Selon deux médecins espagnols, Frédéric Chopin, en proie à des hallucinations, souffrait sans doute d'épilepsie…

Plus de deux siècles après sa naissance, la santé de Frédéric Chopin ne cesse de passionner les chercheurs et régulièrement de nouvelles pièces viennent étoffer ce dossier… Mort le 17 octobre 1849 à seulement 39 ans, le compositeur serait cette fois en proie à des hallucinations dues sans doute, selon des chercheurs, à une épilepsie touchant le lobe temporal du cerveau…

Comme plusieurs membres de sa famille, Chopin était rarement en bonne santé. Il toussait beaucoup et souffrait d'infections pulmonaires, de fièvre. Vers la fin de sa vie, de maux de tête même. La dépression était également régulièrement à ses côtés.

Selon des scientifiques polonais, sa mort pourrait être due, non pas à la tuberculose comme on le croyait généralement, mais à une fibrose kystique ou mucoviscidose, maladie génétique qui touche les poumons. Une probabilité non vérifiée, le gouvernement polonais ayant refusé que l'on effectue un test ADN sur le cœur du compositeur, conservé à Varsovie. Il fut en outre régulièrement en proie à des hallucinations.

Selon l’AFP, deux médecins espagnols, Manuel Vazquez Caruncho et Francisco Brañas Fernandez, des services de radiologie et de neurologie de l'hôpital de Lugo en Espagne, ont voulu essayer de comprendre d'où elles pouvaient venir. Ils ont épluché pour ce faire les livres de témoins, au premier rang desquels George Sand, longtemps sa compagne. Le résultat de leurs recherches est publié dans Medical Humanities, un des titres du groupe British Medical Journal (BMJ).

En 1985, une biographie du musicien signée Bernard Gavoty racontait un incident survenu lors d'un concert privé à Manchester, en août 1848. Alors même qu'il interprétait sa sonate en si mineur, Chopin quitta précipitamment le piano, juste après le scherzo. « Je vis émerger du piano ces créatures maudites apparues déjà par une nuit lugubre dans un monastère » de Majorque, raconte-t-il dans une lettre à la fille de George Sand.

A Majorque, lors d'un voyage effectué dix ans plus tôt, Sand raconte que le cloître du monastère « était pour lui plein de terreurs et de fantômes ». Une autre fois, toujours à Majorque, Chopin, alors qu'il pleuvait fort, ne distinguait plus le rêve de la réalité et se voyait « noyé dans un lac », « persuadé qu'il était mort lui-même », selon la romancière. Il y eut d'autres hallucinations dans d'autres circonstances, des fantômes qui l'appelaient ou l'étreignaient, la mort qui frappait à sa porte... Toujours selon l’AFP, les chercheurs ont relevé des constantes : Frédéric Chopin se souvenait bien de ses hallucinations, qui arrivaient le plus souvent le soir et coïncidaient parfois avec des infections aiguës et de la fièvre. Visuelles, elles étaient complexes et l'image de la mort revenait souvent.

Au bout du compte, ils ont estimé que Chopin souffrait sans doute d'une épilepsie, focalisée sur le lobe temporal. Ce type d'épilepsie produit des hallucinations visuelles complexes, souvent brèves, fragmentaires et toujours du même ordre, avec parfois des pâleurs et des angoisses, « exactement comme celles dont il dit avoir souffert. »