Cyrus Chestnut, au nom du père

Depuis ses débuts à l’aube des années 90, notamment au sein du groupe de Terence Blanchard et Donald Harrison puis de celui de Wynton Marsalis, le pianiste Cyrus Chestnut n’a cessé d’axer son jeu autour du swing. Ce swing éternel au cœur de sa virtuosité ancrée dans la tradition jazz et gospel. Un swing qu’il immisce dans tous les répertoires, même le classique (étudié au prestigieux Peabody Institute de Baltimore) comme lorsqu’il revisita, en 2018, des pièces de Satie, Debussy et Ravel sur l’album Kaleidoscope. Son école est aussi celle d’un classicisme solide, hérité de confrères comme Oscar Peterson, reconnaissable entre mille. Il y a évidemment tout ça dans My Father’s Hands qui vient de paraître sur le label HighNote Records. Un superbe titre pour évoquer ce père, McDonald Chestnut, ancien postier disparu en mai 2021 et surtout pianiste à l’église les jours de messe. Un modèle, en somme, pour Cyrus qui l’évoque avec émotion dans les notes de pochette du disque…

Sur la planète jazz, l’hommage au patriarche est souvent de rigueur lorsque celui-ci est aussi connu que sa progéniture. Ici, le contexte n’est pas celui de Dewey/Joshua Redman, Bucky/John Pizzarelli ou Elis/Wynton/Branford Marsalis. La transmission se déroula loin des sunlights. Ce qui rend d’autant plus touchant ce beau disque en trio. Sur le standard de Ray Bryant, Cubano Chant, Cyrus Chestnut offre à sa rythmique 5 étoiles – Peter Washington à la contrebasse et Lewis Nash à la batterie – l’écrin parfait.

Et sur un autre standard, But Beautiful, sa virtuosité s’éclipse pour faire place à une approche mélodique et harmonique irréprochable. Un sommet d’épure qui donne envie de relancer sur le champ une nouvelle écoute de cet impeccable My Father’s Hands sans fioriture.

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