le public qui n'est pas forcement habitué à cette démarche hors des sentiers battus. C'est du travail de conviction sur le long terme au quel nous nous attelons avec enthousiasme et qui s'adosse sur notre conviction de la capacité du public, et même de son envie, à voyager dans des univers différents. Une petite étude sur le public des Traversées menée l'an dernier nous renforce dans cette conviction : 30% de primo visiteurs, et sur l’ensemble des réponses, 85% ne connaissaient pas la musique qu’ils venaient d'entendre et 90% se déclaraient enchantés de leur découverte! Le monument est très important dans cette rencontre artistique ; il est bien souvent le troisième partenaire du rendez vous entre les artistes et le public et joue un rôle de médiation.

Pourquoi mettre Bach et Beethoven à l’honneur cette année ?

P.F. : Bach et Beethoven constituent des repères indispensables dans cette programmation majoritairement orientée vers la création. Le premier sera présent dans l’esprit même des Traversées avec cette restitution magnifique attendue des cantates proposée par Damien Guillon et quelques temps plus tard, l’hommage très émouvant rendu par Pierre Henry à L’Art de la fugue. La figure universelle de Beethoven, lui donnait toute sa place, notamment lors d’un concert le 14 juillet avec deux symphonies majeures, la 3e et la 7e.

Avec les ateliers enfants, vous vous préparez à fidéliser le public de demain ?

P.F. : Nous espérons que ces moments de pratiques artistiques constitueront une expérience importante dans le parcours de ces enfants. L’autre idée qui préside à la mise en place de ces ateliers est notre volonté de donner une dimension intergénérationnelle aux manifestations artistiques proposées à l’abbaye. Vivre le monument et ce qui s’y passe ensemble mais avec des propositions différentes en fonction de l’âge.

Un ou deux coups de cœur personnels pour cette cuvée 2012 ?

P.F.: Toujours difficile… je pense que la journée du 14 juillet constituera un parcours, une traversée intéressante entre deux mythes : le premier, Pierre Henry, à plus de 80 ans d’une puissance créatrice toujours impressionnante ; le second, Beethoven magnifiquement « ressuscité » par le talent et les recherches musicologiques de Jos van Immerseel qui dirigera Anima Eterna Brugge, l’un des plus beaux orchestres d’Europe aujourd’hui. Et entre ces deux concerts, une improbable performance entre une danseuse de flamenco d’une incroyable énergie et un pianiste de jazz…

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