L’édition 2008 du festival annuel de l’Ircam sera centrée autour de la voix mais aussi de l’œuvre de Gérard Grisey.

Jusqu’au 20 juin, Agora, le festival annuel de l’Ircam, proposera aux Parisiens une programmation centrée sur la voix et l'œuvre de Gérard Grisey, disparu il y a dix ans.

Figure de l'écriture spectral, Grisey est honoré dès le prologue du festival, avec Le Noir de l'étoile, rencontre entre six membres des Percussions de Strasbourg et le signal sonore d'un astre. Le concert d'ouverture proprement dit aura lieu jeudi 5 juin à la Cité de la Musique avec la première mondiale de Speakings de Jonathan Harvey, qui ambitionne de faire naître un « orchestre parlant » par des moyens purement instrumentaux.

Parmi les autres événements de cette édition 2008 d’Agora figure la création mondiale au Palais Garnier, le 9 juin, d'un opéra de Georg Friedrich Haas, Melancholia, fruit d'une commande de l'Opéra de Paris, dans une mise en scène de Stanislas Nordey.

Deux jours plus tard, le Châtelet accueillera la création française de Com que voz, rencontre entre le compositeur italien Stefano Gervasoni et l'univers de la chanteuse portugaise de fado Cristina Branco : une œuvre symbolique de l'ouverture de l'Ircam, lieu d'avant-garde, à de nouveaux publics.

Agora 2008 réunit en deux semaines les avancées les plus puissantes de l'Ircam touchant l'expressivité de la musique et de la parole. Du fado inédit de Gervasoni jusqu'aux « machinations » visuelles et théâtrales de Georges Aperghis, de « l'orchestre parlant » d’Harvey jusqu'à la première création de Beat Furrer projetant voix et électronique dans l'espace, Agora portera la question de la voix sur tous les fronts. Qu'elle soit une présence réelle, liée aux affects d'une langue (Gervasoni), un jeu de phonèmes démultipliant les malentendus expressifs (Aperghis) ou l'asymptote du domaine instrumental qui l'approche et la simule (Harvey), la voix hante littéralement Agora 2008.

Un festival au seuil du verbe, que réalise, avec le concours des Spectacles vivants du Centre Pompidou, l'ensemble des forces de l'Ircam ; un festival qui, aujourd'hui, accompagne ses productions les plus importantes sur d'autres scènes françaises et internationales.

« Nous sommes des musiciens et notre modèle est le son, pas la littérature ; le son, pas les mathématiques ; le son, pas le théâtre, ni les arts plastiques, ni la théorie quantique, ni la géologie, ni l'astrologie, ni l'acupuncture. » Par cette déclaration fondatrice et iconoclaste, Gérard Grisey proclamait l'autonomie de l'œuvre musicale et son pouvoir absolu de ne rien « signifier ». Agora interroge l'héritage du compositeur français, disparu il y a dix ans et figure décisive pour des musiciens venus d'horizons lointains, comme Haas, ou pour une génération d'artistes plus jeunes.

Le site officiel du festival Agora

Le site officiel de l’Ircam