Le Théâtre des Champs-Elysées propose, jusqu’au 23 juin, L'Opéra d'Etat de Vienne et l'Anschluss - 1938, une exposition mettant en lumière le passé nazi du Staatsoper de Vienne.

Jusqu’au 23 juin, le Théâtre des Champs-Elysées propose L'Opéra d'Etat de Vienne et l'Anschluss - 1938, une exposition mettant en lumière le passé nazi du Staatsoper de Vienne et les conséquences de l'Anschluss sur la vie de la maison, à travers des photos d'époque et des documents d'archives.

Présentée à Vienne en 2008, à l'occasion du 70e anniversaire de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, cette exposition est accueillie dans le foyer du théâtre de l’avenue Montaigne, dont le directeur Dominique Meyer prendra les rênes du Staatsoper en septembre 2010.

L'accrochage est modeste (une vingtaine de panneaux) mais instructif. Le 12 mars 1938, les troupes allemandes entrent en Autriche. Le lendemain, la loi « réunification de l'Autriche avec le Reich allemand » entre en vigueur.

« Tout s'est passé en un jour. L'Opéra de Vienne a été le théâtre d'une brutalité bureaucratique parfaite », explique à l'AFP le directeur du Staatsoper, Ioan Holender, de passage à Paris. Le slogan « les Juifs dehors » passe rapidement de la rue à l'Opéra : 92 artistes, techniciens et personnels administratifs de la maison seront écartés, persécutés, expulsés ou assassinés.

A l'instar du chef d'orchestre Josef Krips qui, en tant que « métis de premier degré » selon la terminologie nazie, sera interdit de scène dès le 13 mars et licencié le 31 août.

Un panneau est consacré au maestro Karl Böhm, que le public associe moins naturellement au régime nazi que ses confrères Herbert von Karajan et Wilhelm Furtwängler. Pourtant, le directeur de l'Opéra de Vienne en 1943-44 fut un « profiteur », selon l'exposition. Dès 1935, Böhm faisait part aux autorités nazies en Allemagne de son souhait d'aller en Autriche pour « donner de nouvelles impulsions aux nombreux adeptes de l'idée national-socialiste »...

L'exposition présente des spécificités parisiennes. Elle évoque le chef Felix Weingartner, qui a inauguré le Théâtre des Champs-Elysées en 1913 et fut déclaré indésirable à Vienne 25 ans plus tard.

L'Opéra de Paris sous l'Occupation n'est pas occulté : on y voit en photo Karajan venu présenter en 1941 le Tristan de Wagner devant un parterre d'uniformes allemands.

Le site officiel du Théâtre des Champs-Elysées