Jusqu'au 21 août 2016 à la Philharmonie de Paris, l’exposition The Velvet Underground – New York Extravaganza offre un joli coup de zoom sur le New York des années 60 du Velvet Underground de Lou Reed et John Cale, groupe majeur trop novateur, trop transgressif, trop frontal et trop frondeur pour son époque.

La légende attribue la tirade à Brian Eno : mille personnes seulement ont acheté le premier album du Velvet Underground à sa sortie en 1967, mais elles ont toutes formé un groupe ! Une anecdote pour souligner un peu plus l’importance de la formation emmenée par Lou Reed et John Cale… En 2016, l’influence majeure du Velvet, sa musique comme tout ce qui l’entoura, est une évidence. La grande exposition The Velvet Underground – New York Extravaganza qui se tient à la Philharmonie de Paris, du 30 mars au 21 août, englobe judicieusement tout ce que le Velvet a engendré. Musicalement mais aussi visuellement, esthétiquement, graphiquement et humainement, la trajectoire du groupe managé à ses débuts par Andy Warhol croisera l’histoire des arts, de la musique et de la culture populaire. Une sorte de pierre angulaire de la contre-culture posée dans une Amérique qui doute, entre dans le conflit vietnamien et n’a pas encore réalisé l’impact du rock’n’roll naissant. Trop novateur, trop transgressif, trop frontal et trop frondeur pour son époque, le Velvet Underground, comme le soulignent Christian Fevret et Carole Mirabello, commissaires de l’exposition, devient un indépassable modèle pour les mouvements des décennies suivantes, de l’explosion punk à nos jours…

Le Velvet Underground et Nico avec Andy Warhol, Hollywood Hills, 1966 – © Gerard Malanga / Courtesy Galerie Caroline Smulders, Paris / Philharmonie de Paris

Signée Matali Crasset, la belle scénographie de l’exposition ancre ses idées et ses acteurs dans New York, dans la verticalité de la ville comme dans l’antre singulière que fut la Factory, cette mythique fourmilière warholienne qui fit office de QG de la contre-culture. Le parcours de The Velvet Underground – New York Extravaganza est ainsi découpé en six étapes : Welcome to America : culture et contre-culture ; L’Enfance de l’art : la jeunesse de Lou Reed et de John Cale ; New York Spirit, les racines du Velvet Underground ; Les Années Factory ; Réinventions du Velvet ; et Echos et héritages. C’est finalement la force de cette exposition, ne pas séparer le groupe et sa musique, de ce qui l’a nourri, de ce qu’il suscite et de ce qu’il engendrera. Une sensation palpable grâce notamment à l’avalanche des photos présentée, souvent rares ou inédites, signées Nat Finkelstein, Donald Greenhaus, Lisa Law, Fred W. McDarrah, Gerard Malanga, Billy Name, Adam Ritchie, Steve Schapiro ou bien encore Stephen Shore. Idem côté archives vidéos avec des pépites d’Edward English, Alexander Keewatin Dewdney, Gerard Malanga, Marie Menken, Barbara Rubin, Andy Warhol et Danny Williams.

Nico et Lou Reed au Castle, Los Angeles, 1966 – © Lisa Law / Philharmonie de Paris

De plus, six films ont été spécialement produits et réalisés pour The Velvet Underground – New York Extravaganza. Notamment un beau dyptique de quatre minutes signé Jonathan Caouette, réalisateur américain proche du cinéma indépendant. Monté à la façon d’un cut-up, il propose un double regard sur l’Amérique des années 60 : culture contre contre-culture. Passionnant également, un film de douze minutes réalisé par Allan Rothschild, consacré à la jeunesse et à la rencontre de John Cale et de Lou Reed. Trois voix se mêlent : les incarnations de John Cale et de Lou Reed et celle de Merrill Reed Weiner, la jeune sœur de Lou. Touchantes aussi, les dix minutes d’un document de Véronique Jacquinet consacré à l’envoûtante Nico : ses premières expériences cinématographiques avec La Dolce Vita de Fellini, ses années de mannequinat et sa présence troublante au sein du groupe.

The Velvet Undergound & Nico - © Catell Muller / Philharmonie de Paris

Enfin, une écoute avec casque audio (fourni) permet également de se plugger pour offrir le confort d’une écoute personnalisée tout au long de ce voyage dans le fourmillant quartier du Lower East Side où l’on croise une ribambelle d’artistes, d’écrivains, de musiciens, de photographes et d’inévitables suiveurs qui collent aux basques du groupe… A l’arrivée, The Velvet Underground – New York Extravaganza remplit bien son contrat : une vraie mine didactique pour les néophytes mais aussi une exposition très intéressante pour les experts qui trouveront assez de raretés pour assouvir leur soif complétiste à coup de documents inédits…

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