En vingt ans d'existence, le Festival de Verbier s'est rapidement hissé au sommet de ce genre de manifestation. Normal, direz-vous, à 1500 mètres d'altitude, alors qu'il a les montagnes de quatre vallées pour cadre, dans une station chic fréquentée depuis longtemps par des stars et des résidents aisés. Mais la recette du succès de Verbier, c'est cette exceptionnelle concentration d'artistes qui viennent chaque année grâce au sens de l'organisation infaillible de son créateur, Martin Engström, et à son fabuleux carnet d'adresses qui comprend tous les monstres sacrés de la planète classique aujourd'hui, de Zubin Mehta, qu'on voit arriver en hélicoptère, à Barbara Hendricks, Evgeny Kissin, Renaud Capuçon, Radu Lupu, Martha Argerich et bien d'autres qui sont ici chez-eux.

Le Festival de Verbier c'est aussi la découverte des artistes de demain, ces graines de « vedettes » qui viennent jouer ici devant un parterre de mélomanes conquis d'avance, mais aussi devant des personnalités mondiales qui assureront ensuite la carrière de ces étoiles montantes. Emblématique de cette démarche, les Concertos pour piano de Beethoven présentés cette année en deux concerts par cinq jeunes pianistes, Louis Schwizgebel, David Kadouch, Adam Laloum, Denis Kozhukhin et Yevgeny Subdin que le public pourra ainsi découvrir sous la baguette experte et protectrice du vétéran Charles Dutoit (photo ci-dessous), à la tête de l'Orchestre du Festival.

Musique symphonique, musique de chambre, musique sacrée, récital, tous les genres sont abordés en quinze jours d'une intense programmation. Les programmes sont assez classiques et ne sortent pas d'un répertoire prudent qui ne découragera pas les habitués. Certaines affichent font rêver, comme celle annonçant le Trio en la mineur de Tchaïkovski et le 2ème Quintette avec piano de Dvorak qui va réunir, le 31 juillet, Renaud et Gautier Capuçon, Maxim Vengerov, Yuri Bashmet, Mischa Maisky et Itamar Golan.

Les enfants sont choyés à Verbier. C'est vrai qu'ils représentent les mélomanes de demain. Pour eux, des concerts commentés, des jeux musicaux, des rencontres avec les artistes et même un atelier de composition musicale en s'inspirant de la ligne d'horizon des montagnes. Ils peuvent créer aussi une carte sonore de Verbier, en se transformant en petits chasseurs de son des lieux cultes du Festival.

« Salut, glaciers sublimes » dit une chanson très populaire du folklore suisse dont la version parodiée pourrait bien devenir ici « Salut, artistes sublimes ». Parmi les points forts de cette cuvée 2013, mais ils le sont tous, relevons l'immense Grigori Sokolov qui vient ici pour la première fois (23 juillet), tout comme Natalie Dessay qui chantera des airs d'opéra et des mélodies françaises (4 août). Chant toujours avec ce récital de Simon Keenlyside et Emmanuel Ax consacré à Brahms, Wolf, Fauré et Ravel ou comment réunir l'Allemagne et la France par la musique au delà de la politique politicienne (24 juillet).

Impossible de citer tous les artistes présents, on les trouvera aisément sur le site du Festival de Verbier et dont vous pourrez écouter les enregistrements sur votre Qobuz. Au hasard, et dans ce qui reste encore à venir, Janine Jansen et Itamar Golan en récital (31 juillet), le Requiem de Verdi dirigé par Gianandrea Noseda (1er août), un récital Maxim Vengerov et Menahem Pressler dans un programme Beethoven Schubert, Franck (2 août) et les concerts donnés par l'Académie du Festival en guise de conclusion, soit des jeunes talents du monde entier, soigneusement sélectionnés pour trois semaines de formation auprès des plus grands artistes du moment, sous forme de master class quotidiennes largement ouvertes au public, des ateliers de musique de chambre et, pour cet été 2013, des cours de chant autour du Barbier de Séville de Rossini. Mais foin de Basilio et de son air de la calomnie, les heureux mélomanes de Verbier chanteront plutôt à l'unisson avec Figaro : « Ah ! Mon sort est digne d'envie, et ma gaieté jamais ne finira ! »

Playlist Semaine 31 par francoisdesaumur