Du 3 au 10 juillet, Le Rossignol, conte lyrique en trois actes de Stravinski s’installera au Festival d’Aix-en-Provence sous la baguette de Kazushi Ono et dans une mise en scène de Robert Lepage.

Conte haut en couleurs et aquatique, Le Rossignol et autres fables d'Igor Stravinski inspiré d'un conte d'Andersen sera donné lors de l’édition 2010 du Festival d’Aix-en-Provence du 3 au 10 juillet. Une alléchante production avec Kazushi Ono à la direction musicale, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dans la fosse, Robert Lepage à la mise en scène et, sur scène, la fascinante soprano Olga Peretyatko mais aussi Elena Semenova, Svetlana Shilova, Edgaras Montvidas, Ilya Bannik, Nabil Suliman, Yuri Vorobiev, Marat Gali, Edgaras Montvidas, Nabil Suliman et Ilya Bannik.

Succès immédiat et mémorable, Le Rossignol remporte dès sa création, le 26 mai 1914, à l'Opéra de Paris, l'enthousiasme du public. Chantre de la nuit, le rossignol a inspiré d’innombrables récits et comptines, dont un conte d’Andersen qui oppose l’oiseau enchanteur à un froid automate. Le jeune Stravinsky jeta son dévolu sur cette matière haute-en-couleurs pour en tirer son premier opéra.

Après avoir composé un acte sous l’influence scintillante de son maître Rimski-Korsakov, Stravinski s’interrompt en 1909 afin d’écrire pour les Ballets russes des partitions qui vont faire sa gloire. Cinq ans plus tard, il reprendra et achèvera, dans un style mûri par l’expérience, cet opéra-féérie qui demeure un joyau atypique.

Ce dernier est présenté au Festival d’Aix-en-Provence dans un spectacle de poésie simple et de magie théâtrale : on y remet au goût du jour des techniques ancestrales comme les ombres chinoises ou les marionnettes aquatiques. En guise de prologue, diverses pièces viennent rappeler l’attachement de Stravinsky à ses racines russes et à un art populaire. Et la soirée narre une nouvelle fois le fructueux combat de l’art avec la nature.

Œuvre unique en son genre, Le Rossignol est certes un opéra féerique, mais son argument très simple et les nombreuses plages symphoniques qui le parsèment l’apparentent aussi au ballet. Son livret raconte l’histoire d’un rossignol au chant merveilleux qu’un Pêcheur entend toutes les nuits et que le Chambellan décide d’emmener auprès de l’Empereur de Chine. Ce dernier, comme toute sa cour, est enthousiasmé par le petit chanteur, mais il accorde aussi son attention à un oiseau mécanique que trois émissaires japonais lui apportent en cadeau. Piqué au vif, le Rossignol s’enfuit, provoquant l’ire de l’empereur qui le bannit. Mais la Mort menace le souverain. On rappelle le Rossignol à la cour afin que son chant éloigne la funeste visiteuse…

Si la forme du Rossignol s’avère originale, son langage musical ne l’est pas moins. Stravinski était bien conscient de la difficulté de composer une œuvre unitaire en assemblant un premier acte encore très marqué par le modèle des opéras féériques de Rimski-Korsakov (caractérisés par leur orchestration rutilante) et les actes suivants écrits dans le style plus âpre qui était devenu le sien après la composition de L’Oiseau de feu, de Petrouchka et du Sacre du printemps. Il a toutefois réussi à tisser une partition aux couleurs fortes et originales, où le chant du Rossignol adopte les couleurs entêtantes d’une mélopée virtuose confiée à une soprano colorature. Parmi les autres passages marquants de cette partition chamarrée, on compte encore un intermezzo empli de « courants d’airs » (soit des glissandi de cors et de harpes), un lugubre chœur des spectres ainsi qu’une pittoresque marche chinoise au pentatonisme affirmé.

A travers la fable d’Andersen, Stravinski oppose l’idée d’un chant « naturel », expression de l’âme et d’une sensibilité à fleur de peau (le chant du Rossignol), à un art froidement cérébral (le chant de l’oiseau mécanique). Cette multiplicité de styles laisse déjà deviner le tour protéiforme que prendra la carrière de Stravinski après ce premier opéra qui demeure unique en son genre.

Le site du Festival d’Aix-en-Provence

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