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Paavo Berglund


Son nom restera à jamais attaché à la musique de Jean Sibelius, dont il a enregistré trois superbes intégrales difficiles à départager. Il y en a une par décennie : Orchestre symphonique de Bournemouth (1973 à 1978), Orchestre philharmonique d’Helsinki (1984 à 1986) et Orchestre de chambre d’Europe (1995 à 1997). Sa vision du grand compositeur finlandais, qu’il a rencontré dans sa jeunesse, s’est allégée avec le temps, contrairement à ce qui se passe souvent en vieillissant. Aux versions plus sombres du début succède le dernier enregistrement avec un effectif considérablement amaigri et une recherche vers la lumière et la sérénité.

Né en 1929, violoniste de formation, comme l’avait été Sibelius, Berglund a étudié à Helsinki et a commencé à jouer du violon dans les restaurants pour gagner sa vie. Dans les années 40, il participe à l’effort de guerre en travaillant durement en usine. Il est ensuite violoniste dans l’Orchestre symphonique de la Rrdio finlandaise où il est le seul à jouer de l’archet de la main gauche. C’est en écoutant Furtwängler dirigeant à Helsinki lors d’une tournée avec l’Orchestre philharmonique de Vienne qu’il décide d’aller étudier dans la capitale autrichienne. Il assiste alors aux répétitions et à des sessions d’enregistrement, notamment celle de l’ouverture de Manfred de Schumann sous la direction de Furtwängler.

Sa carrière de chef commence dès son retour au pays avec la création de son propre orchestre de chambre, puis en étant chef associé de l’orchestre de la radio, dont il était un des violonistes encore quelques années plus tôt. Infatigable, remettant sans cesse les œuvres sur le métier, corrigeant certaines indications, erronées selon lui, de nombreuses partitions, il est d’une exigence dictatoriale et très sensible aux équilibres et aux couleurs. Sa réputation est restée confinée à un petit nombre de connaisseurs qui admirent sans réserve la puissance de ses interprétations et la curiosité de son répertoire, souvent nordique. Il est le premier chef à avoir révélé Kullervo, ce chef-d’œuvre absolu de Sibelius resté dans l’ombre par la faute de son auteur qui en avait interdit la publication. Par un de ces retournements dont l’histoire a souvent le secret, elle est devenue une des œuvres les plus jouées du compositeur finlandais. En 1980, Paavo Berglund a publié une nouvelle édition de la Septième Symphonie de Sibelius selon le matériel d’orchestre corrigé par le compositeur.

Suivant ce parti pris d’allègement, Berglund laisse une splendide version des quatre symphonies de Brahms avec l’Orchestre de chambre d’Europe d’une lisibilité limpide, avec des tempos rapides qui se rapprochent de la conception d’un Felix Weingartner qui avait reçu l’aval de Brahms. Là aussi, le temps a déposé une couche épaisse de mauvaises habitudes qui donnaient au compositeur allemand une pesanteur quelquefois pénible. Paavo Berglund laisse une centaine de disques enregistrés avec soin et des captations de concert. Son vaste répertoire comprenait Ralph Vaughan Williams, Carl Nielsen, les compositeurs russes, si proches de la Finlande pour des raisons historiques autant que géographiques, Chostakovitch, Rachmaninov, Tchaïkovski, Rimsky-Korsakov et, bien sûr, des compositeurs finlandais qui étaient ses amis, Merikanto, Sallinen, Rautavaara, Meriläinen, Nordgren, Erik Bergman et Kokkonen.

Lors de son dernier concert, donné le 1er juin 2007 à Paris à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Berglund dirigeait la 4e Symphonie de Sibelius, son œuvre la plus dure, la plus forte, qui ouvre la porte sur un monde musical sans descendance. La boucle était ainsi bouclée. Malade, le chef finlandais est décédé cinq ans plus tard, laissant le souvenir d’une grande personnalité et une discographie exigeante qui comblera tous les mélomanes curieux. © François Hudry/Qobuz

Discographie

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