Wagner passe à l'électro !

Les fans de Lambchop le crient, le hurlent, l’écrivent et le dissent depuis plus de deux décennies : Kurt Wagner est un génie ! La country crépusculaire, à peine jazz, du groupe ancré à Nashville n’a surtout jamais perdu de sa superbe au fil des années et de sa douzaine d’albums. Cette Amérique autre, entre une toile d’Edward Hopper et un tirage de William Eggleston, Wagner la peint par touches légères, par non-dits sortis de sa voix de crooner timide. Le climatique et l'onirisme suintent de chaque phrase susurrée par le bonhomme, de chaque vignette génialement ciselée… Surprenant que ce Flotus qui vient de paraitre et pour lequel Wagner ose ouvertement l’électronique. Voix passée au Vocoder et sonorités électro n’empêchent guère l’ensemble de sonner luxueusement comme toujours avec Lambchop. Juste que cette fois, le changement stylistique est impressionnant et l’on se dit que le bonhomme a dû passer son été à écouter Future, Kendrick et les autres… En 2015 déjà, HeCTA, un side-project de Lambchop avec Wagner, Scott Martin et Ryan Norris, fricotait avec des résonances technoïdes. Sauf que Flotus sonne réellement comme du Lambchop ! Quelques semaines après le 22, A Million de Bon Iver, un autre cador de la scène folk et country indépendante embarque son instrumentarium sur des sentiers inédits. Les 18 minutes de The Hustle qui boucle Flotus aborde même les rives du post-rock pour ne pas dire de l’électro minimaliste. On sort donc chamboulé par ces chamboulements et surtout ravi d’entendre un grand musicien oser une telle (r)évolution personnelle.

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