Les immuables Meshuggah

Groupe unique en son genre, souvent copié, jamais égalé, Meshuggah a marqué de son empreinte indélébile le metal grâce à une recette reposant sur l’utilisation de rythmiques aussi barrées qu’improbables délivrées avec le son le plus grave possible. Un travail qui a débouché sur un style d’un genre nouveau qui aura droit à sa propre étiquette, le djent. Trente-cinq ans après sa création, le combo continue de bousculer les conventions tout en imposant un son reconnaissable entre mille. Après le passage à 7, 8, puis 9 cordes sur ses guitares, puis le retour à un mode d’enregistrement live à l’occasion de The Violent Sleep of Reason, la formation originaire d’Umeå en remet une couche dans le bas du spectre mais semble avoir rendu sa musique plus accessible… toutes proportions gardées.

Parce que pour sonner grave, Immutable (immuable en français) sonne… grave, dans tous les sens du terme. Malgré un retour à la mise en boîte en plusieurs sessions, instruments après instrument, le son du groupe a rarement été aussi organique, son éternel côté mécanique (mais pas clinique) prenant au passage un coup de groove encore plus imposant qui évoque par instants celui de Koloss sorti en 2012. Oui, Meshuggah rassure les fans grâce à ses riffs alambiqués à la mise en place impeccable (God He Sees in Mirrors, The Abysmal Eye), mais il a surtout réussi à dégainer un de ses disques les plus mélodiques, aussi malsaines soient les lignes de guitares délivrées. On y croise l’ombre de Tool sur l’inquiétant Broken Cog d’ouverture ou l’incroyable instrumental They Move Below de plus de 9 minutes placé en plein milieu d’album. Un travail qui, tout en conservant une forte personnalité djent, rapproche l’univers des Suédois de celui du rock progressif par certains aspects.

Un tour de force magistral qui fait d’Immutable un nouveau rouleau compresseur écrasant tout sur son passage, mais avec une profondeur rarement atteinte dans ce registre. La finesse dans la baffe. Plus d’un quart de siècle après son incontournable Destroy Erase Improve, Meshuggah reste le leader incontesté d’un genre dont il est à l’origine. Personne n’a encore réussi à lui érafler ne serait-ce qu’un millimètre d’un joyau de sa couronne. C’est qui le patron ?

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