La marque Cocktail Audio de la société coréenne Novatron a été parmi les premières à intégrer l'application Qobuz et certaines de ses réalisations, qui sont toujours disponibles à la vente, ont été l'objet de bancs d'essai de notre part. Il s'agit du système compact avec lecteur réseau X12, et du plus ambitieux lecteur réseau multisource, toujours avec application Qobuz, CA-X40.
Si le nom de marque Cocktail Audio choisi par Novatron peut prêter à sourire, si ce n'est faire peu sérieux dans le monde de la Hi-Fi où la rigueur est plus ou moins de mise et où règne un certain culte pour les noms qui en imposent, le sérieux de ses réalisations ne peut être mis en cause et le nouveau venu, le streamer N15 adopte une présentation qui rompt radicalement avec les anciens produits d'entrée de gamme de la marque, comme le X12, devenant un produit très sérieux à part entière.
Il reprend néanmoins les points forts des réalisations de la marque en s'équipant d'un lecteur réseau, d'entrées USB A permettant de brancher des périphériques de stockage USB, d'une entrée micro USB lui permettant de fonctionner en DAC, est équipé d'une sortie casque, et dispose également, ce qui n'est pas très courant sur les lecteurs réseau, et encore moins à ce tarif, d'un compartiment interne pouvant recevoir un disque dur de 2,5" le transformant en serveur musical.
Et, comme les appareils audiophiles de haut de gamme, il se pilote exclusivement depuis une application, en l'occurence Music X de Novatron, disponible pour iOS et Android.
Présentation
Disponible dans un solide boîtier en aluminium anodisé naturel ou noir, le streamer Cocktail Audio N15 reste très discret dans sa présentation et affiche son sérieux. A droite de la façade, un petit interrupteur rond chromé de mise en marche cerclé d'un enjoliveur et muni d'une LED témoin bleue. Au centre, le réglage du volume par encodeur optique avec poussoir central mettant en service le mute. Sur la droite, une prise USB A pour un support de stockage et une prise casque au standard Jack 6,35 mm coupant automatiquement la sortie ligne située à l'arrière à l'insertion d'un casque.
A l'arrière, la connectique est plutôt riche mais ne correspond pas entièrement à celle décrite dans le manuel d'utilisation ni à celle des visuels que l'on trouve sur Internet. Quatre entrées numériques se côtoient, une prise micro USB que l'on branchera à un ordinateur pour utiliser l'appareil comme un DAC, la prise réseau RJ45 et un connecteur USB 3 de type pouvant servir aussi bien pour un support de stockage que pour brancher une antenne USB WiFi disponible en option, et enfin une autre prise micro USB pour un autre périphérique de stockage.
Deux sorties S/PDIF, coaxiale et optique, sont disponibles, et on pourra régler la fréquence d'échantillonnage sur celles-ci depuis l'application (sans changement, 48 kHz, 96 kHz, valeur par défaut, ou 192 kHz). Enfin, la sortie stéréo analogique sur prises Cinch peut être choisie à niveau fixe ou variable depuis l'application. On trouve également un tiroir dans lequel pourra prendre place un disque dur de 2,5", transformant le N15 en serveur musical.
Réalisation
Le boîtier du streamer N15 est quasiment rempli par les divers éléments qui le composent. La carte principale est montée tête en bas au-dessus de l'emplacement (séparé par un plastique souple) réservé au disque dur optionnel, et dont on aperçoit l'interface S-ATA.
Une alimentation à découpage pourvoit en énergie une grande partie de l'électronique sauf les circuits analogiques dont l'alimentation de type classique (visible dans le coin supérieur gauche sur le visuel ci-après) fait usage d'un transformateur. La prise casque est montée sur un petit circuit indépendant où prend également place l'entrée USB A de la façade.
C'est un processeur XMOS 8U6C5 qui gère les signaux USB provenant d'un ordinateur, d'un smartphone ou d'une tablette, et fournit les signaux S/PDIF aux sorties numériques coaxiale et optique, tandis que l'interface réseau est assurée par un circuit Gigabit Atheros AR8035-A, les signaux réseau étant traités par un processeur Freescale MXIMX505. Les entrées USB A sont prises en charge par un contrôleur d'hôtes µPD720202 Renasas compatible USB 3.
L'ensemble de l'électronique est géré par un microcontrôleur Freescale MMPF0100F à côté duquel on peut voir un condensateur de 0,22 F/5,5V (220.000 μF) servant de batterie.
La conversion numérique analogique est réalisée par une puce ES9018K2 du fabricant américain ESS. Elle utilise la technologie Hyperstream recalculant sur 32 bits et à fréquence très élevée tous les signaux entrants et décode les signaux PCM jusqu'à 384 kHz de fréquence d'échantillonnage et DSD jusqu'à 11,2 MHz, et met aussi en œuvre la technologie Time Domain Jitter Eliminator du constructeur.
Un quadruple amplificateur opérationnel Burr-Brown OPA4134 (double OPA2134) traite ensuite les signaux différentiels (signaux ayant la même amplitude mais variant en sens contraires) provenant de la puce de conversion puis les filtre. Ils sont ensuite aiguillés vers l'amplificateur pour casque, un modèle TPA6120A2 Texas Instruments ou vers les prises Cinch de sortie (un relai les déconnectant lors de l'insertion d'un casque) après avoir subi un gain au travers d'un amplificateur opérationnel Burr-Brown OPA2134.
Une réalisation électronique sérieuse donc et utilisant des composants de qualité et éprouvés.
Ecoute
Nous avons effectué la plupart de nos écoutes en raccordant le Cocktail Audio N15 en analogique à notre système constitué d'un Sony UDA-1 et d'enceintes Triangle Antal Anniversary.
En lecture avec l'application Qobuz intégrée, l'écoute des Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi par Rinaldo Alessandrini dirigeant le Concerto Italiano se révèle vivante et offre une belle palette de couleurs même si l'aigu paraît un rien sage (assez étonnant avec une puce ESS) et que nous n'aurions pas été contre une pincée de mordant de plus sur les attaques des cordes, mais cela n'empêche absolument pas de prendre du plaisir !
Ecoutée sur la sortie casque avec notre Oppo PM-3, cette même œuvre se révèle un peu plus incisive et appuyée dans le haut du spectre, on ressent plus le caractère de la puce ESS et c'est une restitution pleine de vie et de couleurs, puissante si nécessaire, qui nous est offerte par le Cocktail Audio N15 dans cette utilisation.
Retour en écoute sur enceintes avec les Carmina Burana de Carl Orff par le London Philharmonic Choir et le London Philharmonic Orchestra dirigé par Hans Graf (version Hi-Res 24 bits à 44,1 kHz) dont les diverses ambiances, les riches couleurs aussi bien que les montées en puissance sont restituées de manière convaincante par le N15.
Avec l'album Size Isn't Everything des Bee Gees, toujours écouté sur enceintes, la restitution sonore dense et gommant un peu la voix de fausset de Barry Gibb rend bien justice à la chaleur et à la sensualité du titre How To Fall in Love.
A l'écoute du titre You Want It Darker de l'album éponyme de Léonard Cohen, les contours de voix du défunt chanteur ressortent avec une certaine acuité dans une restitution qui ne cherche pas à appuyer l'aspect global très sombre de cette chanson.
En conclusion, avec ce streamer N15, Cocktail Audio propose un appareil dans la course et à l'aspect sérieux et rassurant pour les amateurs sensibles aux présentations classiques. Compatible avec l'application Qobuz en qualité CD, offrant des prestations sonores de qualité, pouvant fonctionner en DAC ou encore se muer en serveur musical par adjonction d'un disque dur interne, c'est un appareil qui mérite qu'on lui porte grande attention.
Nos remerciements à Son-Vidéo.com pour le prêt du Cocktail Audio N15.
Capacités de lecture
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