Dublin, épicentre d’un nouveau séisme post-punk. Après Fontaines D.C et Girl Band, découvrez les cinq Irlandais de The Murder Capital et leurs angoisses claustro-urbaines. Un Qobuzissime dont la noirceur et l'urgence rappellent le réalisme sans fard du roman dublinien de Joyce.

Ils sont post-apocalyptiques, 80s, tendres, furieux, émus et émouvants. Reprenant les codes de Joy Division, The Cure ou encore Fugazi, leur premier album s’intitule When I Have Fears d’après un poème de John Keats. Choix éloquent que le frontman de The Murder Capital, James McGovern, résume ainsi : « Ce serait trop facile d’écrire un album de dix chansons de punk à 170 bpm […], ça doit être une réflexion de ce qui est dans nos têtes et il est impossible de rester énervé aussi longtemps ».

Une réflexion sur fond d'impressions, comme dans Green & Blue dont la poésie à fleur de peau bouleverse. Le clip, cinématographique mais pas grandiloquent, assemble les souvenirs perdus façon film de vacances et les images intérieures d'un cauchemar éveillé. Le chant des oiseaux de l'intro donne le la d'un texte fort de sa pudeur : « aujourd'hui le chœur entonne sa dernière chanson ».

The Murder Capital - Green & Blue (Official Video)

The Murder Capital

À la source de ce manifeste de la nuance, partagé entre romantisme sulfureux et sursauts de rage déchaînée, les revendications socio-politiques dudit chanteur, qui attribue l’origine de son projet à un évènement traumatique – le suicide d’un ami proche. « Nous voulions refléter la négligence à l’égard de la santé mentale en Irlande », affirme-t-il. La plume du baryton ténébreux puise à l’héritage littéraire de l’île d’émeraude pour dresser le tableau cinglant d’une jeunesse en pleine errance, dont les communautés fracturées sont marquées par l’alcoolisme et les drogues dures. Ses propos sont soulignés par des arrangements aiguisés, dépouillés au maximum pour communiquer un sentiment d’urgence des plus sinistres. Néanmoins, la batterie fracassante de Diarmuid Brennan – quel jeu de charley ! – dans Don’t Cling To Life, ainsi que le piano et les murmures fantomatiques de How The Streets Adore Me Now démontrent que l’ensemble est bel et bien capable de s’affranchir du cadre formel du post-punk des années 2000, en ce qu’il avait de binaire et de restrictif. When I have Fears est 100% Dublinois, sublimant la misère et le froid sans jamais céder en sincérité et en puissance – un Qobuzissime aussi fulgurant que sensible.

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