Hark Audio E.20

Hark est une société parisienne qui se partage entre trois activités : un atelier de réparation de matériel audio plutôt typé vintage, un disquaire et un concepteur/fabricant d’enceintes. C’est cette dernière activité qui nous intéresse en premier lieu, bien qu’elle soit intimement liée aux deux autres. D’une part Hark a sa clientèle fidèle qui fait entretenir son matériel HiFi en demande d’enceintes pour le compléter. D’autre part, la boutique de vente de vinyles est plongée dans la musique toute la journée, avec des enceintes Hark bien sûr.

La société avait déjà conçu des enceintes sur mesure pour des demandes spécifiques. Les E.20 représentent la concrétisation de ce travail dans un premier modèle en série. Enfin, en petite série pour commencer et avant l’arrivée d’autres modèles. La philosophie derrière ces enceintes combine à la fois l’amour de la musique, principalement le vinyle mais aussi le streaming via Qobuz, et la connaissance des techniques et des produits. Cela se traduit par une paire d’enceintes de bibliothèque efficaces au style très épuré.

Présentation générale des Hark E.20

Il est intéressant d’assister à la concrétisation d’un travail commun entre différents intervenants impliqués directement dans la musique et sa reproduction. Bien que deux personnes aient travaillé à 100% au développement des E.20, les acteurs des autres activités Hark ont pu apporter leurs connaissances, chacune dans leur domaine. Ce qui donne des enceintes originales, qui ne rentrent pas vraiment dans le rang.

Cela s’observe physiquement. La finition en contreplaqué dénote sur le marché des enceintes actuelles où l’on voit des finitions toujours plus abouties, avec toutes sortes d’essences de bois ou de coloris laqués. Il en va de même pour les formes générales de l’enceinte. Quand les autres fabricants travaillent des courbes et des découpes plus ou moins spéciales, les Hark E.20 sont définitivement parallélépipédiques. La seule fantaisie vient de ce bleu électrique discret que l’on retrouve en liséré sous la grille et à l’arrière.

Le contreplaqué a été choisi à la fois pour ses propriétés acoustiques et pour son aspect signant les créations Hark. Visuellement brut, il est bien sûr verni de façon matte pour être protégé. Les enceintes ont été conçues dans les locaux de Hark en plein Paris, c’est aussi l’endroit où elles sont assemblées. La société travaille avec différents fournisseurs proches de Paris pour garantir une fabrication quasiment locale.

La référence des enceintes indique leur volume de charge interne, c’est-à-dire 20 litres. Il est associé à un évent laminaire qui se trouve au bas de la face arrière. Les E.20 embarquent trois haut-parleurs placés selon la technique d’Appolito, ou woofer-tweeter-woofer. De moins en moins employée, elle a pourtant tout son intérêt d’après les concepteurs Hark qui l’ont retenue après de multiples tests et prototypes. On trouve donc deux woofers de 13 cm encadrant un tweeter de 28 mm.

Ces haut-parleurs sont fabriqués par la société française Audax, une référence dans le domaine dont les éléments sont présents dans de très nombreuses enceintes. Bien qu’assez simple, le filtre passif fait appel à des composants haut de gamme provenant entre autres de chez Mundorf et Jantzen. Il n’y a pas eu d’économie dans ce domaine. Nous avons pu observer leur mise en œuvre avec un câblage « en l’air » qui est exemplaire.

Utilisation des Hark E.20

Les E.20 sont de grosses enceintes de bibliothèque, ou alors de petites enceintes moniteurs. La vérité est entre les deux. Néanmoins, avec une face avant de 27 cm de largeur pour 40 cm de hauteur, elles trouveront facilement leur place sur un meuble. Ou mieux encore, sur des pieds dédiés si vous le pouvez. Leurs formes simples facilitent également l’installation dans un grand meuble type bibliothèque.

Toutefois, la présence de l’évent laminaire au bas de la face arrière demande d’écarter les enceintes du mur afin que les ondes sonores puissent en sortir sans encombre. Dans tous les cas, il est toujours préférable de laisser respirer ses enceintes et de ne pas les « encastrer » quand cela n’est pas clairement prévu. Nous avons pu faire des écoutes avec les enceintes au milieu d’une pièce et aussi avec les E.20 sur un meuble, à environ 25 cm du mur arrière. Bien sûr, cela a un impact sur le résultat, tout comme le reste des caractéristiques de la pièce. Mais nous pouvons affirmer que nous avons pu retrouver une couleur tonale identique dans les deux espaces.

On note un important travail autour des détails. En dehors du liseré bleu discret, cela se poursuit avec les emballages dans du carton épais refermé par une attache métallique et facilement transportable grâce à sa poignée intégré. On est proche de la boite en bois, le poids en moins. De cette façon, les cartons sont facilement réutilisables, sans nécessiter de rouleau d’adhésif. Ils peuvent même servir de bac de rangement pour les vinyles ! A l’intérieur de ces cartons, les enceintes sont protégées par une housse en tissu.

Les grilles qui couvrent les haut-parleurs sont simplement clipsées dans leur emplacement. La petite étiquette Hark au bas des caches permet de les retirer. On observe alors la qualité du jersey utilisé pour le recouvrir. Un autre détail qui confirme l’attention apportée par le fabricant parisien. Sélectionné auprès d’un fournisseur spécifique, ce tissu recouvre le cadre tel une chaussette, sans aucune colle ni agrafe. En s’approchant au plus près des vis, on s’aperçoit qu’elles utilisent un pas spécifique reprenant le logo de la marque. Ce qui empêche au passage de démonter soi-même les enceintes. Qualité de finition et simplicité de conception sont les atouts des E.20.

A l’écoute

Les Hark E.20 ont remplacé nos enceintes Dynaudio habituelles sur notre meuble support. Elles ont été reliées à un amplificateur SPL Performer s800, un DAC Mytek Brooklyn+ et un streamer RoPieee en tant que lecteur Roon.

En démarrant avec le jazz de Julian Lage sur son dernier album Speak To Me, nous pouvons commencer à cerner la signature de ces enceintes Hark. La guitare jazz accompagnée de sa distorsion se matérialise au centre de la scène avec un mélange de force et de chaleur. Tout ce qu’il faut pour la faire apparaître face à nous, sans non plus qu’elle nous saute au visage. Les instruments au second plan sont reproduits avec un beau respect des timbres. Il y a en même temps une rondeur et une présence qui donnent une véritable identité à ces enceintes sans les faire tomber dans l’exercice de style. Il se dégage une musicalité agréable des Hark E.20.

L’électro de Caravan Palace sur l’album Gangbusters Melody Club permet de vérifier que les E.20 ne sont pas avares dans le domaine des basses fréquences. Ce registre reste bien maîtrisé avec de l’impact et de l’articulation. Le choix du double 13 cm dans un volume de charge confortable valide les choix techniques de Hark. Le compromis est idéal pour un usage dans tous les intérieurs avec ce qu’il faut pour donner de la vie et de l’assise à la musique sans débordement. On obtient le niveau et la qualité du grave associé habituellement à des colonnes. Il y a réellement de quoi se faire plaisir avec ces enceintes.

Les sonorités sud-américaines de la compilation Jazz Dance Fusion par Colin Curtis nous donnent accès à toute une palette de couleurs. L’attaque sur le piano, le toucher des percussions, les fondations de la contrebasse sonnent de façon juste. L’ambiance globale crée un ensemble cohérent en 3D en laissant de côté l’extrême précision pouvant être fatigante à la longue. Il y a suffisamment d’informations sur les cymbales par exemple sans que le tweeter n’ait besoin de forcer pour s’imposer. Nous ressentons une harmonie sur toute l’étendue du spectre, le choix de ce montage woofer-tweeter-woofer y contribue sans doute.

Dans notre pièce d’écoute, les Hark E.20 savent même descendre jusque dans l’infragrave sans que cela ne se fasse au détriment des autres registres et sans verser dans le piège de la réponse en V qui pourrait masquer d’éventuelles absences. La Symphonie No. 6 de Malher se déploie en profondeur avec de la matière. Nous retrouvons à nouveau une cohérence d’ensemble qui permet de ne plus se poser de question. Il nous manque sans doute le détourage absolu de chaque pupitre. A la place, nous avons un compromis facile à vivre qui donne l’opportunité aux E.20 de passer tous les genres musicaux en procurant beaucoup de plaisir.