Jusqu'au 13 mars, une exposition évoque le mandat du pape de l’opéra contemporain à l’Opéra de Paris, de 1973 à 1980.

Jusqu'au 13 mars 2011 à la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris se tient l’exposition Rolf Liebermann à l’Opéra de Paris (1973-1980). À l’occasion du centenaire de la naissance de cet acteur clef du monde lyrique et de la reprise à l’Opéra des Noces de Figaro de Mozart dans la légendaire production de Giorgio Strehler, la Bibliothèque Nationale de France et l’Opéra National de Paris consacrent une exposition à l’un des plus grands directeurs de théâtre du XXe siècle.

« Musicien » comme il se définissait lui-même, compositeur et directeur d’institutions musicales, Rolf Liebermann (1910-1999) s’est taillé une réputation de « pape de l’opéra contemporain » après avoir exercé les fonctions d’intendant général de l’Opéra de Hambourg, entre 1957 et 1972. Le succès qu’il remporte à la tête de ce théâtre encourage les pouvoirs publics français à lui confier les destinées de l’Opéra de Paris auquel il s’agit de rendre un faste que certains croient définitivement perdu.

Au travers d’une centaine de pièces – dessins, maquettes de décors, photographies, costumes, programmes, documents audiovisuels, archives provenant des collections de la BNF, de l’Opéra de Paris et du Centre National du Costume de Scène de Moulins, cette exposition rend compte du mandat de Liebermann à l’Opéra de Paris (1973 -1980) qui demeure l’une des époques les plus brillantes du Palais Garnier. En effet, sous son impulsion, le théâtre renouvelle son répertoire lyrique et chorégraphique tout en accueillant les metteurs en scène, les scénographes, les chorégraphes et les interprètes les plus talentueux du moment.

Une présentation de l’action administrative, artistique et politique de Rolf Liebermann à la tête de Garnier permet d’évoquer les aspects les plus emblématiques de sa direction : la commande de la partition de l’opéra Saint-François d’Assise à Olivier Messiaen, les discussions avec les pouvoirs publics sur l’avenir de l’Opéra-Comique, les accords de coproduction signés avec la Scala de Milan, la politique de démocratisation culturelle et de captation audiovisuelle des spectacles, ou encore l’évolution de la structure juridique et administrative de l’Opéra de Paris.

Les productions lyriques de l’« ère Liebermann » – devenues mythiques pour un grand nombre d’entre elles – constituent le cœur de cette exposition : Les Noces de Figaro dans la mise en scène de Giorgio Strehler, Les Contes d’Hoffmann et Lulu dans celles de Patrice Chéreau, Pelléas et Mélisande et Faust dans celles de Jorge Lavelli, Le Ring interrompu après La Walkyrie en raison des difficultés économiques, Boris Godounov de Joseph Losey.

Hommage est aussi rendu aux grands interprètes invités par Liebermann : les chefs d’orchestre Karl Böhm, Pierre Boulez, Josef Krips, Georges Prêtre ou Georg Solti, les chanteurs Gabriel Bacquier, Teresa Berganza, Régine Crespin, Plácido Domingo, Christiane Eda-Pierre, Christa Ludwig, Lucia Popp, Margaret Price, Ruggero Raimondi, Frederica von Stade, Teresa Stratas, Kiri Te Kanawa…

Enfin, l’exposition s’attache à mettre en valeur l’œuvre considérable de Rolf Liebermann dans le domaine de la danse. Lors de sa direction, les grands ballets classiques, oubliés par la troupe depuis le XIXe siècle comme Coppélia ou La Sylphide sont repris tandis que les ballets de Marius Petipa, tel La Belle au bois dormant, entrent au répertoire de l’Opéra. Liebermann s’efforce également de tisser des relations avec les chorégraphes de son temps : il invite George Balanchine à plusieurs reprises, tout comme Merce Cunningham, Maurice Béjart, Roland Petit – qui donne deux créations au Palais Garnier : Nana et Le Fantôme de l’Opéra – et surtout Carolyn Carlson qui, au sein du Groupe de recherche théâtrale de l’Opéra de Paris (GRTOP), ouvre l’opéra à d’autres formes de danse. Lorsqu’il quitte ses fonctions, en 1980, Liebermann a « sauvé » l’Opéra de Paris et laisse un théâtre au prestige renforcé et au répertoire enrichi.

L’Opéra de Paris reprend à l’Opéra Bastille Les Noces de Figaro dans la mise en scène de Giorgio Strehler les 13, 17, 21, 23, 26, 28, 31 mai et 2, 5 et 7 juin 2011.

Le site de l’Opéra National de Paris

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