Adulée par Britten et militante engagée contre la dictature des colonels, la grande soprano grecque était âgée de 85 ans.

Arda Mandikian est décédée le 8 novembre à Athènes. Née le 1er septembre 1924 à Izmir en Turquie, le vaste répertoire de cette grande soprano allait des airs de l’Empire Byzantin à l’opéra contemporain.

Mandikian a d’abord étudié au Conservatoire d’Athènes avec Elvira de Hidalgo aux côtés de Maria Callas. En 1950, elle triomphe à Londres dans Les Troyens de Berlioz. Elle chante alors à l’Opéra de Paris et à Covent Garden à Londres dans Peter Grimes de Britten et Le Coq d’or de Rimski-Korsakov.

C’est justement après l’avoir entendu chanter ses œuvres que Benjamin Britten embauche Arda Mandikian dans The Rape of Lucretia. C’est aussi en ayant à l’esprit son organe et sa virtuosité vocale que le compositeur britannique crée le rôle de Miss Jessel dans The Turn Of The Screw, rôle qu’elle chantera lors de la première mondiale à la Fenice de Venise le 14 septembre 1954.

Grande aficionados des chants folkloriques grecs, Mandikian gravera en 1949 des hymnes de la Grèce Antique au Théâtre de Delphes. Lorsque sa mère tombe gravement malade au début des années 60, elle décide de rentrer à Athènes. Pour protester contre la junte militaire alors au pouvoir, elle refuse de chanter en public. Invitée aux quatre coins du monde, elle refuse de quitter son pays de crainte de ne pouvoir y retourner.

Après la chute du régime des colonels, Arda Mandikian deviendra une figure majeure de la scène culturelle de son pays, devenant directrice adjointe de l’Opéra National Grec de 1974 à 1980 mais aussi présidente de la Maria Callas Society.