Grand rendez-vous des amateurs de musique classique, le festival Classique au Vert prendra place cette année du 11 Août au 02 Septembre au cœur du Parc Floral à Paris. Marianne GAUSSIAT, directrice artistique, à répondu à quelques questions posées par Qobuz.

- Comment avez-vous construit la programmation de cette 21e édition, qui se déroulera du 11 août au 2 septembre, et quel objectif vous étiez-vous fixé en la préparant ?

Cette année, nous fêtons le centenaire de la naissance de Leonard Bernstein. C’est un musicien qui incarne beaucoup de valeurs partagées par le festival. Non seulement, un compositeur de génie qui a su faire évoluer la musique grâce à une écriture complexe et un style singulier, tout en restant populaire dans ses références et ses compositions ; mais aussi un chef d’orchestre passionné qui a su véhiculer grâce à son énergie folle l’amour de la musique. La programmation lui rend donc hommage en reprenant certaines de ses œuvres, mais en ouvrant surtout à un ensemble de musiques, propres au continent américain, d’origines diverses, comme une image de toutes ces inspirations que Bernstein a synthétisé dans sa musique : latine, jazz, modernes, classiques… 2018 c’est aussi le centenaire du décès de Debussy, autre compositeur qui a su mélanger des références diverses au sein d’un style moderne et indémodable. La programmation lui rend hommage également. Plus que jamais, j’ai souhaité cette année une édition éclectique et accessible, qui pourra ravir toutes les oreilles !

Concert à la criée, Orchestre de Chambre de Toulouse, 2017 © elan

- Vous qui êtes la directrice artistique du Festival Classique au Vert depuis plusieurs années, comment trouvez-vous que le public évolue au fil des années ?

Le festival Classique au Vert a un public unique de sa par sa diversité. Il attire à la fois un public de connaisseurs, un public d’amateurs et un public de néophytes. La quasi gratuité et la programmation- toujours exigeante- dans ce cadre unique attire donc un public plutôt diversifié, parisien et francilien, très familial ; mais aussi des touristes venus du monde entier et qui souhaitent profiter au maximum de leur séjour dans la capitale. Chaque année, ce sont près de 60 000 spectateurs qui se réunissent sur la scène du Delta ! C’est aussi un festival participatif avec une série de concerts dédiés aux musiciens amateurs et de nombreux ateliers ouverts à tous qui permettent d’impliquer un public moins habitué souhaitant découvrir la musique classique loin des codes traditionnels.

Didier Lockwood, 2014 © adelo

- Comment expliquer chaque année le succès du Festival ?

J’ai toujours voulu faire de ce festival de musique classique un événement festif et populaire. Pour le festivalier, c’est un rendez-vous annuel qui permet de profiter d’une musique de grande qualité dans un cadre bucolique unique, en retrait de la capitale et au milieu d’un environnement propice à l’évasion. La programmation prend le contrepied des saisons traditionnelles des maisons et orchestres parisiens en proposant des artistes de grande qualité mais que le public n’aura pas forcément eu l’occasion de voir pendant l’année. Je pense donc que le festival a acquis aussi une identité propre qui a su concilier une ambiance conviviale et chaleureuse à l’exigence nécessaire du champ classique. Ce que les festivaliers ne retrouvent pas ailleurs !

Patrick Poivre-d'Arvor et Jean-Philippe Collard, 2017 © elan

- A titre personnel et même si le choix est sans doute cornélien, quels sont les concerts que vous attendez le plus ?

Oui c’est très difficile de choisir, car je programme des artistes que moi-même j’ai très envie de voir ! Je dirais que le public attend fidèlement l’Orchestre de Chambre de Paris, compagnon de route du festival ; mais qu’il aura aussi très envie de (re)découvrir l’ensemble 2E2M ou Jacky Terrasson en quintette avec le Quatuor Debussy dans un format assez original. Nous leur offrons aussi la possibilité d’assister à des concerts d’artistes à la carrière internationale, comme François Chaplin, Henri Demarquette ou David Lively, et des jeunes musiciens prometteurs et déjà excellents, comme le Trio Sora ou Pierre Mosnier, qui dirigera le Classique au Vert Orchestra, formation d’amateurs créée par le festival.

- Le festival fête sa 21e édition et cela fait 7 ans que l’Agence Sequenza est aux commandes de la direction artistique et l’organisation. Quel bilan pouvez-vous tirer, et vers quoi souhaiteriez-vous aller à l’avenir ?

Je crois que Sequenza a contribué au développement du festival en apportant son expérience et son savoir-faire, notamment en matière artistique. Grâce au soutien de la Ville de Paris- à l’initiative du festival - elle a permis de le structurer et de lui trouver une véritable place artistique dans le milieu musical parisien. Nous avons construit un format adapté au cadre et au public, et su trouver une ligne artistique originale et singulière par rapport au reste du territoire. Un territoire justement au cœur de nouveaux enjeux, notamment avec la constitution du Grand Paris. Je pense que le festival doit contribuer et accompagner cette dynamique et relever le défi d’être encore plus ouvert, afin d’incarner lui aussi le nouveau visage de la capitale.