Comme nous avons pu le constater lors de la dernière édition du Salon de la Hi-Fi et du Home Cinéma, la dématérialisation de la musique prend son essor. Mais, comme Qobuz l’a toujours promu, celle-ci ne doit pas se faire au détriment de la qualité et il ne servirait à rien que les constructeurs proposent des lecteurs réseau capable de traiter des fichiers audio jusqu’à 24 bit à 192 kHz si les amateurs leur donnent du MP 3 à digérer. Ceci est d’autant plus patent lorsque l’on teste un lecteur réseau comme la nouvelle Stream Box DS du constructeur Pro-Ject que nous avons découverte lors de ce même salon et dont les qualités sonores nous ont littéralement conquis.

Née en 1991, la marque autrichienne Pro-Ject s’est principalement fait connaître en proposant aux amateurs de disques noirs des platines vinyle de qualité aux dessins modernes et agréables et dont la plus grande partie de la gamme reste à des tarifs tout à fait accessibles.

Pour venir en complément de ses platines vinyle, le catalogue Pro-Ject comprend également des amplificateurs phonos autonomes, dont deux modèles à tubes, et aussi deux régulateurs de vitesse utilisables avec certains modèles. Présentés dans des boîtiers compacts avec une façade en aluminium, sobre et agréable, tous ces éléments sont assez compacts et facilement intégrables.

Le constructeur a également développé dans cet esprit de compacité une gamme d’électroniques variées et à laquelle il a donné le nom de Box Design.

On y trouve deux lecteurs de CD, un tuner, deux docks pour iPod, un convertisseur numérique analogique, une «Media box» permettant de lire des fichiers audio stockés sur clef USB, disque dur externe ou carte SD, et la nouvelle Stream Box DS, qui, comme son nom l’indique, permet de lire des fichiers audio en streaming par liaison Ethernet filaire ou Wi-Fi, mais également en local depuis deux périphériques USB, et propose également la fonction radio Internet. C’est cette Stream Box DS que nous allons découvrir au travers de ce banc d’essai.

N’égarez surtout pas la télécommande

En effet, la façade très sobre et plutôt dénudée de la Stream Box DS ne met à disposition de l’utilisateur que le bouton de mise en marche et un superbe écran couleur de 3,5 pouces (8,9 cm) et une prise USB et on y trouve aussi le récepteur de la télécommande. Cette façade est réalisée en aluminium anodisé brossé de 3mm d’épaisseur en finition naturelle ou noire et ne présente aucune vis de fixation apparente.

D’un dessin agréable, la télécommande permet d’accéder à toutes les fonctions de la Stream Box DS et possède même deux touches de volume qui sont inopérantes avec celle-ci.

On y trouve le classique pavé de navigation dans les menus, les touches de lecture/pause et de saut avant et arrière comme sur un lecteur de CD, une touche de silencieux (mute) et diverses autres touches dont un pavé alphanumérique semblable à celui d’un téléphone mobile et permettant de rechercher les radio Internet en tapant leur nom ou de rentrer la clef de cryptage réseau.

Fabrication et connectique

Les fabrications des pays germaniques ont toujours eu dans tous les domaines une réputation de sérieux et de solidité, ainsi, à son seul poids, la Stream Box DS inspire déjà confiance.

Sa construction fait appel à un châssis interne en tôle d’acier pliée en U formant la face arrière, le fond et la contre-façade avant sur laquelle est fixée par deux vis internes la façade en aluminium. Le capot monobloc est réalisé en tôle d’acier de 2mm d’épaisseur et contribue pour beaucoup au poids de l’appareil. Bref, du très solide !

La connectique de la face arrière n’est pas pléthorique, une prise réseau RJ45 (doublée par une liaison Wi-Fi), un port USB, une sortie audio numérique coaxiale et une sortie audio stéréo sur prises Cinch, mais cela suffit pour une utilisation normale.

L’alimentation se fait par un petit bloc secteur externe.

Paramétrage et utilisation

Lors de chaque mise sous tension, la Stream Box DS procède à un auto test qui dure une trentaine de secondes et affiche ensuite le menu principal. Celui-ci permet de choisir entre les favoris, l’entrée USB1 (façade), l’entrée USB2 (arrière), le média center pour se raccorder par Ethernet à un ordinateur, les radios Internet ou les différentes configurations possibles (settings), parmi lesquelles la configuration du réseau, le choix entre deux thèmes d’écran, la mise à jour du logiciel, etc.

On notera que la Stream Box ne propose que l’anglais et l’allemand comme langues mais son utilisation d’une grande aisance et ses autres caractéristiques font vite oublier ce petit manque (qui peut aisément être corrigé par une mise à jour du logiciel par le constructeur).

En effet, la Stream Box DS est de type uPnP (universel Plug and Play ou on branche et ça marche) et dispose également de la fonctionnalité DLNA. Elle permet également la lecture sans coupure de fichiers contigus (gapless) ou pour écouter une œuvre dont les plages s’enchaînent sans interruption, une possibilité que n’intègrent pas encore tous les lecteurs réseau et qui est un atout indéniable.

Aperçu technique de la Stream Box DS

Le cœur de la Stream Box DS est constitué d’un processeur réseau BridgeCo DM860 associé à un récepteur Ethernet Realtek RTL8201. Les deux entrées USB sont commutées par un circuit AP2171.

La conversion numérique analogique est confiée à une puce Cirrus Logic CS4344 traitant les fichiers audio jusqu’à 24 bit à 192 kHz.

Les étages de conversion numérique analogique et de filtrage de ce circuit utilisent une technique appelée «à capacité commutée» que je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer sur aucun appareil lors des années que j'ai passées dans la presse Hi-Fi.

On peut donc dire que c’est une découverte à tous points de vue (et d'écoute !). Ce circuit se trouve par ailleurs masqué par le circuit souple blanc qui relie les deux cartes et nous l'avons "zoomé" dans un autre cadre.

A l’écoute de la Stream Box DS

Autant le dire tout de suite, la restitution sonore de la Stream Box DS nous a paru exceptionnelle.

Vous ne serez pas surpris que le grand amateur de classique qui écrit ces lignes aime entendre les moindres détails d’un enregistrement et que lorsqu’il écoute ses musiques préférées, son rêve serait d’avoir l’orchestre dans son salon !

On ne va pas dire qu’avec le Stream Box ce rêve est devenu réalité, mais pour ce qui est des moindres détails, là on est servi, car cet appareil est en effet pourvu d’une capacité d’analyse qui nous a laissé à la fois pantois par tant de précision et complètement sous le charme, et ceci en streaming comme en lecture locale sur disque dur.

Mais précision ne signifie nullement «sécheresse», loin de là, car si nous pouvons entendre ces détails, c’est qu’ils existent sur l’enregistrement et qu’ils en font partie intégrale, au même titre que les signaux les plus extravertis.

Car, par ailleurs la Stream Box DS se montre tout autant à l’aise pour restituer avec maestria toute la puissance d’un orchestre symphonique en développant un espace sonore de toute beauté avec une excellente mise en place des instruments et en donnant, chose assez peu courante, une sensation de mise en place dans le sens de la profondeur.

Bien sûr, il faut que le reste du système soit en mesure de suivre la finesse de l’analyse de la Stream Box DS, en particulier au niveau du recul du bruit de fond de l’électronique et des capacités des enceintes à se montrer précises, principalement dans les registres médium et aigu, et qu’à l’autre extrémité les passages puissants bénéficient de tout l’impact nécessaire.

Ainsi, nous avons pu apprécier encore plus qu’à l’habitude la Fantasia on British Sea Song de Henry Wood où les passages les plus doux étaient révélés avec une acuité extraordinaire, et où le grain des cordes jouant à la limite du perceptible venait caresser l’ouïe avec une grande délicatesse, tandis que l’entrée des cuivres annonçant le Rule Britannania sonnait avec magnificence et sans accentuer de la moindre manière qui soit la sonorité métallique des instruments, ce qui est assez rare.

Nous avons été totalement conquis par la restitution sonore de la Stream Box DS et toutes les musiques que nous lui avons demandé de restituer l’ont été avec un bonheur égal, que ce soit les impacts puissants des basses et le chant du saxophone de l’album Size des Bee Gees ou la voix si particulière de Paul Young dans sa magnifique chanson Broken Man, ou bien encore le délicat toucher du pianiste Frédéric D’Oria Nicolas dans le premier mouvement de la Sonate D960 de Schubert où la subtile extinction des notes s’accompagne de silences que nous oserions presque qualifier de musicaux.

Avec des fichiers audio en qualité Studio Masters, comme le final de la Dante Symphony de Liszt par Gianandrea Noseda, la sensation d’espace sonore, l'aération, la précision et la fluidité semblent encore accentuées et confirment les qualités musicales d’exception de cette Stream Box DS.

Pour terminer, j’oserais également une autre comparaison, chose très inhabituelle de ma part, à savoir que je n’ai pu constater un tel niveau de définition et de précision sonore que sur certains lecteurs de SACD valant six ou sept fois le prix de la Stream Box DS et encore la restitution de cette dernière semble-t-elle globalement plus raffinée.

Pourquoi nous avons choisi de décerner notre première Récompense Qobuzissime à la Stream Box DS ?

Au fil de nos tests d’appareils, que ce soit des convertisseurs numérique analogique ou des lecteurs réseau, nous nous apercevons que ceux-ci procurent généralement un très bon rendu sonore empreint de neutralité (NuForce Icon HDP, Advance Acoustic MDX 600, Antelope Zodiac), ou parfois un peu typé, comme le lecteur réseau Cambridge NP30, à la restitution chaleureuse mais pas toujours très regardant sur les détails.

Si ce n’est l’Antelope Zodiac bénéficiant d’une qualité de fabrication et d’une conception quasi professionnelles et qui se trouve de fait positionné à un tarif que nous qualifierons de haut de gamme, les modèles que nous avons cités sont proposés à des tarifs tout à fait attractifs.

Il nous paraît clair que la Stream Box DS, proposée à moins de 800 euros, simple d’utilisation, permettant la lecture en «gapless», pouvant piloter deux disques durs en local qui la transforment en petit media center, bénéficiant d’une extraordinaire capacité d’analyse et restituant un message musical d’une pureté que nous osions à peine imaginer, va faire le buzz dans ce petit monde des nouvelles sources Hi-Fi en pleine expansion.

Véritable référence à nos oreilles, la Stream Box DS place la barre très haut, et, cerise sur le gâteau, est proposée à un tarif qui reste tout à fait abordable.

Nous lui décernons donc notre première Récompense «Qobuzissime».

Caractéristiques

mode d’emploi

Mise à jour firmware du 10/11/2011 :

Documentation PDF

Application pilotage pour iOS et android

Quelques précisions quant à la réalisation des tests Hi-Fi Qobuz

Nous voudrions par ces lignes répondre à certains audiophiles qui nous lisent et se posent des questions sur nos capacités à évaluer la qualité d’un produit, et ceci en citant en référence une revue américaine bien connue dans les milieux audiophiles, et nous allons leur faire plaisir, les rassurer, et aussi un peu les décevoir en répondant à leurs attentes.

L’auteur de ces lignes réalise actuellement les tests à son domicile sur son installation personnelle qui n’a rien d’ésotérique. Pour ce test de la Stream Box DS, celle-ci est allée piocher des fichiers musicaux, dont certains en qualité Studio Masters sur un EEE PC Asus disposant d’un disque dur de 500 Go et aussi localement sur un disque dur USB.

Les sorties analogiques stéréo de la Stream Box DS ont été reliées par un câble de qualité standard à un préamplificateur de conception Sélectronic, très puriste, et équipé en tout et pour tout de quatre transistors Fet et MosFet en montage symétrique et de deux potentiomètres de volume et d’une alimentation séparée de 2x24 V. Sa bande passante s’étend du continu à environ 2 MHz.

Les enceintes sont des modèles actifs à trois voies conçues et réalisées par l’auteur, chacune intégrant le filtrage actif et un amplificateur par haut-parleur (les alimentations sont dans des boîtiers séparés). Elles sont reliées au préampli par transformateurs symétriseurs et leur bande passant s’étend (sans atténuation) de manière linéaire d’environ 30 Hz à 40kHz. Evaluer leur prix ? Très difficile, mais leurs performances surclassent nombre d’enceintes du commerce, même à plus de 9999 euros…