Si les petits amplificateurs numériques font beaucoup parler d'eux, même chez Qobuz, les amplificateurs analogiques audiophiles restent des valeurs sûres, comme le nouvel Armature Audio Phobos, une belle bête dotée d'une électronique affutée intégrant un DAC, très performante et impressionnante par sa puissance maîtrisée, amplificateur que nous avons récompensée d'un Qobuzissime.

Après le DAC avec amplificateur pour casque Oberon et le DAC avec convertisseur R2R en composants discrets Asterion, l'amplificateur Armature Audio Phobos est le troisième appareil de la marque d'électroniques de haut de gamme d'Audiophonics que nous testons et c'est également le premier amplificateur revendiquant l'appellation Hi-End qu'audiophonicsi a développé et dont nous avons le plaisir de vous présenter le banc d'essai.

L'amplificateur Phobos, qui a choisi de s'appeler comme le plus grand des deux satellites de Mars, affiche clairement ses intentions combatives (et non belliqueuses !) sur le terrain des amplificateur puissants et musicaux réalisés sans compromis et s'arme pour cela d'un coffret solide comme un Hummer et d'une électronique balaise où trône un puissant et lourd transformateur toroïdal de 500VA qui ne peinera aucunement pour délivrer du courant aux étages de puissance pouvant délivrer 2 x 130W dans 8&#8486 et constitués de six transistors de puissance MosFet sur chaque canal.

Et comme tout amplificateur en phase avec la dématérialisation de la musique enregistrée, il est équipé d'un DAC USB et S/PDIF pouvant décoder les signaux Hi-Res jusque 24 bits à 192 kHz et aussi DSD (y compris en S/PDIF) tout en disposant de quatre entrées analogiques dont une de type symétrique pour les amateurs disposant d'une source sortant des signaux de ce type. Maintenant, place au banc d'essai.

Présentation

Pour du sérieux, c'est du sérieux cet amplificateur Armature Phobos, déjà quand on l'a sorti de son emballage à bout de bras et que l'on cherche hâtivement un support solide pour poser ses 18,6 kg. Et, une fois qu'il est posé et qu'on le regarde, on se dit qu'il a une sacrée gueule avec son boîtier tout en aluminium anodisé noir satiné de forte épaisseur équipé de solides radiateurs latéraux avec de larges ouïes oblongues où l'on peut glisser les doigts sans risque de se blesser.

Ce n'est donc pas un rikiki et sa façade est équipée de deux gros boutons moletés encadrant un large afficheur (visible de loin) à matrice de points de couleur bleu clair affichant la source, sélectionnable par le bouton de gauche, qui sert aussi à la mise marche ou en veille par pression centrale, ainsi que le niveau en dB relatifs (de -96 à 0 dB par pas de 0,5 dB, soit pas loin de 200 pas) réglé par le bouton de droite, une pression en son centre mettant l'amplificateur en mode silence, Mute remplaçant alors le nom de la source à l'affichage après que celui-ci ait glissé vers le bas et soit revenu en place.

La télécommande, en aluminium anodisé noir satiné comme l'amplificateur, permet un accès direct aux sources, le réglage de l'intensité de l'afficheur jusqu'à l'extinction, et également le réglage de la balance droite gauche que l'on peut mémoriser en même temps que le volume, par la touche Settings, l'appui sur la touche Recall remettant l'amplificateur dans la configuration enregistrée si l'on a changé les réglages en cours d'écoute sans les mémoriser.

La connectique de l'amplificateur Armature Phobos est assez riche et ne délaisse pas les entrées analogiques (trois Aux sur prises Cinch, dont une en mode symétrique sur prises XLR) pour se concentrer sur les entrées numériques qui sont au nombre de quatre, USB B et trois S/PDIF, coaxiale sur Cinch, sur BNC (connecteur à baïonnette) et optique, ces deux dernières ne pouvant être connectées simultanément, l'entrée optique étant sélectionnée par BNC, le tout sur des connecteurs d'excellente facture.

Les signaux stéréo analogiques stéréo du DAC sont disponibles sur prises Cinch, on a également droit à une sortie pré amplifiée et quatre connecteurs de très belle qualité permettent de brancher une paire d'enceintes. Ils sont partiellement moletées pour faciliter le serrage de fil dénudé, si l'on n'utilise pas de fiches banane.

Réalisation

Le châssis de l'amplificateur Armature Phobos, c'est du solide et sa structure est assez particulière car son poids élevé dû en grande partie à son énorme transformateur toroïdal disposant de multiples enroulements aurait tôt fait de mettre à mal un châssis de conception classique en simple tôle pliée. La façade et les deux radiateurs qui sont solidement solidarisés servent en quelque sorte de pièce maîtresse supportant les faces arrière, inférieure et supérieure qui y solidement fixées par des vis à pas métrique de 5 mm (préférable de loin à des vis auto taraudeuses). Et on peut vous dire que pour être rigide ce châssis est rigide !

Comme on peut le constater l'intérieur est bien rempli et on remarquera aussi la qualité des câbles et connecteurs véhiculant les signaux audio en interne puisqu'il s'agit tout simplement de connecteurs plaqués or et câbles coaxiaux gainés de téflon comme ceux utilisé en haute fréquence ou dans les appareils de mesure, voilà.

La carte numérique et de conversion numérique analogique est montée en hauteur le long de la face arrière et son autre extrémité est visée sur deux colonnettes solidaires du fond du boîtier.

Cette carte possède ses propres alimentations, chacune d'elles bénéficiant d'un copieux filtrage confié à huit condensateurs électrochimiques de 3300 μF/25V. Les régulations de tension sont assurées, pour la partie numérique (à gauche) par trois trois régulateurs ajustables à faible différence de tension entrée sortie (drop out) LM2941S de National Semiconductor. Quant à la partie analogique, à droite, elle utilise elle aussi un LM2941S ainsi qu'un régulateur négatif ajustable LM2991S afin de générer des tensions symétriques pour l'alimentation des divers amplificateurs opérationnels.

Le processeur USB chargé d'extraire le bus I2S est un modèle CMedia CM6631A et l'on peut voir sur sa droite l'oscillateur fournissant son horloge interne et au-dessus les oscillateurs à 45,158 MHz et 49,152 MHz servant à la synchronisation avec les signaux audio numérique à 44,1 kHz et multiples et à 48 kHz et multiples.

Vers le bas, sous le processeur XMOS se trouve le récepteur décodeur des signaux S/PDIF, un Cirrus Logic CS8416, un classique de qualité utilisé dans de nombreuses réalisations. A droite de celui-ci prend place un convertisseur de taux d'échantillonnage Burr-Brown SRC4192 puis vient la puce de conversion numérique analogique, un PCM1794 du même fabricant, compatible 24 bits à 192 kHz et aussi DSD.

Le PCM1794 sortant des signaux en courant et en mode différentiel (même intensité mais variant en sens inverse), ceux-ci sont transformés en signaux en tension par quatre amplificateurs opérationnels simples OPA132 Burr-Brown qui sont ensuite nettoyés par un filtre actif organisé autour d'un amplificateur opérationnel double à très faible bruit Linear Technology LT1028 (les condensateurs utilisés dans ce filtre, qui sont des modèles de type audiophile et assez encombrants, sont soudés sur l'autre face). On remarquera aussi les prises coaxiales dorées de type haute fréquence professionnelle.

Ces signaux parviennent alors à la partie préamplification où ils sont commutés par des relais, comme les autres entrées présentes sur la carte qui sont tamponnées par des amplificateurs opérationnels simples OPA134. La désymétrisation des signaux des entrées symétriques XLR est confiée à des NJM5534 de JRC (New Japan Radio Company). Un circuit de réglage de volume PGA2310 de Burr-Brown prend place également sur cette carte (en haut à droite).

Les signaux sont alors dirigés vers les cartes d'amplification montées sur leurs énormes radiateurs. Les tensions de deux enroulements du transformateur arrivent sur chaque carte d'amplification, sont redressées par des diodes de puissance puis filtrées par quatre condensateurs électrochimiques Nichicon de 3300 μF/100V, deux autres de 1200 μF/100V servant probablement au filtrage des tensions (qui semblent être régulées) des étages précédant les transistors de puissance et nécessitant des tensions très stables, qui ainsi ne seront pas perturbées par les appels de courants sur les alimentations de puissance, dont l'étage d'entrée différentiel utilisant des transistors JFet National Semiconducteur NPD5565 appairés réalisés sur un même substrat.

Cet amplificateur Phobos ne faisant pas les choses à moitié, chaque carte d'amplification utilise une triple montage push-pull réalisé avec des transistors de puissance MosFet Hitachi 2SJ162 et 2SK1058, des modèles réputés pour leurs qualités sonores et souvent utilisés dans les réalisations sous formes de kits. Ici encore on peut remarquer l'emploi de composants passifs de qualité audiophile, comme des condensateurs à couche de type MKH.

Ecoute

Dans un premier temps, nous avons utilisé l'amplificateur Armature Asterion depuis son entrée USB B, c'est-à-dire avec son DAC interne, et pilotant nos enceintes Triangle Antal Anniversary

Une des premières choses, si ce n'est la première chose, que l'on remarque à l'utilisation de l'amplificateur Armature Phobus, c'est l'extrême précision de son réglage de volume, en dB relatifs, ce qui permettra de doser aux petits oignons le niveau d'écoute, et ce même si l'on possède des enceintes avec une excellent rendement, ceci étant très appréciable sachant qu'on dispose de 2 x 130W de puissance sous le capot et que ça peut vite faire du bruit !

Mais là il n'est pas question de bruit, mais de musique, et, comme un moteur de voiture de grosse cylindrée disposant d'un couple puissant sachant aussi bien rouler à faible allure sans à-coups et en toute quiétude et tout aussi bien monter en régime avec la même aisance, l'amplificateur Armature Phobos sait se montrer extrêmement suave avec les musiques les plus douces et délicates, comme le célébrissime tableau Au Matin de Peer Gynt de Grieg, parJeffrey Tate dirigeant le Berliner Philharmoniker, tout en sachant aussi bien suivre, grâce à son excellente définition sonore et son sens du rythme, la montée graduelle en puissance du tout aussi célèbre tableau Dans le Hall du Roi de la Montagne pour restituer avec une aisance remarquable l'explosion orchestrale finale où les timbales tonnent avec puissance tandis que les cymbales fendent l'air de leur sonorité métallique sans la moindre dureté.

On notera d''ailleurs l'excellente présence de la moindre intervention du triangle et des plus petits détails instrumentaux tout au long des nombreux extraits que nous avons écoutés, et aussi un équilibre sonore qui nous a parfaitement convenu, et à aucun moment nous n'avons eu envie de baisser le son qui était plutôt fort, ce qui témoigne d'une restitution sonore de grande qualité n'apportant que plaisir auditif et aucunement de fatigue.

Utilisons maintenant l'entrée analogique 1 de l'amplificateur Armature Phobos raccordée à notre DAC Leaf Audio équipé d'un convertisseur Burr-Brown PCM5102 utilisé sans post filtrage, et donc exempt de contre réaction.

Avec les Carmina Burana de Carl Orff par le London Philharmonic Choir et le London Philharmonic Orchestra dirigé par Hans Graf (version Hi-Res 24 bits à 44,1 kHz), une œuvre plus riche encore en couleurs orchestrales et chorales que Peer Gynt, jouant aussi de la dynamique, l'amplificateur Armature Phobos s'en est donné à cœur joie pour nous propulser face à l'orchestre et aux chœurs dont il a su sans peine tirer la quintessence pour nous faire passer un moment de musique assez grandiose dans notre petit bureau, poussant pour l'occasion les murs en déployant une large image sonore entre et à l'extérieur des enceintes et y plaçant avec précision les divers groupes d'instruments ou instruments solos, que le niveau sonore soit faible ou fort, en notant, là encore, la facilité à isoler les lignes mélodiques les plus ténues comme à laisser s'exprimer dans toute leur force les masses orchestrales et chorales. C'est là que l'on s'aperçoit qu'avoir beaucoup de puissance en réserve sert aussi bien les faibles que les forts niveaux sonores.

Dans un autre style, la restitution sonore qui nous a été offerte par l'amplificateur Armature Phobos de l'album culte The Wall de Pink Floyd fait partie des grands moments que nous avons partagés avec cette musique par la densité du message sonore délivré par le Phobos, la puissance émotive qui se dégage des ambiances, la cohérence, l'équilibre et la beauté de chaque instant musical avec des guitares aux accords d'une grande finesse et des impacts de grave fermes et puissants.

Avec 2 x 130W / 8Ω, et sans doute beaucoup plus avec nos enceintes Triangle à l'impédance plus proche de 4Ω que de 8Ω, on attendait de voir, ou plus exactement d'entendre ce qu'allait donner l'Armature Phobos avec les titres aux graves survitaminés des titres North Star et Silent Spac de l'album Tale Of Us. Et bien, la restitution a elle aussi été survitaminée et a atteint des niveaux sonores encore jamais connus dans les locaux de Qobuz ! Ce qui est étonnant aussi, malgré cette déferlante de graves puissants et bien tenus, et à volume sonore très soutenu, plus encore que la liberté laissée aux (maigres) autres registres, c'est de ne pas ressentir d’oppression sonore, ceci étant probablement à mettre à l'actif de l'amplification à transistors MosFet si nous en croyons notre expérience avec ce type de transistor, d'autre type d'amplification nous ayant aussi procuré de fortes impressions avec ces titres, mais nous ayant aussi vite incités à baisser le volume, ce qui n'est pas le cas ici.

En conclusion, l'amplificateur Armature Audio Phobos est une très belle et très sérieuse réalisation offrant des prestations sonores très élevées avec une puissance très importante ne générant pas de fatigue auditive même à niveau sonore soutenu, et parfaitement maîtrisable grâce à un réglage de volume très progressif, tout cela récompensé par un Qobuzissime.

Caractéristiques

Mode d'emploi

Site Armature Audio

Contact

Nos remerciements à Audiophonics pour le prêt de l'amplificateur Armature Audio Phobos.

Capacités de lecture

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