Nouvelles signatures, fusion de labels et projets divers : le label Alpha, dirigé depuis décembre 2014 par Didier Martin, annonce ses ambitions.

Des disques aussi beaux à voir qu'à entendre : c'est ainsi que fut saluée par la presse la création d'Alpha en 1999 par Jean-Paul Combet… Dans un environnement qui tend à banaliser et standardiser la musique enregistrée, Alpha s'est attaché au contraire à faire de chacune de ses productions un objet d'exception mettant en évidence les liens qui unissent, depuis des siècles, les différentes formes d'expression artistique. Repris par le groupe Outhere depuis 2006, il prend aujourd’hui un nouvel envol et s’ouvre à de nouveaux projets. Depuis décembre 2014, Alpha est dirigé par Didier Martin. « Dans un monde débordant de stimuli, précise celui qui fut à la tête de Naïve Classique durant 15 ans, je vois Alpha comme un éditeur d’émotions, qui donne une priorité absolue à l’artistique et une grande liberté aux artistes. Pour partager ces moments forts avec le plus large public possible, nous devons avoir une vision globale et travailler main dans la main avec eux, depuis la conception des projets jusqu’à leurs lancements, aux concerts etc. »

Didier Martin - © Jean-Baptiste Millot

Alpha va également regrouper l’ensemble des artistes qui enregistraient auparavant sous son pavillon, ainsi que ceux qui enregistraient pour Zig Zag Territoires. Une fusion d’environ 600 enregistrements des catalogues existants et des nouveautés. Le label va également rééditer à la rentrée 14 titres phares de musique baroque dans une série baptisée Alpha Collection

Le « nouvel » Alpha accueille ainsi plusieurs artistes de premier plan. Dans le domaine vocal, axe fort du « nouvel » Alpha, la grande soprano Véronique Gens, vient d’enregistrer un récital de mélodies françaises avec la pianiste Susan Manoff (Duparc, Hahn, Chausson) dans le cadre d’une collaboration sur plusieurs années avec le label. Le baryton Georg Nigl rejoint également Alpha et retrouvera Andreas Staier pour un disque Bach… La nouvelle génération est aussi représentée avec Gaëlle Arquez ou la soprano Marie Eriksmoen qui vient d’enregistrer un programme Grieg, Strauss et Wolf dans le cadre du partenariat entre Alpha et l’Académie du Festival d’Aix en Provence dont elle est lauréate.

Véronique Gens - © Jean-Baptiste Millot

D’autres poulains viennent compléter l’écurie renouvelée : la pianiste Anna Vinnitskaya présentera en septembre les concertos de Chostakovitch avec la Kremerata Baltica. Le Quatuor Voce est rejoint par Juliette Hurel et Lise Berthaud pour des albums Mozart et Brahms. Alpha élargit par ailleurs son champ chronologique puisque le label démarre une série avec l’Ensemble Intercontemporain et Matthias Pintscher ainsi qu’un programme de Peter Eötvös prochainement.

En parallèle de tous ces nouveaux projets, la maison reste fidèle aux artistes qui ont fait son histoire. Vincent Dumestre et le Poème Harmonique présenteront à la rentrée des Airs de Cours, Bruno Cocset a enregistré un deuxième volume des œuvres de Barrière, Olivier Fortin, Alexis Kossenko, Lucile Boulanger, Arnaud De Pasquale, Céline Frisch, Café Zimmermann proposeront également des nouveautés.

Anna Vinnitskaya - © Gela Megrelidze

Les adorateurs d’Alpha de la première heure trouveront sans doute que tous ces mouvements et ce répertoire de plus en plus vaste risquent de faire perdre à leur label fétiche son identité même, pour à l’arrivée n’être une grosse entité « classique », certes de qualité et certes à l’écoute de ses artistes, mais assez éloignée de son ADN initiale. Seulement l’industrie du disque de 2015 n’est pas celle de 1999 et ce type d’orientation est sans doute une saine stratégie. A suivre donc…

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