Avec son festival Du Second Empire à la Troisième République, le Palazzetto Bru Zane de Venise s’intéresse au combat de la modernité contre le romantisme qui se joue dans les milieux artistiques entre la guerre de 1870 et la Première guerre mondiale.

Du 12 avril au 5 juin, le Palazzetto Bru Zane de Venise organise un cycle Du Second Empire à la Troisième République. Un festival de printemps pour évoquer l’effervescence artistique de la période charnière entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, marquée par un renouvellement du style français au contact d’influences très variées. De la guerre de 1870 au conflit mondial de 1914, c’est le combat de la modernité contre le romantisme qui se joue dans les milieux artistiques…

L’éventail des 21 concerts proposés par le Palazzetto Bru Zane investira différents espaces de Venise, à la manière d’un parcours musical dans des lieux chargés d’histoire. Il permettra au public d’apprécier les intérieurs et les acoustiques variés qu’offre la Sérénissime. Au salon intime du Palazzetto Bru Zane, les Scuole Grandi de San Rocco et San Giovanni Evangelista, le Conservatorio Benedetto Marcello et la Basilica dei Frari ajouteront grandeur et monumentalité… si caractéristiques des fastes du Second Empire.

Ce festival offrira aux Vénitiens des pièces signées Léo Delibes, Camille Saint-Saëns, Georges Bizet, Paul Dukas, Théodore Dubois, Victorin Joncières, Gustave Charpentier, Marie Jaëll, Gaston Serpette, Henri Maréchal, Gustave Nadaud, Jacques Offenbach, Antonin Louis, Amédée Dutacq, Eugène Pottier, Louise Farrenc, Reynaldo Hahn, Claude Debussy, Gabriel Pierné, Ernest Chausson, Maurice Ravel, Emmanuel Chabrier, Gabriel Fauré, Edmond Juvin, Adolphe Adam, Félicien David, Louis Aubert, Déodat De Séverac, Gustave Samazeuilh, Benjamin Godard, André Caplet, Alexander Georges, Georges Hüe ou bien encore Pierre Camus.

Pour les interpréter, le Palazzetto Bru Zane a fait appel à Ophélie Gaillard, La Chambre Philharmonique dirigée par Emmanuel Krivine, Jean-Guihen Queyras, Les Siècles dirigés par François-Xavier Roth, les Solistes de Lyon dirigés par Bernard Tétu, Cédric Tiberghien, le Brussels Philharmonic sous la baguette d’Hervé Niquet, le Quatuor Habanera, Delphine Bardin, Pierre Franck, Violaine de Gournay, Sophie Cerf, Jérôme Huille, Marie Girbal, François Saint-Yves, Leen Van Der Roost, Jennifer Larmore, Sarah Nemtanu, Anne-Lise Gastaldi, Billy Eidi, Thibault Noally, Miriam Mueller, Lisa Weiss, Hristo Kouzmanov, Davide Vittone, Jean-François Heisser, Felicity Lott, Isabelle Moretti, Pierpaolo Turetta, le Trio Hochelaga, Anne Saint-Denis, Olivier Godin, Federica Lotti, Federico Lovato, Pierpaolo Turetta, Natacha Constantin, et bien d’autres (programme complet à consulter sur le site du Palazzetto Bru Zane).

De l’Empire (1852-1870) à la République (1870-1940), l’enchaînement aurait pu n’être qu’affaire de barricades. Il fut bien plus tortueux, passant par une phase libérale du régime impérial (1869-1870) tuée dans l’œuf avec la défaite de l’automne 1870, la proclamation d’une république bientôt retranchée à Bordeaux, la guerre civile dans la capitale et l’installation d’une chambre parlementaire à majorité monarchiste : la république des ducs (1871-1876). Pour une république républicaine, il fallut attendre 1879 et on peut, sans exagérer, estimer que la dernière étape dans ce processus de consolidation de la république date de l’Union sacrée exigée par les circonstances : le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Ce parcours complexe est aussi celui de la musique française au même moment. Les convives de la fête impériale fuyaient la « grande musique » pour la farce d’Offenbach, mais restaient néanmoins respectueux du « grand opéra » à la Meyerbeer tandis que, sourdement, une nouvelle génération de symphonistes faisait ses gammes. 1871, année de la fondation de la Société nationale de musique, marque, en France, l’affirmation définitive de la musique pure et le reflux de la musique lyrique. Cet avènement, préfiguré par Berlioz ou Onslow (premier académicien à ne pas l’être pour des opéras), Franck le prépare depuis longtemps déjà et Saint-Saëns (Concerto pour violoncelle n°1) ou Lalo (Symphonie en sol mineur) l’illustreront à merveille.

Certes, il y a 1875, l’inauguration solennelle du Palais Garnier et le triomphe de Carmen, mais les forces vives de la musique française ne se dirigent plus de ce côté. Les jalons de la musique nouvelle, en dépit des tentatives isolées de Saint-Saëns et Charpentier par exemple, ou de la carrière tout entière d’un Massenet, sont le fait exclusif des « symphonistes ». C’est avec eux, grâce aux contributions de Chausson (Symphonie en si bémol majeur, Poème pour violon et orchestre), de Debussy (Prélude à l’après-midi d’un faune) ou de Dukas (L’Apprenti sorcier) que l’école française pourra bientôt reprendre son rang parmi les centres de la création européenne. Au tournant du siècle, la trinité Fauré-Debussy-Ravel incarne le nouveau visage du Paris musical.

Le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française est une réalisation de la Fondation Bru. Éducation et recherche, environnement, valorisation et transmission du patrimoine sont les domaines d’action clés que le docteur Nicole Bru a choisis pour cette fondation créée à son initiative en 2005 afin de pérenniser la mémoire des fondateurs des Laboratoires UPSA. Abrité au sein du Palazzetto Bru Zane à Venise, ce centre a pour vocation d’apporter au répertoire musical français du grand XIXe siècle le rayonnement qu’il mérite et qui lui fait encore défaut. Ses objectifs sont pluriels : lieu de diffusion, d’enseignement et de travail vivant, il se veut également un centre de ressources documentaires, de recherche et d’édition.

Le site du Palazzetto Bru Zane