« Duke est grand, Basie remarquable, mais Lunceford les surpasse », affirmait Glenn Miller. La machine à swing qu’était le Harlem Express – surnom de l’orchestre – fait mouche, encore aujourd’hui. Même si Von Freeman, qui prétendait avoir vu l’orchestre « des centaines de fois », notait que la prestation visuelle « était probablement plus importante que la musique ». Pour celui qui succéda à Duke Ellington et Cab Calloway au Cotton Club, le show était de rigueur. En sept CD, avec un livret soigné, Mosaic retrace la carrière discographique de Jimmie Lunceford, de septembre 1934 à août 1945, deux ans avant sa mort, mais sans les pièces enregistrées pour Columbia entre 1938 et 1940. Une discipline de fer dans ses rangs et une science de la décontraction dans le tempo assurèrent le succès de l’orchestre dont la devise était : Rhythm Is Our Business. Un mot d’ordre dont les chevilles ouvrières étaient avant tout les arrangeurs : Willie Smith (anches), Edwin Wilcox (piano), ou Sy Oliver (chanteur et trompettiste), qui feront le son Lunceford. Au fil des années, l’orchestre évolue mais garde ses constantes, la souplesse des sections et leur impressionnant jeu en chant/contre-chant, l’inventivité d’un petit ensemble dans l’association des timbres, et l’art du rebond qui est sa signature.