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Carl Schuricht

Mélange d’élégance et de sobriété, sens des nuances, clarté des lignes, ce grand chef d’orchestre était le type même de l’artiste humaniste et cultivé. Ses interprétations filaient comme le vent, car il ne s’appesantissait jamais et  n’interposait pas son ego entre lui et les compositeurs qu’il interprétait. Son art de la direction faisait partie de ce qu’on appelle la « ligne claire », celle qui descend de Mahler en passant par Toscanini et Abbado et qui privilégie la lisibilité et la clarté sans ajouter le poids d’une expression envahissante. Schuricht était le digne représentant de cet esprit Mitteleuropa paneuropéen qui mélangeait si bien les nations, les cultures, les religions et qui savait cohabiter au milieu de toutes les couleurs de la tolérance, comme le décrit si bien Stefan Zweig dans Le Monde d’hier. Chef d’orchestre itinérant, Carl Schuricht, si l’on excepte la période où il était directeur musical du Théâtre de Wiesbaden de 1922 à 1944, n’a jamais été titularisé auprès d’un orchestre, même si le Philharmonique de Vienne, l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, et, plus tard, celui de la Radio de Stuttgart, avaient une relation privilégiée avec lui, ce dont le disque laisse de belles traces pour les mélomanes d’aujourd’hui.


Carl Schuricht avait gravi pas à pas les échelons d’une carrière à la manière allemande traditionnelle, dirigeant dans des théâtres de plus en plus importants, Dortmund, Goslar, Zwickau, Francfort. Ne supportant plus le régime du Troisième Reich en Allemagne, il demande l’asile politique en Suisse où il est accueilli (comme Wilhelm Furtwängler et Richard Strauss) à bras ouverts. Son collègue Ernest Ansermet l’engage immédiatement pour diriger des concerts à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, apportant à cet orchestre latin un répertoire nouveau, comme cette Septième Symphonie de Bruckner dont Schuricht ne fait entendre d’abord que le mouvement lent afin de ne pas effaroucher un public rompu à Debussy, Ravel et Stravinsky.  


Comme Vienne, Berlin ou Genève, Paris a adoré Carl Schuricht qui a enregistré, au début des années soixante, la première intégrale des Symphonies de Beethoven jamais réalisée par un orchestre français, l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, à l’époque où un chef français d’origine belge, André Cluytens, allait enregistrer ces mêmes neuf symphonies à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, comme quoi les premiers échanges franco-allemands d’après guerre dépassaient de beaucoup la seule politique.


Le legs discographique de Carl Schuricht est important, partagé entre enregistrements de studio, (indispensables Symphonies 3, 8 & 9 de Bruckner pour EMI avec le Philharmonique de Vienne) et des enregistrements de concerts, notamment réalisés à Stuttgart à la fin de son activité. Au printemps 2017, DECCA publiait un coffret de 10 cds (disponible sur votre QOBUZ) regroupant tous ses enregistrements de studios réalisés à Vienne, Londres, Paris et Genève. On y trouve des merveilles comme les Symphonies de Beethoven, le Concerto pour violon de Brahms avec le jeune Christian Ferras, des œuvres de Mozart, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms et Wagner. Signalons encore une lumineuse 4e de Brahms avec l’Orchestre de la Radio de Bavière, un très beau Chant de la terre de Mahler enregistré en concert au Concertgebouw d’Amsterdam au début de la guerre. A vous de plonger au pays des merveilles.


© FH – novembre 2017 /Qobuz

Discographie

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