Rentrée des classes pour les Lemon Twigs

Go To School, le deuxième album des D'Addario, se veut ambitieux et en rupture avec le chapitre Do Hollywood. Côté production, la méthode Lemon Twigs reste pourtant la même, toutes les chansons étant composées et enregistrées dans la cave familiale de Long Island. Leurs outils : un magnéto à bandes 24 pistes quelques compresseurs. Surtout, aucun ordinateur ! Si les Lemon Twigs cherchent à atteindre les sommets, c’est avec leur propre son qu’ils y parviendront. L’ingénieuse folie demeure donc mais surtout elle s’amplifie (The Student Becomes the Teacher). Les frères déroutent une fois de plus par la maturité des mélodies et leur sens du refrain, la richesse harmonique tient en haleine et l’ensemble est cohérent. Avec Go to School, on se retrouve plongé dans des chœurs Beach Boysiens et des orchestrations presque Queenesques. Par moment, une folie Chiltonienne portée par le cadet Michael (Queen of My School) s’impose pour ensuite laisser place à une douceur venue de Brian, imprégnée des plus belles mélodies des Beatles.

Pas de temps à perdre ! Michael D’Addario lance l’album sur trois compositions qu’il diabolise par son jeu de guitare déglingué mais terriblement efficace. Never in My Arms, Always in My Heart ressemble presque au générique d’un film musical dont la réalisation serait laissée à une équipe de forains. Un manège à plusieurs niveaux qui va des sixties aux seventies et assure le bouleversement des humeurs. Un tour passe, on a à peine le temps de reprendre son souffle que Brian D’Addario reprend la main et balance des compos subtiles et émouvantes.

Sur The Lesson, la transition est bien marquée mais elle met en lumière toutes les différences qui distinguent un Lemon Twigs de l’autre. Bien que les synthés aient laissé place aux cuivres et instruments à vent, la claque reste de mise pour les habitués comme pour les néophytes. Même certains fans s’inquiétaient de découvrir un opéra-rock / concept-album trop complexe et pas à la hauteur des attentes fixées par un premier album de haut-vol. Or, c’est tout le contraire. Le travail réalisé avec Jonathan Rado sur Do Hollywood n’a pas été vain et fait ressortir les deux sensibilités de Brian et Michael.

Sur cet album, l’orgueil est peut-être laissé de côté au profit de la musique mais le talent, lui, est bien présent. Difficile de rester insensible à cette proposition artistique. Adorés ou abhorrés, les Lemon Twigs sortent de l’épreuve du difficile deuxième album avec une œuvre maîtrisée et exigeante.

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