La dématérialisation de la musique ayant irrémédiablement pris son envol et suscité la naissance de nombreuses nouvelles marques tandis que celles déjà bien en place se positionnaient timidement sur ce créneau, ce sont les fabricants d'enceintes qui sont en train de créer la surprise. En effet, certains de ceux-ci, profitant de leur savoir-faire dans l'acoustique, ont compris que l'intégration d'un DAC et d'un amplificateur dans une enceinte leur permettait de proposer un ensemble "clefs en main" ne nécessitant plus qu'un ordinateur pour faire de la musique, et quelle musique avec ces Kef X300A !

La marque britannique Kef, qui vient de fêter ses cinquante ans, est l'une des rares de par le monde (avec entre autres son compatriote Tannoy), à utiliser, et ce depuis plus de vingt années, des haut-parleur de type "coaxial" où les points d'émission de la membrane chargée de reproduire le grave et le médium et celui du tweeter placé en son centre sont confondus. Le haut-parleur coaxial de Kef a reçu pour nom "Uni-Q" et bénéficie de constantes améliorations, la dernière en date étant l'adoption d'une "rosace" régularisant la dispersion large de l'aigu.

Au sommet de la large gamme d'enceintes du constructeur, destinées à la haute-fidélité comme au cinéma domestique, trône l'impressionnante et exceptionnelle enceinte de haut de gamme Blade dont les quatre boomers et l'unité Uni-Q (dont est dérivé le modèle équipant la X300A) l'équipant sont placés de manière à ne représenter qu'un seul point d'émission virtuelle, ce qui est unique au monde.

Avec le modèle X300A qu'elle vient de présenter, la marque Kef vient encore de prendre une longueur d'avance sur la concurrence puisque cette enceinte est la première au monde à embarquer un convertisseur numérique analogique traitant les fichiers audio en Haute Définition 24 bits à 96 kHz et disposant d'un système d'amplification analogique actif à deux voies, comme sur les modèles de studio !

Par ailleurs, il suffit de relier le cordon USB à son ordinateur ("plug and play"), et en avant la musique !

Présentation et réalisation

L'enceinte Kef X300A est une alliance assez réussie selon nos goûts entre une forme parallélépipédique classique, avec les quatre arêtes latérales en quart de rond, et un habillage des flancs en vinyle de finition "canon de fusil brossé" (expression de la fiche produit, "Gunmetal" sur le site anglais de Kef) et une façade en aluminium anodisé anthracite de 12 mm d'épaisseur.

Le coffret est réalisé en médium de 15 mm d'épaisseur, ce qui assure une bonne rigidité du fait des faibles dimensions de l'enceinte. L'intérieur est partiellement rempli de laine de polyester et l'évent d'accord du boomer est situé en face arrière, probablement principalement dans un souci esthétique car la X300A ne dispose pas de cache haut-parleur.

L'autre raison est qu'un évent d'accord placé à l'arrière d'une enceinte permet de gagner dans le grave en positionnant l'enceinte à proximité d'un mur. Kef livre d'ailleurs des bouchons en mousse "modulables" permettant de jouer sur la restitution du registre grave.

Les faces arrières

La photos ci-dessous vous dévoile les faces arrières des enceintes gauche et droite (voir aussi le dessin légendé du manuel d'utilisation). Le cordon USB de l'ordinateur sera relié à l'enceinte gauche, laquelle sera reliée aussi par cordon USB à l'enceinte droite (les cordons sont fournis avec les enceintes !). Le réglage de volume se fait depuis l'enceinte gauche et celui de balance sur l'enceinte droite.

Notons aussi que le fait de débrancher le cordon USB relié à l'ordinateur met les enceintes en veille sans aucun clic ou bruit parasite sortant des enceintes.

La technique du haut-parleur Uni-Q

L'image ci-dessous vous montre un éclaté du haut-parleur coaxial Uni-Q.

Les légendes de la partie gauche se rapportent au "tweeter ventilé" (Vented tweeter) avec son dôme à forme optimisée et son guide d'ondes en forme de "tangerine" (sorte de mandarine) et son grand et puissant aimant au néodyme.

Puis viennent la suspension périphérique "Z-flex", le cône destiné à la reproduction des registres grave et médium, son châssis et son système de motorisation (bobine mobile et aimant).

L'électronique

Au module d'interface USB près, présent uniquement sur l'enceinte gauche, les électronique des deux enceintes sont semblables.

L'alimentation, fixée sur le fond de l'enceinte, utilise un transformateur toroïdal monté sous un capot afin que le champ magnétique engendré ne perturbe pas le fonctionnement de haut-parleur.

La carte d'interface USB fait appel à un circuit SCMS USB3318 et à un circuit XMOS travaillant en mode asynchrone avec deux quartz différents (l'un de 24,576 MHz pour les fréquences d'échantillonnage de 48 kHz et ses multiples, l'autre de 11,289 Mhz pour les fréquences d'échantillonnage de 44,1 kHz et ses multiples).

Un convertisseur analogique numérique Wolfson WM8782 se charge de transformer en signaux numériques les signaux analogiques entrant sur la prise Jack (en bas à gauche de la photo).

La carte de conversion analogique et de filtrage utilise un convertisseur numérique analogique Burr-Brown PCM1754 pouvant traiter des signaux jusqu'à 24 bits à 192 kHz (au milieu, dans la partie supérieure de la photo, partiellement caché par un condensateur).

Le filtrage après conversion est assuré par un amplificateur opérationnel à faible bruit NE5532, un classique pour cet usage. Ce sont aussi des NE5532 qui sont utilisés pour le filtrage actif des signaux destinés d'un part à la membrane grave-médium du haut-parleur Uni-Q et d'autre part au tweeter, puisque l'enceinte X300A est de type actif bi-amplifié.

La liaison numérique entre l'enceinte gauche et l'enceinte droite est confiée à un circuit d'interface numérique Wolfson WM8805 (un peu en dessous du PCM1754 sur la photo).

La gestion de l'électronique fait appel à un circuit programmé étiqueté X300AMCU et permet aussi aux deux enceintes de communiquer via la liaison USB entre elles puisque l'une possède le réglage de volume et l'autre le réglage de balance. Cette liaison USB signale aussi à l'enceinte droite le mode d'égalisation choisi via le sélecteur situé sur l'enceinte gauche.

L'amplification, de type analogique, est réalisée avec des composants "traversants" (par opposition aux CMS, composants à montage en surface) et les transistors de puissance sont des modèles Toshiba 2SC5200 et 2SA1943 (150W max chacun), des "balaises ayant fait leurs preuves" que l'on rencontre sur un certain nombre d'amplificateurs de divers constructeurs.

Globalement, les X300A sont sérieusement conçues (Designed and Engineered in the UK précise le carton d'emballage) et en donnent assurément pour son argent ! Leur fabrication d'origine chinoise n'appelle pas de commentaire particulier, si ce n'est que le prix de vente s'en ressent bénéfiquement, ce qui n'est pas toujours le cas.

Utilisation et écoute

En ce qui concerne l'installation des pilotes du DAC de ces enceintes, celle-ci s'est faite automatiquement et il nous a suffi de déclarer ces enceintes comme carte son par défaut et de les sélectionner pour nos écoutes avec Foobar2000 (elles apparaissent comme KEF X300A Speaker) en mode Kernel Streaming avec un ordinateur Asus eeePC.

Concernant le positionnement des X300A (sur un bureau, sur pied ou autre) et le réglage à adopter, stand(art) ou Desk(top), de même que l'utilisation des bouchons d'évent, il appartiendra de déterminer la meilleure combinaison lors de l'écoute.

Nous n'avions pas laissé les X300A orientées "classiquement" de manière à faire converger leurs axes vers la zone d'écoute, l'utilisation de haut-parleurs Uni-Q rendant cet artifice inutile, l'écoute se révélant même plus cohérente et plus équilibrée en laissant les enceintes parallèles.

Ainsi, lorsque nous avons commencé nos tests d'écoute, enceintes posées sur un bureau, avec l'Adagio du

Moyennant ces ajustements préalables, la restitution sonore de cet adagio par les Kef X300A se montre raffinée et ne trahit pas les timbres si particuliers des cordes à l'ancienne de l'ensemble TafelMusik, et malgré la taille modeste du haut-parleur de grave-médium, les pizzicati des contrebasses sont assez nettement audibles et donnent une assise convaincante à la restitution.

Nous avons aussi remarqué une certaine douceur dans le haut du spectre (les notes les plus aigus du piano sont un peu gommées par ces enceintes). Nous pensons que cela relève d'un parti-pris du constructeur qui "rééquilibre" ainsi une restitution naturellement un peu courte dans l'extrême grave par une petite atténuation du haut du spectre, qui, sans cela, ne manquerait pas de devenir fatigante.

La dynamique bénéficie d'un bon traitement et les passages les plus subtils du Concerto pour Violon de Beethoven couplé à ce 5ème Concerto ne demandent pas à tendre l'oreille tandis que les crescendo de l'orchestre n'affolent pas les haut-parleurs.

Au niveau de l'image sonore, rien à redire, le haut-parleur Uni-Q "tirant large" permet à l'auditeur de bénéficier d'une large image sonore sans avoir à rester figé à un endroit précis contrairement à des enceintes traditionnelles convergeant et déterminant un "sweet spot", point de convergence de l'axe de ces deux enceintes et zone d'écoute privilégiée.

Pour tout dire, on peut pratiquement passer d'une enceinte à l'autre sans ressentir de gros affaiblissement de l'effet stéréo.

L'électronique de ces enceintes pouvant décoder des fichiers en 24 bits à 96 kHz, nous avons écouté quelques extraits du récent album Fauré & Saint-Saëns par l'Orchestre de chambre de Paris, conduit par Deborah Nemtanu, à la fois premier violon et soliste, en qualité Studio Masters 24 bits à 96 kHz (et enregistré au Cenquatre, à quelques encablures de Qobuz !).

Ainsi, avec le célèbre Introduction et Rondo capriccioso, les qualités de finesse et d'élégance de la restitution sonore des X300A et aussi leurs très bonnes aptitudes à répondre aux attaques franches du violon ou de l'orchestre sont particulièrement bien mises en valeur et la restitution ne manque pas d'ampleur et ne rechigne pas à procurer des niveaux sonores élevés sans confusion.

De même, à l'écoute du titre Desertico, extrait de l'album éponyme du Paolo Fresu Devil Quartet, les pizzicato de contrebasse ne sont pas du tout rachitiques et la scène sonore offre une consistance et une cohérence tout à l'honneur de ces petites enceintes !

Il nous paraît également intéressant de signaler que l'entrée analogique peut être relié à un module récepteur Bluetooth apt-X (Advance Acoustic WTX-500 ou Focal Universal Wireless Receiver aptX) dont la qualité sonore est très proche de celle du CD et ainsi transmettre ses fichiers audio sans fil en 16 bits à 44,1 kHz depuis une tablette compatible, ou encore à une borne AirPort, auquel cas la transmission se fera en qualité CD.

Les divers essais d'écoute (Country, Rock, Electro) que nous avons réalisés en liaison apt-X avec un MacBook Air et un récepteur WTX-500 Advance Acoustic ne nous ont pas déçus.

En conclusion, ces enceintes Kef X300A se sont montrées très convaincantes avec les genres musicaux pas toujours faciles que nous avons écoutés. La finesse globale et la cohérence de leur restitution et la large image sonore sans zone d'ombre délivrée par le haut-parleur Uni-Q sont aussi à mettre à leur actif. Considérant aussi que ce système "plug and play" ne nécessitant plus qu'un ordinateur pour fonctionner intègre ses propres convertisseurs 24 bits à 96 kHz et une amplification active analogique de qualité, le tout pour un tarif "sympa" que l'on dépasserait probablement en éléments séparés de qualité équivalente, nous avons décidé de décerner aux enceintes Kef X300A notre récompense Qobuzissime.

Spécifications

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X300A site Kef France

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