En octobre 2017 arrivait en nos locaux un streamer intégrant Qobuz que la marque NuPrime nous promettait depuis des mois et des mois pour son modèle WR100. Curieusement, le nouvel appareil, portant la référence WR100-D et esthétiquement semblable au modèle précédent, arborait la marque D-Stream, nouvelle à priori, et non plus NuPrime.
Il se trouve que ce produit avait été développé par plusieurs équipes, dont une française se chargeant de la partie software, et qu'il existe sur certains marchés sous la marque NuPrime, le distributeur français ayant préféré choisir la nouvelle marque.
Ce cas de figure ne se présente pas (mais peut-être n'est-ce que temporaire ?) pour le WAMP 200 qui va être l'objet de ce banc d'essai. Cet appareil slim line au look futuriste est équipé de puces d'amplification à découpage délivrant 2x60W/8Ω et intègre une carte réseau donnant accès à Qobuz en qualité CD et permet aussi le raccordement d'une source analogique et d'une source numérique via une liaison optique.
Il dispose d'une télécommande donnant accès aux contrôles principaux, la gestion complète se faisant depuis l'application D-Stream Air disponible pour iOS et Android.
Présentation
L'amplificateur D-Stream WAMP 200a opté pour un profil très futuriste et doté d'un CX que lui envieraient bien des véhicules automobiles. Sa façade comporte un espace horizontal sur lequel sont rassemblées les commandes principales dont la couleur varie selon l'état dans lequel se trouve l'appareil (phase d'initialisation en rouge clignotant pour la touche de mise en marche puis blanc fixe) ou qui s'allument en blanc lorsqu'on les active, comme les touches de volume.
La touche mode (flèche dans un cercle sur la droite à côté du témoin d'émission) correspond à la sélection de source et nous avons noté une erreur dans le manuel d'utilisation (Yellow correspond à l'entrée optique et Purple à l'entrée analogique et non l'inverse comme il est indiqué).
Voici l'OVNI vu de l'arrière avec ses quatre moteurs ioniques et ses propulseurs latéraux... ou plus exactement ses antennes WiFi prenant place à côté des borniers pour les enceintes, qui accepteront des fiches bananes comme des fils dénudés. Deux petits poussoirs, Direct Mode/Reset et WPS, prennent place sous les borniers pour l'enceinte gauche tandis qu'un petit interrupteur à glissière marqué Boot prend place sous ceux destinés à l'enceinte droite.
Sur la surface restante prennent place un connecteur réseau RJ45, une entrée ligne sur prise Jack 3,5 mm, une entrée optique S/PDIF, et le connecteur coaxial pour l'alimentation.
Réalisation
L'électronique de l'amplificateur streamer WAMP 200 D-Stream est composée d'une carte principale sur laquelle sont montées deux cartes filles, l'une dédiée au streaming WiFi, un modèle Qualcomm Atheros CUS227, l'autre à une liaison Bluetooth SBC (modèle Laird BTM510), et d'une carte située en façade regroupant les commandes sensitives et la visualisation utilisant des LED multicolores. Sur la gauche de la carte Bluetooth se trouve le microcontrôleur de gestion de l'électronique estampillé Skideev (la société mère de D-Stream) CS2310.
La carte réseau, relié à la carte principale par deux circuits souples, est un modèle Qualcomm Atheros CUS227 dont le côté pile révèle une mémoire Flash de type Nand NW361 de la marque Micron.
La vue ci-dessous montre la carte principale dont nous avons ôté la carte réseau, ce qui permet de découvrir les composants se trouvant sous celle-ci.
On y trouve trois puces du fabricant Asahi Kasei, deux convertisseurs de taux d'échantillonnage (SRC : Sample Rate Converter) AK4127 et un récepteur audio numérique (DIR : Digital Audio Receiver) AK4113 qui va aiguiller les signaux numériques qui parviennent du réseau, de l'entrée numérique optique ou encore du convertisseur analogique numérique Cirrus Logic CS5343 (petit circuit intégré sur la gauche du AK4113) qui numérise sur 24 bits à 96 kHz les signaux analogiques arrivant par l'entrée auxiliaire.
La puce AK4113 va extraire le bus I2S des signaux numériques de la source sélectionnée et les transmettre aux amplificateurs de puissance à découpage (classe D) Burr-Brown TAS5754M qui possèdent quelques spécificités.
En effet, le TAS5754M intègre un processeur numérique de signal avec une architecture PurePath™ HybridFlow pouvant être paramétré selon le type d'enceinte ou d'ensemble d'enceintes avec lequel l'amplificateur va être utilisé.
A la suite de ce processeur on trouve un convertisseur numérique analogique par canal dont les signaux sont ensuite convertis en signaux PWM (Pulse Width Modulation ou modulation de largeur d'impulsions), le principe de fonctionnement de l'amplification à découpage, ce dernier étant assuré par des transistors de puissance intégrés dans la puce.
Celle-ci offre par une autre particularité de fonctionnement appelée par Burr-Brown 1SPW modulation (et de façon générique Ternary Modulation ou modulation ternaire) qui permet de diminuer le bruit de commutation des transistors de découpage en maintenant temporairement les deux banches du pont à l'état bas et n'en commutant qu'une à la fois, ce que résume le visuel que nous avons déniché sur la page Web https://www.edn.com/design/consumer/4433405/Ternary-modulation-for-Class-D-amps.
On remarquera sur la carte une dizaine de condensateurs électrochimiques de 470 μF/35V autour des amplificateurs, le constructeur ayant visiblement pallié par un nombre d'éléments de valeur plus faible l'impossibilité de mettre des condensateurs de forte capacité du fait de la hauteur réduite du boîtier.
Ecoute
Nous avons choisi, pour commencer nos écoutes, L'Andanta Spianoto, la première partie de l'Andante Spianato & Grande Polonaise Brillante de l'album en Hi-Res 24 bits à 96 kHz Chopin: Works For Piano & Orchestra par Jan Lisiecki.
Cette longue introduction jouée par le soliste a été restituée avec toute sa splendeur et sa douceur typiques au compositeur dans ses œuvres fortement teintées de lyrisme, la beauté des accords joués par la main gauche, avec des graves bien denses, se doublant des subtiles montées au clavier tout aussi belles jusque dans les notes les plus hautes où pas une once de dureté ne se manifestait.
Cela nous a cependant incités à cerner d'un peu plus près le comportement de cet amplificateur sur les transitoires et aussi dans l'aigu et de choisir d'écouter de larges extraits de l'album Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi par Rinaldo Alessandrini dirigeant le Concerto Italiano. La restitution est effectivement belle, les voix solistes paraissant mises en avant mais la vivacité des attaques des cordes et leur mordant laissent place à une interprétation plus ronde où il apparaît assez clairement que des harmoniques ont été quelque peu atténuées.
Mais pourquoi pas, n'oublions pas que les puces d'amplification TAS5754M intègrent un processeur numérique de signal, permettant entre autres de compresser ou d'expanser la dynamique (compander), et que le constructeur l'a peut-être programmé de manière à faire sonner ces amplificateurs à découpage plus ou moins comme des modèles analogiques, c'est un peu l'impression que nous avons eu en écoutant ce WAMP 200.
Cette sonorité quasi analogique dirons-nous, apparaît tout aussi nettement à l'écoute du titre My Sweet Lord de l'album All Things Must Pass de George Harrison avec des accords de guitare beaucoup moins piqués que ce qu'ils sont habituellement, la voix de George Harrison et les chœurs occupant plus que de coutume le devant de la scène, et dans l'ensemble on constate une restitution où la précision cède le pas à une vision plus globale et consistante.
Avec les titres North Star et Silent Space de l'album Tale Of Us, les graves puissants ne posent aucun problème au WAMP 200 et celui-ci parvient à les restituer avec facilité à des niveaux sonores élevés en faisant preuve de maîtrise, mais on est aussi surpris que certains sons situés dans la bande de fréquences médiane et ordinairement assez discrets se trouvent un peu projetés dans le cas présent.
En conclusion, cet amplificateur avec streamer D-Stream WAMP 200 joue la carte de la modernité pour offrir une restitution sonore qui nous a semblé plus proche de celle délivrée par des sources analogiques que par des sources numériques. Mais pourquoi pas ?
Manuel d'utilisation (en anglais)
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