La reine de la country music, Kitty Wells, grande star du Nashville des années 50 et 60, s’est éteinte à l’âge de 92 ans.

Kitty Wells est décédée le 16 juillet à Nashville. Grande reine de la country music, elle était âgée de 92 ans. Wells fut la première chanteuse de country à décrocher une première place dans les charts, en 1952, avec It Wasn't God Who Made Honky Tonk Angels, tubesque hit qui fera d’elle une véritable star. Jusqu’au milieu des années 60, Kitty Wells plafonnera d’ailleurs régulièrement dans les charts country. Les ventes de ses enregistrements seront telles qu’elle entrera dans le Top 6 des plus importantes « vendeuses », aux côtés de Dolly Parton, Loretta Lynn, Reba McEntire, Tammy Wynette et Tanya Tucker. En 1976, Wells fut intronisée au Country Music Hall of Fame.

Née Ellen Muriel Deason à Nashville le 30 août 1919, elle commença à pousser la chansonnette très jeune, apprenant la guitare avec son père. Adolescente, Kitty Wells chante avec ses sœurs sous le nom des Deason Sisters. A 18 ans, elle épouse le chanteur Johnnie Wright. Le couple chante ensemble avec également la sœur de Johnnie, Louise Wright. Le trio part en tournée sous le nom de Johnnie Right & The Harmony Girls. Rapidement, Wright rencontre Jack Anglin, qui épouse Louise et intègre lui aussi la formation. Prénommés les Tennessee Hillbillies, ils deviennent rapidement les Tennessee Mountain Boys. Mais Wright et Wells chantent également en duo. C’est à cette époque qu'Ellen Muriel Deason prend un nom de scène : Kitty Wells.

Lorsqu'Anglin rentre du service militaire, lui et Wright forment le duo Johnnie & Jack. Wells tournera avec le tandem, faisant occasionnellement les chœurs. Elle chante sur leurs singles enregistrés pour RCA Victor en 1949. Même si ces disques attirent les Oreilles de certains producteurs, l’industrie ne semble pas encore prête à promouvoir des femmes chantant de la country music. Au point que Wells est éjectée du label en 1950…

Deux ans plus tard, alors que ses espoirs de percer dans la musique semblent réduits à néant, Kitty Wells est contactée par Paul Cohen de chez Decca, qui veut lui faire enregistrer It Wasn't God Who Made Honky Tonk Angels. Sans réelle conviction, elle accepte la séance d’enregistrement dans le studio du mythique Owen Bradley. La session se déroule le 3 mai 1952 et Wells l’accepte surtout pour toucher les 125 dollars, tarif syndical de l’époque… « Je ne pensais pas faire un tube avec cette chanson, dira-t-elle bien plus tard. C’était en fait une réponse au morceau d’Hank Thompson The Wild Side Of Life, qui raillait les séductrices. C’est vrai ça, c’était toujours de notre faute à nous, les femmes ! » Le message de ce single était alors tellement controversé que de nombreuses stations de radio le boycotteront. Mais le public quant à lui adoptera cette chanson. Et plus de 800.000 exemplaires seront écoulés durant l’été 1952 !

En cette même année 1952, les charts country n’ont que huit années d’existence mais n’ont jamais accueilli de femmes en première position. Non seulement It Wasn't God Who Made Honky Tonk Angels s’y installera mais y restera six semaines consécutives. L’année suivante, avec Paying For That Back Street Affair, Kitty Wells enquilla un autre carton. Entre 1953 et 1955, elle placera d’autres nombreuses chansons elles aussi très populaires.

En 1954, elle signe un duo avec Red Foley, One By One, qui lui aussi décroche la première place des charts country. Toujours aussi conservatrice et macho, l’industrie du disque était également réticente à sortir des albums de country chantés par des femmes. Les ventes des singles de Wells ayant fait avancer les choses, la jeune star signe son premier LP, Kitty Wells' Country Hit Parade, en 1956, premier véritable album de country sorti par une femme ! Les hits s’enchainent, en singles comme en albums : Winner Of Your Heart, Making Believe, Lonely Side Of Town, Searching (For Someone Like You), I Can't Stop Loving You, Amigo's Guitar, Winner Of Your Heart… Le label Decca lui restera fidèle de 1957 à 1973.

Grâce à Kitty Wells, d’autres femmes s’emparent du micro pour faire résonner, elles-aussi, leurs voix dans Nashville la toujours très conservatrice. Loretta Lynn sera la grande star du genre à marcher dans les pas de Wells avec Don't Come A Drinkin' (With Lovin' On Your Mind) en 1967, suivie par Dolly Parton et son Just Because I'm A Woman l’année suivante.

Wells entre dans les années 60 avec de nouveaux succès avec notamment Heartbreak U.S.A. (son dernier n°1) et Day Into Night. Avec Owen Bradley derrière la console, le son de Kitty Wells change légèrement dans ces mêmes années 60. Même si le producteur s’occupe alors des jeunes stars du moment, il enregistre parallèlement des « anciens » de Nashville (les Old Timers et les Honky-Tonkers des années 50 comme on les appelait alors) tels Webb Pierce, Ernest Tubb et justement Kitty Wells, leur apportant une touche un brin plus « moderne » sans pour autant éradiquer leurs styles personnels.

Ainsi, les Jordanaires, groupe vocal majeur du Nashville d’alors, chantent derrière Wells, sur Heartbreak USA en 1961. Même si cette décennie marque aussi le début de la fin pour la chanteuse, elle réussira à placer ça et là quelques tubes, son aura de Reine demeurant intacte malgré l’arrivée de la jeune génération et l’avènement des sonorités nettement plus rock.

En 1968, Wells retrouve son mari Johnnie Wright pour un album de duos : We'll Stick Together. Elle fait de même avec Red Foley. Sa popularité lui permet même de pouvoir lancer son émission télévisée avec son mari en 1969 : le Kitty Wells/Johnnie Wright Family Show (qui ne durera qu’une année, ayant du mal à rivaliser avec ceux de Porter Wagoner et Bill Anderson…).

Decca fait enregistrer la chanteuse sans interruption. Elle sort alors trois albums studio en 1970 et deux en 1971 ! Aucun single ne s’installera dans les charts et, en 1973, quand Decca devient MCA Records, Wells est gentiment dirigée vers la sortie… L’année suivante, le label sudiste Capricorn Records, lui fait enregistrer un album aux effluves bluesy, Forever Young (sur lequel elle reprend l'hymne éponyme de Dylan !), où elle est épaulée par les Allman Brothers ! Un moyen pour elle d’attirer l’attention de la jeune génération. Sans grand succès…

En 1976, Kitty Wells entre au Country Music Hall of Fame. Elle est la seconde femme à y être élue, après Patsy Cline en 1973. A la fin des années 70, elle crée son propre label avec son mari, Rubocca (le nom est formé par ceux de leurs trois enfants : Ruby, Bobby et Carol). En 1979, à 60 ans, elle fait son retour dans les charts avec I Thank You For The Roses. Jusqu’au milieu des années 80, elle se produit surtout sur de petites scènes aux quatre coins des Etats-Unis, telle une vieille gloire chantant pour un public de son âge… En 1987, aux côtés de Brenda Lee et Loretta Lynn, elle apparait sur Honky Tonk Angels Medley sur l'album de K.D. Lang Shadowland, produit par Owen Bradley.

En 1991, Kitty Wells devint la troisième artiste country, après Roy Acuff et Hank Williams, et la huitième femme, à recevoir un Grammy Lifetime Achievement Award, sorte de super Grammy pour l’ensemble de son œuvre.

Le site de Kitty Wells

Kitty Wells - It Wasn't God Who Made Honky Tonk Angels

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