La soprano Sandrine Piau et la contralto Sara Mingardo magnifieront Handel le 20 janvier sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées.

Prenez quelques pépites de l'opéra haendélien ; ajoutez-y un céleste colorature pour la légèreté et le piquant, un contralto de velours pour l'onctuosité et le piment ; relevez le tout à la sauce italienne - un zeste de chaleur, une pincée d'énergie, une bonne dose de volubilité, de théâtralité et d'urgence expressive - et vous obtiendrez le plus pétillant, corsé et délectable des Haendel. Du Haendel plus italien que nature. Du Haendel comme il en aurait lui-même rêvé. Cette fête des papilles et de l’ouïe sera offerte par la soprano Sandrine Piau et la contralto Sara Mingardo mardi 20 janvier au Théâtre des Champs Elysées à Paris.

Une orgie haendelienne dirigée par Rinaldo Alessandrini à la tête de Concerto Italiano. Claveciniste, organiste, pianofortiste, chef de chœur et chef d'orchestre italien, cet ancien élève de Ton Koopman est le fondateur de cet ensemble vocal et instrumental. Spécialiste des répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles, ses enregistrements, notamment de Monteverdi ou Vivaldi sont d'incontestables références.

D’abord connue pour ses interprétations dans l’univers de la musique baroque, Sandrine Piau aborde depuis quelques années d’autres pans du répertoire, à la scène comme en récital ou en concert. À l’opéra, si elle continue à chanter Haendel ou Scarlatti, elle s’est fait une spécialité de Mozart tout en s’aventurant dans les XIXe et XXe siècles.

En concert, Piau apparaît notamment dans L’Enfant et les sortilèges à Florence avec Myung-Whun Chung, Jeanne au bûcher à Berlin avec Kurt Masur, La Création de Haydn à Pleyel avec Frans Brüggen… ses récitals (lieder et mélodies françaises) la conduisant de Paris à New York en passant par Monte-Carlo.

Au disque, elle a notamment enregistré Les Indes galantes, Castor et Pollux et Pigmalion de Rameau, Scipione, Rodrigo et Riccardo Primo de Haendel, Mitridate de Mozart, Cendrillon de Pauline Viardot, ainsi que des airs de Mozart, des mélodies de Delage et Debussy et des airs d’opéras de Haendel. Piau a également enregistré des mélodies de Debussy avec Jos van Immerseel, et l'album Évocation, fait de lieder et de mélodies de Debussy, Chausson, Strauss, Zemlinsky, Charles Koechlin et Schoenberg, en compagnie de la pianiste Susan Manoff.

Bien rares sont les véritables contralti féminines. Quand, de surcroît, elles ont le timbre onctueux, le legato souverain, l'art dramatique consommé et la noblesse naturelle d'une Sara Mingardo, l'envoûtement est imparable. Les jurys des Concours Viñas, Toti dal Monte et Avezzano en ont jadis fait les frais. Claudio Abbado, Christophe Rousset, Sir John Eliot Gardiner, Sir Colin Davis, Jeffrey Tate et Myung-Whun Chung n'y ont pas non plus résisté - pas plus que les publics de Salzbourg, Montreux, Aix-en-Provence, la Scala, la Fenice ou la Monnaie. Cette Italienne jusqu'au bout des ongles (formée au Conservatoire Benedetto Marcello de Venise auprès de Paolo Ghitti puis à l'Accademia Chigiana de Sienne) est à peu près sans rivale dans le répertoire baroque de la Péninsule où s'épanouissent, et son sens de la théâtralité, et son talent à distiller la saveur des mots. La belle floraison de disques gravés avec ses compatriotes du Concerto Italiano en est la plus éclatante illustration.

Si le baroque est sa langue maternelle, Mingardo n'en est pas moins curieuse d'explorer les pages que des Rossini, Verdi, Puccini, Berlioz, Brahms, Mahler et jusqu'à Schoenberg ou Britten ont pu imaginer pour sa voix. Avec Giulio Cesare sous la baguette de Rousset, Falstaff avec Abbado, l'Orfeo avec Jordi Savall, Béatrice et Benedict et Les Troyens avec Sir Colin Davis, Le Couronnement de Poppée au Maggio Musicale de Florence, La Vergine dei dolori à Bordeaux, Ermione de Rossini à Santa Fe, Il Trionfo del Tempo à Rome et Bruxelles, Tamerlano à Londres et Madrid et Médée à Turin, la liste de ses récents engagements en dit long sur sa gourmandise et sa polyvalence vocales.

Le site officiel du Théâtre des Champs-Elysées