La Susanna de Haendel s’installera sur la scène de Pleyel le 20 octobre dans le cadre du 30e anniversaire des Arts Florissants de William Christie.

Mardi 20 octobre à Paris, Salle Pleyel, William Christie à la tête de ses Arts Florissants dirigera Susanna de Haendel. Côté voix, le public parisien pourra entendre ce soir là Sophie Karthauser et Max Emanuel Cencic.

Dans la production de Haendel, Susanna (1749) précède immédiatement Theodora : l’on ne peut pourtant imaginer deux oratorios (en apparence) plus différents. Si Theodora est une tragédie chrétienne se déroulant dans l’ombre des palais, Susanna est une presque comédie biblique s’épanouissant dans la plus bucolique nature. Dans les deux cas, cependant, l’héroïne est une femme qui dit « non » : non aux idoles païennes, pour Théodore, non à l’hypocrisie libidineuse des anciens, pour Suzanne.

L’anecdote, rapportée dans un apocryphe chapitre du livre de Daniel (et qui avait déjà inspiré un oratorio à Stradella vers 1680), est fort mince : en l’absence de son époux Joachim, la belle Suzanne est courtisée de très près par deux vieillards qui, repoussés, l’accusent d’adultère ; ils seront confondus par le prophète Daniel – bien peu impressionnant, avec sa jolie voix de soprano (ce soir, un sopraniste) ! Parmi les oratorios haendéliens qu’il n’a pas encore abordés, Susanna, avec ses teintes champêtres, son second degré, ses mélodies piquantes (y compris pour les chœurs, qui se font commères et censeurs) ou émues (« Bending to the throne » de Susanna) semble faite pour Les Arts Florissants.

Ensemble de chanteurs et d’instrumentistes voués à la musique baroque, fidèles à l’interprétation sur instruments anciens, Les Arts Florissants sont dans leur spécialité l’une des formations les plus réputées en Europe et dans le monde. Fondés en 1979, et dirigés depuis lors par le claveciniste et chef d’orchestre franco-américain William Christie, ils portent le nom d’un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier.

Les Arts Florissants ont joué un rôle pionnier pour imposer dans le paysage musical français un répertoire jusqu’alors méconnu (en exhumant notamment les trésors des collections de la Bibliothèque Nationale de France) et aujourd’hui largement interprété et admiré, illustrant non seulement le Grand Siècle français, mais plus généralement la musique européenne des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis le triomphe d’Atys de Lully à l’Opéra-Comique en 1987, c’est la scène lyrique qui leur a assuré les plus grands succès : aussi bien avec Rameau (Les Indes galantes données en 1990 et en 1999, Hippolyte et Aricie en 1996, Les Boréades en 2003, Les Paladins en 2004), Charpentier (Médée en 1993 et 1994), que Haendel (Orlando en 1993, Acis et Galatée en 1996, Semele en 1996, Alcina en 1999, Serse en 2003, Hercule en 2004 et 2006), Purcell (King Arthur en 1995, Didon et Énée en 2006), Mozart (La Flûte enchantée en 1994, L’Enlèvement au sérail à l’Opéra du Rhin en 1995), ou encore Monteverdi (Il ritorno d’Ulisse in patria créé triomphalement à Aix-en-Provence en 2000 et repris en 2002 ; Le Couronnement de Poppée en 2005, L’Orfeo au Teatro Real de Madrid en 2008).

Dans les productions auxquelles ils participent, Les Arts Florissants sont associés à de grands noms de la scène tels que Jean-Marie Villégier, Robert Carsen, Alfredo Arias, Pier Luigi Pizzi, Jorge Lavelli, Adrian Noble, Andrei Serban, Graham Vick, Deborah Warner – ainsi que les chorégraphes Francine Lancelot, Béatrice Massin, Ana Yepes, Shirley Wynne, Maguy Marin, François Raffinot, Jirí Kylián, Blanca Li, José Montalvo et Dominique Hervieu.

Leur activité lyrique ne doit pas masquer la vitalité des Arts Florissants au concert et au disque, comme le prouvent leurs nombreuses et marquantes interprétations d’opéras en version de concert (Zoroastre, Les Fêtes d’Hébé de Rameau, Idoménée de Campra, Jephté de Montéclair, L’Orfeo de Rossi) ou encore d’oeuvres profanes de chambre (Actéon, Les Plaisirs de Versailles, Orphée aux Enfers de Charpentier ou Didon et Énée de Purcell), de musique sacrée (comme les grands motets de Rameau, Mondonville et Desmarest ou les oratorios de Haendel, Le Messie, Israël en Égypte ou Theodora) ainsi que de l’ensemble du répertoire choral.

Les Arts Florissants ont également abordé le répertoire contemporain en créant en 1999 Motets III - Hunc igitur terrorem de Betsy Jolas à l’occasion de leur 20e anniversaire. La discographie des Arts Florissants est également très riche : plus de quarante titres chez Harmonia Mundi et quasiment trente chez Warner Classics/Erato. Dans le cadre de leur collaboration avec EMI/Virgin Classics, Les Arts Florissants ont fait paraître un enregistrement de la Création de Haydn.

En résidence privilégiée depuis 15 ans au Théâtre de Caen, Les Arts Florissants présentent chaque année une saison de concerts en région Basse-Normandie. L’ensemble assure en même temps une large diffusion nationale, tout en jouant un rôle actif d’ambassadeur de la culture française à l’étranger (il se voit ainsi régulièrement invité à la Brooklyn Academy, au Lincoln Center de New York, au Barbican Centre de Londres, au Festival de Vienne…).

De façon régulière désormais, William Christie confie la direction de son ensemble à des chefs invités proches des Arts Florissants : on compte parmi eux Paul Agnew – qui a ainsi dirigé en janvier 2007 en concert les Vêpres de Vivaldi ainsi qu’un programme d’odes et d’anthems de Haendel en juin 2008 – et Jonathan Cohen, qui a dirigé l’une des représentations de Zampa de Hérold à l’Opéra-Comique et qui sera à la tête de l’ensemble avec un programme Haydn- Gluck-Mozart au début de la saison 2009-2010.

Les Arts Florissants sont subventionnés par le ministère de la Culture et de la Communication, la ville de Caen et la région Basse-Normandie. Leur mécène est Imerys.

Ce concert surtitré du 20 octobre s’inscrit dans le cadre d’un festival entre Paris et Londres coproduit par la Salle Pleyel, la Cité de la Musique et le Barbican Centre à l’occasion du 30e anniversaire des Arts Florissants.

Le site officiel des Arts Florissants

Le site officiel de la Salle Pleyel