Loin des modes, Madeleine Peyroux chante la mélancolie comme personne. Rencontre avec une des plus grandes interprètes de sa génération qui veut désormais surtout affuter sa propre plume.

Dans le défilé des chanteuses à peine jazz, à peine folk, à peine blues, à peine pop, Madeleine Peyroux est une voix unique. Car sa voix est unique. Des parents hippies, une jeunesse à New York, en Californie puis à Paris, c’est on the road que cette native d’Athens en Georgie, a façonné son organe. Plus exactement, dans la rue. Son école à elle : sous les pavés, la classe ! Dans l’instabilité d’un tel contexte, elle puise son style unique, comme sorti d’un vieux poste à galène. Une voix qui dégage avant tout une nostalgie inédite. Timbre, courbes, diction et nonchalance, aucune amertume, juste un voile de mélancolie. L’instant où la fameuse comparaison avec Billie Holiday fait logiquement son entrée… Madeleine Peyroux, c’est aussi la grande tradition oubliée de l’interprète. Comme les maîtres (Elvis, Emmylou, Ella…), elle s’approprie tous les répertoires possibles : Patsy Cline, Edith Piaf, Tom Waits, Elliott Smith, Bob Dylan, Leonard Cohen, Serge Gainsbourg ou bien encore Billie Holiday. Pour son cinquième album, Standing On The Rooftop, les reprises sont toujours de rigueur (Beatles, Dylan, Robert Johnson) mais c’est sa plume qu’elle veut affuter au fil des disques et des ans. Une plume ici richement vêtue. La guitare angulaire de Marc Ribot, la basse soul de Meshell Ndegeocello, le pape vaudou soul de New Orleans Allen Toussaint et même un (ex) Rolling Stones en la personne de Bill Wyman. Le temps d’une rencontre-podcast sans langue de bois, Madeleine Peyroux revient sur cette évolution.

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