Le chef d'orchestre franco-américain des Arts Florissants a été reçu à l'Académie des Beaux-arts.

William Christie a été reçu mercredi à l'Académie des Beaux-arts ! Petite révolution donc sous la Coupole de l'Institut de France : aux sons de Lully et Rameau, le chef d'orchestre franco-américain est une nouvelle fois consacré, lui et le mouvement baroque dont il est une figure.

La cérémonie d'installation était diffusée en direct sur internet (une première chez les « Immortels » !), sur le site de France 3 et le nouveau portail web de l'ensemble fondé il y a trois décennies par Christie, Les Arts Florissants.

Champion de l'interprétation sur instruments anciens des musiques des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment françaises (Charpentier, Lully et Rameau) et anglaises (Purcell et Haendel), le claveciniste et chef a été élu en novembre 2008 à l'Académie des Beaux-arts, dans la section des « membres libres ».

Dans un habit vert dessiné par le couturier Christian Lacroix et inspiré des habits de cour jusque dans ses broderies, le musicien âgé de 65 ans a été installé au fauteuil précédemment occupé par Marcel Marceau, décédé en 2007.

Devant de nombreuses personnalités, dont le Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, le nouvel académicien a, comme le veut l'usage, fait l'éloge de son prédécesseur, « le plus grand mime au monde », très populaire dans son Amérique natale. Né à Buffalo dans l’Etat de New York, installé depuis 1971 en France, pays dont il a acquis la nationalité en 1995, William Christie a vanté le travail de ses « Arts Flo » qui, « comme le mime Marceau, ont voulu rendre vie à un art endormi. Contrairement à ce que prétendent certains mandarins musicaux dans notre pays, cette musique n'a pas de rides, elle représente une forme vitale de la création de la musique d'aujourd'hui », a-t-il souligné.

Le maestro avait été accueilli un peu plus tôt par Hugues Gall, autre « membre libre » de l'académie et ancien directeur de l'Opéra de Paris, qui a salué chez lui « un mélange d'enthousiasme, d'appétit, de curiosité, de rigueur et de plaisir ».

William Christie a pour part renouvelé l'exercice obligé et un peu compassé du discours en dispensant, avec son autorité naturelle, une véritable leçon de musique et de chant baroques, avec la participation de la mezzo Stéphanie d'Oustrac et de quelques choristes et instrumentistes des Arts Florissants.

Dirigeant ses troupes de son pupitre d'orateur, selon l’AFP, le chef a tenté de sensibiliser son auditoire aux plaisirs et règles de la déclamation Grand siècle (monologue d'Armide de Lully) et des notes inégales.

Avant de conclure en adressant à la France et à sa musique l'expression de son Tendre amour (le chœur de Rameau des Indes galantes).

Le chef devait recevoir dans la soirée son épée d'académicien, conçue par Chanel Joaillerie, lors d'un concert à l'Opéra-Comique, cette salle qui a accueilli quelques-uns de ses succès depuis le fameux réveil d'Atys de Lully en 1987 jusqu'à la récente et magique Fairy Queen de Purcell.

L'hommage à William Christie se poursuivra à l'Auditorium du Louvre avec l'ouverture, jeudi, du festival Le Printemps du baroque, dont sept séances de musique filmée seront consacrées aux Arts Florissants.

Le site officiel des Arts Florissants