Produit par Rick Rubin, le 6e album des New-yorkais lorgne vers les 80's synthétiques...

Enfin ! Les Strokes n’ont jamais été aussi droits dans leurs Converse qu’à leurs débuts juvéniles, vingt ans plus tôt. C’est dire la traversée du désert. 2001, Is This It excave un rock encore mis en bière. Influencés par le Velvet Underground et Television mais aussi plus étonnamment Pearl Jam et Nirvana cités à l’époque par Albert Hammond Jr., les cinq garçons menés par Julian Casablancas, fils du patron d’Elite et de Miss Danemark saison 1965, ont le son rock lo-fi, minimaliste parfait et l’attitude punk nonchalante qui va avec.

Bien-sûr, tout est réfléchi. « Faut que ça sonne vieux, mais vieux comme de 2001 », explique Casablancas. Retour aux guitares, basse et batteries débraillées pour des titres fucked-up. A bas l’électronique. La formule miracle du premier album s’érode à mesure des sorties, des duels d’ego, des expérimentations aux synthés absconses, et finit avec le pâle Comedown Machine (2013) par reléguer les New-Yorkais au rang de souvenirs.

The Strokes - Bad Decisions (Official Video)

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Mais The New Abnormal et son titre prophétique sont inspirés. Avec son visuel reprenant Bird On Money, exquis hommage de Basquiat à Charlie Parker, les Strokes mettent cette mince frontière entre underground et populaire, sel des années 80, dans le discours. Dans la Big Apple, avec Blondie. Mais aussi au royaume d’Elisabeth. Impossible de ne pas penser au Don’t You Want Me de Human League sur Brooklyn Bridge Circus. Ou au lyrisme exacerbé par les voix de Billy Idol et Morrissey sur Bad Decisions.

The Strokes - At The Door (Official Video)

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Dès l’ouverture et pendant 45 minutes, tout sera mouvant. Du gimmick implacable de The Adults Are Talking collé au falsetto déglingué de Casablancas, au groovy Eternal Summer qui évoquera Roger Waters sur Pigs, en passant par ce plaintif Selfless façon Chris Martin, la voix de Casablancas épate ; elle a enfin des choses à dire.

E1 - 5guys talking about things they know nothing about ~ The Strokes

The Strokes

Pour puiser la fraîcheur dans leur maturité, remettre de l’huile dans le moteur en panne, le quintet a appelé le “Sauveur ” Rick Rubin, fondateur de Def Jam. Et ils ont tapé dans le mille. Mélodies calculées sans en avoir l'air, textures synthétiques au charme suranné, guitares économes et tempos fracassés, tout fonctionne à merveille. Une œuvre à la beauté cassée mais raffinée, autant solaire que lunaire, qui restera.

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